Moona dans la poussette, je profite de ma journée de repos pour me balader un petit peu en centre-ville. J'ai fui la maison quand j'ai vu que mes parents s'empêchaient de parler entre eux tant que j'étais là, alors j'ai pris ma fille, sa poussette, son biberon et ses couches, et nous sommes parties pour les laisser seuls.
Ça fait un bail que je n'ai pas fait les magasins, alors j'en profite pour flâner et regarder les vêtements, pour moi comme pour Moona. Je finis par ressortir avec une petite robe jaune soleil sous le bras, qui ira comme un gant à ma loupiotte dans quelques mois. Je vais bientôt devoir me poser pour donner à manger à mon bébé qui ne va pas tarder à s'impatienter, même si elle n'a rien dit depuis que nous sommes parties. C'est un ange, j'ai de la chance qu'elle soit si calme, alors il faut que je profite avant qu'elle ne grandisse trop et ne se mette à ramper partout pour nous échapper.
Alors que je prends une rue où je ne suis jamais allée pour rejoindre un point où me poser et manger rapidement, je m'arrête devant une devanture de magasin remplie de bric-à-brac, alors que je n'en avais jamais entendu parler avant ça. Vu ce qu'il s'entasse devant, j'ai l'impression de me retrouver dans ma caverne d'Ali Baba personnelle !
Je ne peux m'empêcher d'entrer à l'intérieur avec Moona, et une petite cloche tinte joyeusement à l'instant om nous franchissons le seuil. Il n'y a pas un bruit, j'ai l'impression que nous sommes seules ici.
Alors en attendant de ressortir, je ne peux qu'ouvrir de grands yeux face aux murs couverts d'affiches, d'étagères, de demande d'emploi peut-être déjà vieillies de quelques années. Je ne sais pas où donner de la tête en premier, tant les présentoirs regorgent d'objets hétéroclites. La boutique, minuscule et mal agencée, est presque vide de présence humaine, à l'exception d'un homme qui observe attentivement un objet dont il me cache la vue. Sans plus chercher à savoir, je m'aventure dans les rayons délimités par des meubles eux-mêmes à vendre, essayant de tout voir. Mais je me rends compte que la poussette de Moona est trop grosse pour déambuler comme je le souhaite, alors après l'avoir garé près de la porte et pris ma fille dans les bras, je continue mon tour.
J'observe tout, les bibelots, les carnets, les cadres, les commodes. Je laisse même mes doigts glisser sur les étals, miraculeusement épargné par la poussière grâce au passage d'un plumeau très régulièrement. L'atmosphère dégagée par ce lieu semble figée hors du temps, comme si nos tracas n'arrivaient pas à passer cette barrière qu'est la porte d'entrée. Je suis sur le point de faire demi-tour pour ne pas perdre trop de temps, quand mon regard se pose sur une pochette en cuir usée, dont je devine sans mal le contenu. Malgré moi, je m'approche et l'ouvre d'une main maladroite, faisant glisser dans mes mains des tubes de peintures par dizaines, couleurs époustouflantes pour des pro. Ils n'ont pas l'air d'avoir été beaucoup utilisé, contrairement à la pochette de rangement. En dessous, se trouve une magnifique palette en bois recouverte de peinture séchée qui forment des montagnes et des vallées. Je tombe instantanément amoureuse de cet objet, qu'on aurait pu choisir de gratter ou de jeter, mais qu'on a choisi de garder tel quel. Je serais bien incapable d'y ajouter quelque chose. Pour moi, cet objet devrait être expédié sous scellé au musée du Louvres.
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A contre-corps [Terminé]
RomanceViolaine n'a qu'un amour dans sa vie : son adorable fille pour qui elle donnerait tout, et pour qui elle a tant sacrifié par le passé, sans regrets. Mais quand ses parents déménagent, elle ne peut le supporter, quitte à devoir trouver un autre logem...