sexFRIENDS

Chapitre 24

Gênée, je ne réponds rien, mes yeux se contentent de faire des allers retours entre mon interlocutrice et ma boisson. 

Peut-être que si tu ne dis rien, elle passera à autre chose

Cependant les minutes passent, et Angel continue de me fixer avec cet air si amusé. Je comprends qu'elle ne lâchera pas l'affaire, et qu'il faudrait mieux que je réponde.

Ou que tu lui dises que tu n'as pas envie d'en parler

C'est vrai que je pourrais simplement lui demander de ne pas insister, mais peut être qu'une part de moi à envie d'en discuter avec quelqun. Ca me fera certainement du bien de mettre des mots dessus, avec une personne qui ne nous connait pas assez pour être subjective. Ce qui me bloque c'est le malaise d'exposer ma vie à une inconnue, je n'ai pas l'habitude d'exprimer ce que je ressent, alors à une personne que je ne connais c'est encore plus malaisant. Cependant Angel fait de son mieux  pour me mettre à l'aise, ça pourrait être intéressant de s'adresser à elle. 

- rien de très excitant, je réponds simplement.

Je reste sur une réponse vague, en espérant qu'elle soit assez intéressée pour insister. 

- comment ça rien d'excitant ? 

- nous ne sommes pas un couple

- d'accord, mais vous entretenez une relation ou pas ? 

- plus maintenant

- Lya, fais un effort pour dire plus de choses, rigole mon interlocutrice

Je lui fais un sourire, et j'inspire longuement, avant de tout lui expliquer ; la relation physique, la presqu'amitié, ses parents, la jalousie, le doute, la confusion. Je fais attention à ne pas mentionner trop de détails sur ma vie privée, comme mon ancienne relation, et la relation chaotique de mes parents, qui ont créé une peur de l'abandon. Malgré son air amusé du début, Angel écoute avec attention, elle hoche parfois la tête, à la manière des gens qui comprennent et qui veulent mettre leur interlocuteur dans un environnement d'écoute bienveillante. Ses yeux restent posés sur les miens, et à aucun moment je ne vois de sourire moqueur, d'air amusé, ou d'expression de jugement. Au fur et à mesure je suis donc plus à l'aise, et je parle de ce que je ressens, je me laisse même le loisir d'être agacée par la situation. Lorsque je fini mon récit, Angel me sourit. 

- je vois, vous avez l'air d'avoir un lien particulier

- comment ça ? 

- généralement les coups d'un soir ne se revoient jamais, c'est bien le but d'ailleurs, mais lui il a trouvé le moyen de te revoir, et toi tu n'as pas hésité à exploiter ce que tu avais pour le revoir. 

Devant mon air ahuri, elle se repositionne sur sa chaise comme si elle s'apprêtait à faire une longue explication. 

- il aurait très bien pu te rendre ton écharpe en la posant devant ta porte, tu aurais pu ne pas le laisser entrer chez toi, il a trouvé ton numéro, on ne sait pas comment, et tu aurais pu le bloquer. tu n'avais pas de monteur, mais tu es en école de ciné, tu aurais pu en trouver 3 ou 4 de dispo parmi tes camarades de classes, à la limite si tu n'avais pas trouvé, tu aurais pu travailler  avec Thaddeï un jour pour te laisser le temps de chercher, mais ça fait un moment qu'il est là, et tu ne cherches plus. Tu as envie d'être en sa présence, et lui aussi visiblement, sinon il aurait pas fait tout ça. Vous avez un lien particulier. 

Elle n'a pas tort. Tout ce que j'ai fait, je l'ai fait sans vraiment m'en rendre compte, mais en y repensant bien, j'ai fait ce que je voulais le plus, il y avait d'autres possibilités que je n'ai pas vraiment envisagées, parce qu'elles ne m'intéressaient pas. Mais qu'a t-il de si spéciale ? Je ne le connait même pas, et il est si compliqué.