Chapitre 5 - Violaine

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— Juste une excuse alors ? lui demandé-je, alors que je ne comprends pourtant pas vraiment pourquoi il tient autant à me voir, moi, alors que nous ne sommes que deux inconnus, dont une un peu perdue

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— Juste une excuse alors ? lui demandé-je, alors que je ne comprends pourtant pas vraiment pourquoi il tient autant à me voir, moi, alors que nous ne sommes que deux inconnus, dont une un peu perdue.

— Votre amie a été d'une grande aide. Pourquoi vous ne vouliez pas venir ?

Je ne fréquente pas des personnes avec de l'argent. La dernière fois, ça s'est très mal terminé et je ne suis pas près de recommencer. Lui, il me semble le connaître de vue, mais ce n'est pas un client que j'ai l'habitude d'escorter jusqu'à sa place... Et je ne veux pas retomber dans ce monde-là. Je perdais une part de moi, jusqu'à ce qu'on m'offre une bouffée d'oxygène, une sortie de secours qui m'a fait entrapercevoir tout ce que je laissais derrière moi en avançant doucement mais sûrement au fond du tunnel qui me menait à celui qui j'aimais.

Je ne savais pas que j'étais enceinte. J'étais enlisée dans le monde de Davis, tout d'or et d'argent, le tout fondu en une grande cage dont on ne vous montre que la magnifique mangeoire et le perchoir qui se balance sans grincement. Et avant que je ne m'en rende compte, la porte se refermait sur moi comme un piège. Déni de grossesse jusqu'à six mois, et quand je l'ai appris, Davis m'a payé le voyage en Espagne pour que j'avorte, parce qu'il ne voulait qu'une épouse docile et pas d'enfant, le tout implicitement et joliment formulé. J'ai pris le fric, je l'ai donné à quelqu'un qui en avait besoin pour aller là-bas, et le soir-même, je suis rentrée chez mes parents. Je ne suis plus revenue sur mes pas, j'ai laissé ma bague de fiançailles sur la table de nuit, sans même un mot. Je ne le détestais pas, je l'aimais. Vraiment. Mais tout son monde m'étouffait, je n'étais pas taillée pour vivre là-dedans. Entre l'hypocrisie des femmes, le machisme des hommes — bien que ça touche toutes les classes sociales — s'est révélé particulièrement... Enfin, je ne supportais plus tout ça, et cet allé tout frais payés en Espagne a été ma porte de sortie autant que celle d'une autre jeune femme. Je n'avais pas besoin de ce billet de train pour rentrer chez moi, mes parents n'habitaient pas si loin.

Je n'allais certainement pas obéir aux ordres comme un toutou et vivre toute ma vie sous une coupole de beauté et avec une laisse en guise de collier. Même incrustée de dizaines de diamants.

— Juste... marmonné-je, en me rappelant que je dois répondre à sa question. Je n'ai pas l'habitude qu'on demande que j'accompagne, spécifiquement quelqu'un.

— Hé bien alors, je suis content d'être l'un des premiers.

Il se dirige naturellement vers les escaliers, et je le suis, alors que c'est plutôt l'inverse qui est censé se produire. Mais je suis curieuse de savoir ce qu'il me veut, alors je le laisse mener la danse, souriante. Ses yeux noisette cherchent les miens plusieurs fois pour s'assurer que je suis toujours là. Chaque fois qu'il voit que c'est le cas, il me sourit sincèrement, et une fossette apparaît sur sa joue gauche. Une fossette unique qui me pousse à monter plus, même s'il connaît autant que moi le chemin on dirait. J'avais tort hier, elle n'a pas de jumelle mais ça le rend encore plus craquant.

A contre-corps [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant