Comme prévu, mes parents ont passé en revue chacun des faits et gestes de Mitsuya et sa mère, et ce, dès le lendemain matin. Ces derniers ayant cependant été irréprochables, il a été difficile de trouver quelque chose à redire. Le sujet a donc été rapidement clos, et les jours qui ont suivi se sont déroulés dans un silence quasi funèbre.
Au petit déjeuner comme au dîner, aucun de nous trois ne s'est aventuré à parler. De temps à autres, mes parents se regardaient avant de soupirer en cœur. Le seul avantage que j'ai trouvé à tout ça, c'est qu'au moins, ils ne m'ont plus posé de question concernant mes devoirs.
En effet, ils ont toujours eu pour habitude d'échanger des banalités lors des repas. Même si tout cela restait froid et plat, l'atmosphère n'était pas aussi pesante. Mais après le passage des Mitsuya, il n'y avait plus que les mastications agaçantes de mon père, et la manie de ma mère à vider son bol de riz en tapotant sans cesse ses baguettes dans le fond.
De mon côté, j'ai attendu avec impatience que leur semaine de congé s'achève. Il n'y avait que comme ça que je pouvais sortir sans qu'ils ne s'en aperçoivent, et mettre fin à l'ennui mortel qui a duré des jours entiers.
Allongée sur le lit de Mitsuya, je profite avec bonheur de la première journée d'absence de mes parents. Dès qu'ils ont quitté la maison, j'ai sauté sur l'occasion. Moi qui profite toujours de la moindre grasse matinée, j'étais debout dès 9 heures du matin, et à la porte de Mitsuya à 11.
Chez lui, l'atmosphère est légère et sereine. Sa chambre, qu'il partage avec Mana et Luna, est dans un désordre que je trouve réconfortant. Elle renferme cette agréable odeur de fleur qu'il a en permanence sur ses vêtements. Il s'est excusé pour la petitesse et le bazar de sa maison ; mais moi je l'ai trouvée accueillante et vivante. On sent tout de suite qu'une famille vit à l'intérieur, et c'est ça qui fait toute la différence avec chez moi ; ici, il s'agit d'un foyer.
Étendue sur le ventre, j'écoute distraitement la machine à coudre de Mitsuya en feuilletant un de ses nombreux magazines de mode dont il s'inspire pour ses créations. J'ai toujours admiré ce talent inné qu'il avait pour la couture, mais ça ne m'avait jamais autant frappée qu'aujourd'hui.
- Voilà, soupire Mitsuya. Normalement, ça devrait aller.
Il plie soigneusement le t-shirt blanc qu'il vient d'achever avant de venir s'assoir à côté de moi. Je ferme le magazine et m'allonge sur le dos pour le regarder.
- Il est pour quoi, ce t-shirt ? je questionne.
- C'est celui d'Asano. Elle m'a demandé de corriger les défauts avant les vacances.
- Pourquoi elle te le demande ? Je croyais que c'était celle qui s'en sortait le mieux dans le club.
Il souffle du nez et tourne sa tête vers moi.
- C'est le cas, mais j'ai l'impression qu'elle cherche des prétextes pour me parler...
- C'est pas qu'une impression, dis-je. Et elle essaie pas de s'en cacher.
Cette fois, Mitsuya a un rire. Il tend alors une main vers mon visage pour écarter une mèche, mais son rideau de séparation, délimitant l'espace de ses sœurs au sien, s'ouvre au même moment. Je me redresse tandis qu'elles se précipitent sur leur frère.
- C'était bien, cette sortie au parc ? leur demande-t-il d'un ton affectueux, tout en ébouriffant les cheveux de la plus grande.
Elles allaient répondre quand leur mère entre à son tour dans la pièce. Je m'empresse de m'incliner légèrement pour la saluer.
- Kelly ! s'exclame-t-elle, agréablement surprise. Takashi m'avait dit que tu passerais bientôt ! Comment tu vas depuis l'autre jour ?
- Bien, merci, je réponds en lui souriant. Et vous ?
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Mille couleurs (Mitsuya x OC)
Fiksi PenggemarFroide et terne. Voilà ce qu'était ma vie en dehors de mes deux meilleures amies, Ayame Mori et Emma Sano, ainsi que des heures passées en compagnie de Takashi Mitsuya au club de couture. Tout me semblait tristement livide. Mais évidemment, ce garç...