- il fait froid, tu n'es pas couverte, répond t'il
- et qu'est ce que tu en as foutre que j'attrape froid ou pas ?Je me tourne vers lui le regard mauvais. Mais il m'est impossible de l'observer plus longtemps, le dégoût est trop encré.
- je suis désolé
- tu es désolé de quoi au juste ? De m'avoir mis dans cette situation ? De ne pas m'avoir défendu ou juste du fait que t'es parents soient cons.La colère fait remonter avec elle un accent burkinabé que je n'avais plus entendu depuis un moment. Thaddeï remarque également mon accent, mais a l'intelligence de ne rien dire.
- ne les insultes pas s'il te plaît
- pourquoi ? Ta mère ne s'est pas gêné pour m'insulter et moi et toute une communauté, pourquoi je dois me taire ?Comprenant que ma colère ne m'aide à m'exprimer calmement je décide de soulever les pan de ma robe en pagne et de m'éloigner vers la prochaine station de métro.
- lya attend, ne part pas comme ça !
Je prend une grande respiration et me retourne. Transperçant de mon regard un Thaddeï qui ose à peine s'approcher de moi.
- quoi ?
J'ai envie d'entendre ce qu'il a à dire, une dernière chance de me montrer qu'il vaut mieux que ses géniteurs. Je sens une boule se coincer dans ma gorge, ma colère se fraie un chemin vers mes larmes et menacent de les faire couler.
- tu comprends maintenant pourquoi on ne peut pas être ensemble ?
De nerfs, un rire bruyant s'échappe de ma gorge tandis que mes yeux s'embuent de larmes.
- pardon ? Tu m'as mis dans cette situation de merde parce que tu étais incapable de faire une phrase simple? Tu te fou de moi ?
- comment tu voulais que je t'explique ça ! Comment tu voulais que je te le dise avec toute la honte que je ressens !
- TU AS HONTE ? TOI TU AS HONTE ?
J'ai hurlé mes mots tellement fort qu'il recule d'un pas. Je sens que je me brise, que la rage s'échappe, une rage violente et méchante, une rage qui risque de blesser Thaddeï.
- c'est une blague Thaddeï ? Tu n'étais pas juste capable de faire une phrase sujet, verbe, complément comme par exemple : « mes parents sont racistes » ? Tu avais besoin de me mettre dans cette situation aussi humiliante que blessante pour m'expliquer ça ? Tu te rends compte de ce que tu as fais ? Tu n'as pas l'impression que quelque chose tourne pas rond ?
- lya je...
- non tu la ferme ! Tu as eu l'occasion de parler à plusieurs reprises, tu avais l'occasion de me dire la vérité plusieurs fois, tu avais l'occasion de me défendre devant ta mère, tu n'as rien fais donc maintenant ne rate pas l'occasion de te taire, tu n'as absolument rien d'intéressant à dire.Voyant qu'il ne dit rien, les yeux baissés sur ses chaussures, je me donne l'occasion de poursuivre.
- tu as raison il n'y aura jamais rien entre nous, jamais.
- je sais
- et ce n'est pas parce que tes parents sont racistes.A ces mots il relève les yeux vers moi. Son regard torturé me donne presqu'envi d'arrêter, mais non, je suis lancée, j'ai envie qu'il souffre.
- c'est parce que je mérite un homme capable de me dire la vérité, un homme qui ne me mettra pas dans des situations aussi humiliantes, un homme capable de prendre ma défense et un homme fier de m'avoir à ses côtés ! Tu n'es rien de tout ça et je ne veux plus te voir ! J'espère que c'est clair! Tu viens au bureau finir le montage tu prends ta paye et tu te casses de ma vie ! Supprime mon numéro, mes réseaux et les souvenirs que tu as de moi.
Je me rends compte tard que des larmes ont coulé sur mes joues, rougies par la rage. J'entreprends de partir, puis je reviens sur mes pas pour finir de vider mon sac.
- et sache que je suis fière de mes origines ! Je suis fière d'être métisse et d'avoir vécu en Afrique, je suis fière de ma mère qui est noire et qui 1 millions de fois plus que ce que ta mère ne sera jamais ! Tu mérites d'être avec une femme comme toi ! Blanche, ennuyante, raciste et incapable de bien doser les épices dans ses plats !
Sur ce je m'éloigne rageuse, malgré le froid qui me mord les épaules et les larmes qui font couler mon maquillage. Mes pieds martèlent le sol et je fini par lâcher ma robe qui traîne sur le trottoir. Je ne prend pas la peine d'essuyer mon visage et je rentre dans la première station de métro que je vois. N'ayant pas prévu de prendre les transports en commun je n'ai pas mon pass navigo. Je me dirige donc vers une des bornes pour me payer un ticket mais aucune ne fonctionne. Incontrôlable je me met à taper sur la machine en criant, jusqu'à ce qu'un agent de la RATP s'approche timidement de moi.
- mademoiselle, tout va bien
- oui, fais je avec une voix qui laisse entendre le contraire.
- je vais vous donner un ticket d'accord ?Je hoche la tête en le suivant. Il me donne un ticket gratuitement et me fais un sourire bienveillant.
- ça va aller, prenez soin de vous.
- merciDes larmes de gratitude embuent mes yeux. L'agent me tapote gentiment la main avant de me laisser partir.
Je me sens dénué de toute force, la rage a consumer mon énergie, je suis vide. Je ne cours même pas quand les portes du métro menacent de se refermer, je ne prend même pas mon téléphone pour essayer de passer le temps. Je me contente de regarder dans le vide, la tête coller contre la vitre sale.
De ma vie je n'ai jamais été victime de racisme, je sais ce que s'est, mais jamais ca ne m'étais arrivé à moi. Je ne saurais comment expliquer ce que je ressent, un mélange de déception, de dégoût et de colère. J'aurais aimé pouvoir dire quelque chose, mais je n'ai pas osé par respect pour cette femme qui est aussi une mère. Mais j'aurais dû, elle, ne s'est pas gêné pour me manquer de respect, pour traîner dans la boue mon héritage et mon identité. Je m'en veux de m'être tu, je m'en veux comme si cette femme avait directement parler à ma mère et que je n'avais rien dis.
Quand je rentre chez moi, je ne prend pas la peine d'allumer la lumière, je ferme la porte et m'écroule sur le sol pour pleurer. Je laisse tout passer, les larmes coulent sur mes mains et mon sol, mon cœur s'alourdir et mon corps faiblit. De tout ce qui aurait pu arriver il a fallu que des parents soient racistes et qu'il soit passif. Si au moins il m'avait défendu, si au moins il m'avait préparé. Je pleure comme une esseulée, comme un enfant cherchant sa mère, je pleure comme femme ayant perdu un homme.
Le constat est difficile à accepter, il ne peut rien se passer entre nous, tout espoir est vain et je savais qu'espérer me ferait du mal, je savais que c'était trop tôt pour éprouver encore mon cœur, mais me voilà, sur le sol de mon appartement, pleurant ma peine.
Je pleure jusqu'à ne plus avoir de souffle, jusqu'à ne plus avoir de larmes, je pleure ma naïveté, je pleure mon incapacité à rester seule, je pleure mon ex, ma cousine, je pleure ma mère, je pleure les femmes, je me pleure moi. Je pleure jusqu'à ne plus ressentir, jusqu'à ce qu'enfin mon corps s'engourdisse et me plonge dans un sommeil sans rêves.
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sexFRIENDS
RomanceCe n'était censé être qu'un coup d'un soir, surprenant, alcoolisé et unique surtout unique . Mais il est difficile d'ignorer la fièvre qui les brûle dès que leur regard se croisent et les frissons qui parcourent leur peau à chaque fois qu'ils se to...