13 : Comme par hasard

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Je plaque mes fiches de révisions contre mon crâne comme si cela allait m'aider à les imprimer dans mon cerveau. 

Hiroshima et Nagasaki... Bombardées les 6 et 9 Août 1945...

La sonnerie de mon téléphone me fait sursauter. Je laisse tomber mes feuilles devant moi et décroche aussitôt.

- Allô ? Kelly ? s'exclame la voix joyeuse d'Ayame à l'autre bout du fil. Il faut absolument que tu te ramènes ! Et mets ton maillot avant de venir !

J'allais accepter mais les mots prononcés quelques jours plus tôt par ma mère me reviennent immédiatement en mémoire.

- Euh..., je viendrai peut-être après... Je dois finir de réviser la leçon d'Histoire et...

- Ah..., me coupe-t-elle. Bon.

Sans me laisser le temps d'ajouter quoique ce soit, elle raccroche. Vexée, je referme le clapet de mon téléphone et le lance sur mon lit. 

- De toute façon j'aurais culpabilisé d'accepter, je grogne pour moi-même. 

Je me repenche vers mes révisions, mais les multiples dates qui s'étalent sous mes yeux se mettent à tourner. Je ferme les paupières quelques secondes, les frotte, puis les rouvre... sans succès. Pire encore, maintenant je sens un mal de tête pointer le bout de son nez. Et la chaleur qui s'engouffre par ma fenêtre entrouverte empire les choses. 

Je pousse un soupir en faisant l'éventail avec ma main dans l'espoir d'avoir de l'air. Alors que je songe à repousser tout ça à demain, un bruit de moteur de moto me tire de mes pensées. Celui-ci se rapproche de la maison et s'éteint soudainement. 

Quelques secondes plus tard, quelqu'un sonne à la porte. Le cœur battant à tout rompre, je quitte ma chambre pour aller ouvrir. C'est bien une des rares situations où je préfère que mes parents soient là...

- Kelly ! s'exclame Mitsuya, dont le visage s'illumine en me voyant. 

Je le dévisage un instant, effarée.

- Comment t'as eu mon adresse ? je demande finalement.

- Mori m'a envoyé te chercher. Je sais pas bien pourquoi, mais elle m'a dit que tu viendrais forcément si c'était moi qui venais...

Je comprends mieux pourquoi elle m'a raccroché au nez.

- Je peux pas sortir, dis-je. J'ai trop de révisions...

Déçu, il semblait s'apprêter à lâcher l'affaire et à repartir, mais se ravise au dernier moment.

- T'es pas sortie depuis samedi ? questionne-t-il en fronçant les sourcils, l'air suspicieux.

- Non, mais...

- T'as fait que réviser pendant tout ce temps ?

- Oui, mais...

- Alors, il faut que tu viennes. 

- Mais je...

- Parce que tu crois que je te laisse le choix ?

Je reste muette, ne sachant pas quoi répondre. D'un côté, le fait qu'il tienne autant à me faire sortir me fait plaisir. Mais de l'autre, il y a toutes ces dates à retenir par cœur et je n'en connais que deux...

- On va à la plage, alors va te changer, reprend Mitsuya en me poussant vers l'intérieur de la maison. Je t'attends dehors. Et je repartirai pas sans toi, ajoute-t-il en me voyant ouvrir la bouche pour protester.

Résignée, je retourne dans ma chambre pour lui obéir et enfiler un maillot ainsi que des vêtements plus légers. 

En repartant, je jette un dernier coup d'œil à mon bureau mais cette fois la culpabilité ne vient pas serrer ma gorge. Non, à cet instant précis, je me sens étonnement soulagée... Et le sourire de Mitsuya qui s'étale sur son visage lorsque je le rejoins me fait soudainement oublier tout le reste.

Mille couleurs (Mitsuya x OC)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant