Chapitre 36

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Le montage est terminé, je n'ai plus aucune raisons de côtoyer Thaddeï. A partir de maintenant je ne le verrais plus et pourrais bloquer son numéro pour ne plus avoir à lui parler. Mais pourquoi cette douleur dans mon cœur ? Pourquoi cette sensation de vide et ces larmes qui coulent sur mes joues ? Je pensais qu'en ne mettant pas de mots sur cette relation j'en souffrirais moins, que j'échapperais a l'attachement et aux sentiments, je pensais que sans nom une relation ne comptait pas, qu'elle n'existerait que le temps qu'on la laisserait faire.
Mais même en y repensant de près, je n'aurais pas pu m'éloigner de Thaddeï, je penses avoir essayé, mais cette sensation de satiété qui m'engloutissait en sa présence était trop agréable pour que je m'en éloigne, je me sentais bien, je me sentais vivante et vu. Maintenant que je sais qu'il est un menteur je ne sais pas comment me défaire de ce que je ressens pour lui. Les menteurs sont dangereux, ils vous bercent d'illusions. S'il a menti sur quelque chose d'aussi important que le racisme de ses parents, sur quoi d'autres a t'il menti ? C'est cette questions qui malmène mon esprit, cette même question qui m'a torturé avec mon ex, cette question que je ne veux plus avoir à me poser parce qu'elle m'épuise, elle me fait mal.
Quand ma meilleure amie Imane entre dans mon appartement, je ne prends pas la peine de dissimuler mes larmes, je n'ai pas le temps non plus d'avoir l'air en forme. Elle me fixe de ses beaux yeux amandes avant de réajuster son voile et de s'approcher de moi. Sans un mot elle m'enlace et comme si ce contact déclenchait notre quelque chose, je me remets à pleurer. Son contact est doux et apaisant, elle passe ses longs doigts fins dans mes cheveux emmêlés et récite ce que je penses être une sourate.

- je suppose que c'est le blanc qui t'as fais ça

Sa remarque est si spontanée que je ne peux m'empêcher de rire, avant de lever les yeux vers elle. Elle prend mon visage avec ses mains et essuie mes larmes a l'aide de ses pouces.

- tu es vilaine quand tu pleures, arrêtes, dit elle

Je ris encore en reniflant bruyamment, puis je lui rend le sourire bienveillant qu'elle me fait.

- tu vas me dire que c'est bien fait pour moi parce que je suis dans le haram ? Demandé je en soupirant.

- juger est un pêcher, dit elle simplement en essuyant une autre larme sur ma joue.

J'apprécie ce contact et sa présence, malgré nos différences d'opinion elle a toujours les bons mots et reste une meilleure amie précieuse. Le genre qui ne juge jamais, qui ne blesse pas, qui ne rabaisse pas, le genre a être toujours présente même quand ça fait plusieurs mois qu'on ne s'est pas parlé.

- il m'a menti

Elle hoche la tête doucement, elle connaît déjà l'histoire.

- je déteste le mensonge
- je sais
- il aurait pu me dire
- tu penses ?

Je lève des yeux intrigués vers elle, elle prend une inspiration puis pince les lèvres en m'observant, comme si elle se retenait de me parler.

- tu te rappelles quand je suis tombé amoureuse de Loïc ?

Je hoche la tête en me rappelant cette histoire d'amour qui n'a duré que quelques mois.

- je l'aimais vraiment beaucoup, mais on était trop différent, il était chrétien. Et je l'aimais tellement que pendant longtemps je lui ai caché que ma famille d'accepterait jamais cette union, je lui ai menti pendant longtemps parce que j'avais trop peur de le perdre.

- Mais tu as finis par lui dire.

- et nous ne sommes plus ensemble, conclut elle dans un soupire.

- tu penses qu'il m'a caché un truc aussi gros parce qu'il m'aime trop ?

- je penses que ce n'est pas quelqu'un de mauvais.

- qu'est ce que tu en sais ?

- je le vois dans tes yeux, dans ton teint, dans la façon dont tu m'a parlé de lui, c'est quelqu'un qui te fais du bien.

- au début je te parlais de mon ex de la même façon.

- non, tu l'aimais c'est sûr, mais lui ne te faisais pas du bien et ça dès le début ça se voyait.

Je déglutit, j'aimerais qu'elle soit contre ma relation avec Thaddeï, ça m'aiderait à passer à autre chose, le fait qu'elle le défende ne fait que renforcer la tempête qui se déroule dans ma tête. Elle semble remarquer mon tourment et pose une main sur mon épaule.

- Lya, je ne prends pas sa défense, tu as raison de lui en vouloir et d'être en colère, je penses juste que même s'il a agis mal, ce n'est pas quelqu'un de mauvais.

Non c'est sûr, il n'est pas mauvais, il n'a jamais été ou semblé mauvais. Je ne penses pas vraiment qu'il le soit, mais ça m'aide à être en colère et à lui en vouloir, s'il est mauvais c'est plus facile de vouloir l'effacer de mon esprit. Par contre si c'est quelqu'un de bien qui a juste fait une mauvaise action c'est plus dur, ça signifie que je devrais faire preuve de bon sens et je penses en être incapable.

- il me faisait du bien.
- je sais.
- Mais il m'a fait du mal.
- je sais.

Mon crâne me fait mal, trop de choses s'y bousculent, trop de pensées contradictoires. Je reste silencieuse un moment, le regard baissé vers mes doigts.

- tu vas aller à la baby shower ? Fini par demander Imane sans doute pour changer de sujet.
- oui
- tu es sure ?

Le regard d'Imane en dit long, elle a peur que ça fasses trop, que je finisses par être en détresse émotionnelle et que ça me brise.

- si je n'y vais pas, le reste de la famille va se poser encore plus de questions.
- Mais c'est pas à toi de gérer ça ? C'est à elle de trouver des réponses.
- elle va être maman Imane
- et donc ? Elle a le droit de mal agir ?
- même si elle a mal agis, ça ne fait pas d'elle quelqu'un de mauvais.

L'usage de sa propre phrase renfrogne Imane qui marmonne dans sa barbe.

- juger c'est pêcher, poursuivé je.
- je juge pas, marmonne mon amie en tripotant son voile de soie.
- en tout cas je vais y aller et faire bonne figure et ensuite je ne lui devrais plus rien.
- je penses que c'est pas une bonne idée, mais bon, mon avis ne compte pas pour toi de toute façon.
- tu abuses, pouffé je
- tu ne m'aimes pas assez pour m'écouter de toute façon
- mais arrêtes !

Je ris encore plus fort en la poussant gentiment, mais elle ne se départit pas de son air sérieux.

- tu ne m'as même pas invité
- on sait toutes les deux que si tu viens tu ne vas pas réussir à contenir ta colère et tu vas gâcher la fête.
- moi ? Pieuse comme je suis ? Fait elle, l'air choqué.
- arrêtes des faire semblants, rié je

Imane est une fille croyante et adorable simplement un de ses plus gros défauts c'est de ne pas savoir gérer sa colère, c'est d'ailleurs la raison principale pour laquelle elle s'est mise à pratiquer l'islam plus sérieusement.

- je pris beaucoup, je penses que je n'ai plus ce problème.
- je suis pas convaincue
- non sérieux, je ne m'énerve plus autant, j'arrive à gérer, je ne ferais rien de grave je serais discrète.
- Imane,
- je te promets que je suis plus calme.

Son air sérieux me fait hésiter à l'inviter, cependant je sais que les problèmes de colère ne se règlent pas aussi facilement. Ouvre ses yeux et me fixe d'un air suppliant. Avoir de la compagnie ne me fera pas de mal, le temps passera plus vite et j'aurais avec moi quelqu'un à qui je ne serais pas obligé de mentir.

- bon ok je veux bien, mais tu devras vraiment te tenir.
- t'inquiète, Dieu me guide.

Je pouffe de rire en voyant son air satisfait.

- bon passe moi ton téléphone je dois appeler ma mère, le mien est déchargé.

Je m'exécute sans trop poser de question avant d'aller chercher un chargeur pour elle.

sexFRIENDSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant