6 : Toujours des excuses !

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Ce n'est qu'au cours des jours suivants que les demandes d'accompagnement pour la soirée du collège commencent à affluer. Inévitablement, Ayame et Emma n'ont pas été en reste. Entre une jolie fille aux yeux verts et une petite blonde, difficile de résister !

Mais si Ayame a déjà trouvé son cavalier, Emma a catégoriquement refusé toute proposition. Le béguin qu'elle a pour Draken semble être bien plus grand qu'elle ne le laisse entendre, car lorsqu'elle parle de lui, ses grands yeux miel se mettent à briller. Elle paraît si heureuse qu'il m'est difficile de ne pas partager son bonheur. Cette fille est un véritable soleil qui offre ses rayons à qui veut bien les accepter, et je ne peux qu'en être admirative.

Quant à moi...

- Suzuki, tu m'écoutes ?

Je prends une grande inspiration pour me faire revenir sur terre. Un garçon aux cheveux bruns réapparaît dans mon champ de vision. Ses yeux sont cachés derrière des lunettes qui me rappellent horriblement celles de mon père.

- Tu disais quoi ? dis-je.

- Est-ce que veux m'accompagner au bal ? rougit-il.

- Euh... Ben...

J'entends Ayame et Emma glousser quelques mètres derrière moi. Mon regard quitte mon camarade de classe pour s'orienter vers un autre, facilement reconnaissable grâce à sa couleur de cheveux hors du commun.

- J'ai déjà quelqu'un, je mens. Désolée.

- C'est pas grave, je comprends, me répond le garçon. À plus tard, alors.

Le teint plus cramoisi que jamais, il quitte précipitamment la salle de classe. Soulagée, je rejoins mes deux meilleures amies, occupées à ranger leur bentô dans leur sac.

- Pourquoi t'as refusé ? questionne Ayame, soudain mécontente.

- Je sais pas, j'ai...

- Des excuses, toujours des excuses ! me coupe Emma.

- J'ai compris ! je grommelle, piquée au vif. La prochaine fois, j'accepterai...

Victorieuses, elles échangent un regard satisfait.

- Au fait Emma, reprend Ayame, pourquoi ton frère est pas venu à Tanabata ?

- Mon frère ? Je sais pas, il devait encore faire des tours de moto... À la base, Draken devait l'accompagner mais c'est Mikey qui l'a poussé à venir avec moi.

Je fronce les sourcils, suspicieuse. C'est étrange qu'elle pose cette question puisqu'à chaque fois que nous nous retrouvons chez Emma, Ayame et Mikey se lancent des piques à ne plus en finir. Elle a toujours répété qu'elle ne le supportait pas, et je suis persuadée que c'est réciproque.

Je suis cependant coupée dans mes songes par des murmures précipités échangés dans mon dos.

- C'est le moment de lui demander, vous croyez ?

- Mais oui, Asano ! Fonce, il est tout seul !

J'ai à peine le temps de leur jeter un coup d'œil que Mitsuya passe à côté d'elles pour sortir. Soudain paniquée, Asano quitte son groupe d'amies pour le rattraper.

- Président ! Mitsuya ! Attends, j'avais...

- Désolé j'ai quelque chose à faire, la coupe-t-il. On reparlera au club.

Il lui adresse un sourire d'excuse la laissant muette. Incapable de se contenir plus longtemps, Ayame pouffe de rire ; de mon côté, je sens ma poitrine se desserrer.

Je sais qu'Asano comptait proposer à Mitsuya de venir à la soirée avec elle. Ce que j'ignore en revanche, c'est pourquoi j'ai retenu mon souffle lorsqu'elle s'apprêtait à lui faire cette demande.

- Je vais retourner dans ma classe, dit alors Emma en s'étirant.

Elle enfile sa veste après avoir rejeté ses longs cheveux blonds en arrière dans un geste gracieux.

- À tout à l'heure !

Toute joyeuse, elle sort à son tour de la salle d'un pas aérien. Quelques garçons se retournent et lui lancent des regards avides, auxquels Ayame répond par un doigt d'honneur.

Pris sur le fait, ils s'empressent de retourner à leurs occupations tandis que la sonnerie annonce le début des cours de l'après-midi. En me souvenant que j'ai club de couture ce soir, je sors mes affaires en étant de bien meilleure humeur que ce matin.

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- Un bal ? répète mon père en fronçant les sourcils.

Il relit pour la énième fois l'autorisation distribuée par le collège. Ce bal étant exceptionnel, les profs ont jugé bon de demander aux parents s'ils acceptaient que leur enfant y soit présent.

- Tu fais bien ce que tu veux, finit-il par soupirer en signant le bas de la page. Du moment que tu restes droite et que tu fais honneur à l'éducation qu'on t'a donnée...

- Tu parles d'une éducation, je souffle.

Il me tend la feuille dans un geste brusque, agacé de ma remarque.

- Langage.

- J'ai rien...

- File dans ta chambre.

Énervée à mon tour, je ne m'attarde pas dans le salon afin de ne pas déclencher une dispute qui ne servirait qu'à me fatiguer davantage. Je prends cependant le soin de claquer la porte derrière moi pour bien signifier que je suis vexée.

Pendant quelques secondes, j'ai eu peur que mon père refuse que j'aille à cette soirée. Mais maintenant que ce doute est écarté, un autre demeure bien présent : est-ce que je dois y aller accompagnée ou faire cavalière seule, comme Emma ?

Je me laisse tomber devant les multiples révisions qui m'attendent. Face à la montagne de devoirs à finir, cette question me paraît soudain bien futile.

Mais en même temps, j'entends encore la voix de Mitsuya qui lit à voix haute le vœu que j'ai écrit sur ce tanzaku, lors du festival ;

« J'aimerais profiter un peu plus de ma vie. »

Mille couleurs (Mitsuya x OC)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant