Chapitre 4 - Violaine

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Je ne suis vraiment pas en avance

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Je ne suis vraiment pas en avance. J'ai quitté la maison plus tard que d'habitude, et comme je dois marcher — voire courir, je perds encore plus de temps. J'ai raté le départ du bus et je vais être sérieusement en retard, même si j'essaie de défier la grande aiguille qui trotte impitoyablement vers le douze. Heureusement, aujourd'hui, je suis en baskets, et j'ai mis un pantalon avec mon t-shirt obligatoire. Même si la plante de mes pieds est encore un peu douloureuse, je n'ai pas de mal à marcher et c'est toujours ça de gagné. Parce que quitte à courir dans les rues en talons, autant ne pas aller travailler...

Je traverse la rue rapidement, et noue mes cheveux en queue basse sans cesser de me dépêcher. Ensuite, je dégaine mon téléphone pour demander à Alma de me couvrir. Je sais que je peux compter sur la blonde pour faire semblant de parler toute seule dans les vestiaires, comme si j'y étais, et espère de tout cœur que le patron ne sera pas de sortie ! D'habitude, il reste confiné dans ses quartiers à faire des papiers et débattre avec d'autres des futures pièces jouées, et j'espère qu'il restera à sa place. Je ne peux pas me permettre de faire mauvaise impression alors que la dernière fois qu'il a contrôlé notre travail, j'avais des cernes violacés sous les yeux parce que Moona n'avait pas dormi de la nuit — et moi non plus.

— Alma ?

— Qu'est-ce qu'il se passe beauté ?

— Loupé le bus, j'arrive en courant ! soufflé-je en priant pour que me poussent des ailes et que je puisse arriver à temps même si je sais parfaitement que le temps n'est pas compressible.

— T'es où ?

— J'arrive devant mon arrêt habituel...

— Ok, je connais à peu près le coin, je regarde sur maps.

Ma meilleure amie est bien encore plus rapide pour utiliser son téléphone que Moona de me réclamer en me voyant. Je l'entends pester de la lenteur de son engin et je prends la remarque pour moi, donc j'accélère encore un peu. Je dois avoir l'air ridicule aux yeux des passants mais tant pis, je ne peux pas arriver en retard, il y aura bien un autre bus, ou un tram pour arriver à l'heure non ? Je suis toujours en avance d'habitude...

— Attends ! crie Alma dans le micro, et je l'entends taper de ses longs ongles sur l'écran pour me sauver.

Elle habite tout près du théâtre, dans un petit appartement juste pour elle, et pour son mec du moment puisqu'elle n'a jamais de bol en amour. Tous les mecs qui lui tournent autour ne veulent qu'une chose et ce n'est pas une bague de fiançailles. Et Alma tombe systématiquement dans le panneau.

— Demi-tour chérie ! Cours sur l'avenue dans le sens inverse !

Je ne réponds même pas, fais demi-tour sous le regard stupéfait des passants qui flânent ou qui, eux, sont en avance et ont le temps d'observer les autres citadins. Je fais confiance à Alma, mais elle a intérêt à m'expliquer la suite si elle veut que je continue de courir dans le sens inverse de l'endroit où je suis censée me rendre.

A contre-corps [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant