Chapitre 40 (POV Thaddeï)

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Je regarde froidement les invités autour de moi, parlant et trinquant leurs coupes remplis de champagne. Ils rient et festoient tandis que mon estomac se noue à chaque minute qui passe.

- félicitations ! S'exclame un homme mature accompagné de sa fille ou de sa maîtresse je n'arrive pas à savoir.

Je ne prends même pas la peine de lui rendre un sourire, je me contente de plonger la tête dans mon verre à moitié vide.  Mes parents sont quelque part dans la foule certainement à discuter du mariage à venir. Au moins je ne suis pas obligé de les entendre me répéter à quelle point cette union est importante. Je soupire, j'aimerais trouver un endroit isolé où me cacher et repenser à tout ce qui aurait pu se passer avec Lya, je préférerais ruminer mes regrets plutôt que d'assister impuissant à cette fête en mon honneur.

- tiens, voilà mon fiancé.

Je me tourne vers Camila, cette élégante jeune femme brune au yeux bleus et aux jambes interminables censée devenir mon épouse. Je ne lui répond pas et son sourire s'élargit, elle rejette en arrière ses longues mèches et s'approche de moi doucement en faisant claquer sur le son ses talons crème.

- je n'ai jamais vu un homme aussi malheureux de se fiancer, commente t'elle.

- sans vouloir te vexer, je n'ai aucune envie de t'épouser.

- eh bien ça me vexe, sais tu combien d'homme serait prêts à prendre ta place ?

- sais tu a quel point je serais prêt à leur donner ma place ?

Son sourire disparaît et elle soupire bruyamment avant de se placer près de moi et de prendre à la volé une coupe de champagne qu'elle vide d'un coup.

- écoute, certes on a rien demandé mais c'est pas si terrible, on se connaît depuis longtemps on peut s'apprécier dans un mariage, même non voulu.

- s'apprécier ne suffira pas pour toute une vie.

- je sais à quel point tu aurais voulu un mariage d'amour, tu as toujours été romantique, mais malheureusement ce n'est pas le cas alors au lieu de ruminer dans ton coin cherche à obtenir le meilleur de cette situation.

Mes pensées vont à Lya, je me demande ce qu'elle fait, je me demande si son ex a profité de mon absence pour l'obliger à parler.

- Thaddeï franchement, arrête de faire l'enfant gâté.

- Camila, si tu t'es faite à l'idée de passer ta vie avec une personne que tu n'aimes pas ce n'est pas mon cas.

Son visage se serre et un voile passe devant ses yeux.

- moi aussi j'ai sacrifié des choses pour ce mariage, n'agit pas comme si tu étais le seul à en souffrir, dit elle simplement avant de soupirer et de tourner les talons.

Je regrette de l'avoir blesser, elle reste une bonne amie, malgré les circonstances. Mais je ne suis pas d'humeur à entendre ce que je sais déjà.

- j'aimerais qu'on sorte ce soir, avec la bande, au moins pour s'amuser un peu, dis je à son intention.

Elle se retourne vers moi avec un sourire timide et hoche la tête d'un air entendu avant de se diriger tout sourire vers certains des invités.

J'admire sa capacité à faire semblant, à tirer le meilleur dans les pires situations. Je pourrais l'apprécier je le sais, mais je ne pourrais jamais l'aimer, c'est une certitude encore plus terrifiante que l'idée de ce mariage. À chaque fois que je penses amour, le visage de Lya me revient en memoire, à chaque fois que je m'imagine pouvoir m'accommoder de cette situation ridicule, mes souvenirs avec elle refont surface comme du poison, me rappelant que jamais je ne pourrais l'oublier et faire semblant.

Je prends mon téléphone et comme à chaque fois je cherche son nom et hésite longtemps avant de le verrouiller et le remettre dans ma poche.

- c'est qui l'heureuse élue qui te tourmente comme ça ?

Je lève les yeux vers mon grand père, ses yeux pétillent et il se tient fermement à sa canne en bois sombre. Je lui souris, la seule personne à cette maudite fête à qui je peux me confier.

- tu es venu.

- comment aurais je pu rater tes fiançailles? Même si ton père ne m'apprécie pas il a au moins eu la décence de m'inviter, rigole t'il.

Il s'approche et se place près de moi en passant une main sur sa barbe blanche.

- je ne veux pas de ce mariage, soufflé je.

- je sais, ta mere n'arrêtes pas de s'en plaindre.

- j'aurais aimé qu'ils ne me l'impose pas.

- ils pensent le faire pour ton bien.

Je secoue la tête et continu d'observer la floppée d'invités déjà bourrés. Mon regard croise celui de mon père et je sens la désapprobation de me voir parler à mon grand père.

- pourquoi tu es venu si mon père ne t'aimes pas ?

- je suis venu pour toi, pas pour lui, je me suis dis que tu aurais besoin de soutiens.

- Merci, soufflé je.

Il me presse gentiment le bras en guise de soutient.

- tu ne m'as pas dit qui est la fille qui te tourmente.

Je ris en baissant le regard vers mes mocassins noirs.

- quelle importance ça a ? Je vais me marier.

- je suis curieux, sourit il.

Dans ce regard je vois assez de sincérité pour me convaincre de lui en parler.

- elle s'appelle Lya.

- tres jolie prénom.

- elle écrit et souhaite réaliser des films.

- une artiste, ce sont les plus dangereuses.

- elle est honnête, trop parfois, elle n'a pas sa langue dans sa poche et quand elle rit elle fait trembler les murs. Elle n'aime pas qu'on lui dise quoi faire et encore moins qu'on lui dise rien. Elle est blessé mais forte, elle est drôle, elle aime garder de vielles choses et supporte beaucoup plus que ce qu'elle ne devrait.

Mon grand père écoute attentivement et reste silencieux même quand je m'arrêtes pour regarder le ciel avec nostalgie.

- elle m'a l'air stupéfiante.

- elle bien plus que cela.

- pourquoi ne pas en parler à tes parents ?

- ils ne l'accepteront jamais, dis je sèchement.

- je suis sûr qu'ils pourraient accepter une réalisatrice...

- elle est métisse, le coupé je.

Il hausse les sourcils et ouvre la bouche pour répondre mais se ravise. Ses doigts se resserrent sur le pommeau de sa canne et il détourne le regard.

- j'ai essayé de la présenter une fois.

- c'est donc la jeune fille que tu as amené à la soirée de tes parents.

Je n'ai pas besoin de confirmer, mon silence est déjà une réponse. Je me mords l'intérieur des joues en repensant à ce moment désagréable, à mes parents, aux larmes de Lya. Je n'aurais jamais dû l'amener là sans la préparer, je me rends compte trop tard de l'entendu de ma bêtise.

- comment va t'elle ?

- je n'en sais rien, on ne se parle plus depuis ce jour.

- tu sais Thaddeï, tu n'es pas obligé de vivre en fonction des choix de tes parents.

- si je ne le fais pas ils me renieront, je n'ai pas envie de les perdre pour une amourette.

Il reste silencieux un moment, puis je sens une main se poser sur mon épaule.

- pour une amourette ce serait imprudent, mais en est ce vraiment une ?

Je me tourne vers lui et je vois dans ses yeux tout le poids de ses mots. J'aimerais répondre mais je n'ai rien à dire, sa question reste en suspens
en est ce vraiment une ?

sexFRIENDSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant