Seuls ou par petits groupes, les élèves pénétraient dans la cour autour de laquelle se dressent les quatre bâtiments.
Pas d'arbres, mais quelques bancs dont la plupart sont réservés à Quentin et sa bande. J'ai regardé ma montre : il était temps que je lève le camp.
L'année dernière, une guerre avait opposé les Lolitas gothiques à Branlon, le prédécesseur de Quentin ; une trêve avait fini par être conclue quand Opaline, Arantelle et Mélia avaient reconnu à Branlon son statut de Mâle suprême. Un banc leur avait été cédé en gage de paix.
Je me suis adossée à un mur sans quitter le B.G. des yeux. J'étais connue et y avait peu de risque qu'on vînt m'importuner. Mais savait-on jamais.
Les paupières lourdes, le B.G. s'est assis sur le banc, les mains dans les poches et les jambes allongées devant lui.
Aussitôt, Basile et Félicien sont apparus, comme jaillis de nulle part. Des membres du premier cercle quentinien.
Très tranquille, le B.G. leur a parlé tout en se levant. J'étais trop loin pour entendre ce qu'il disait. Mais y avait fort à parier qu'il se défendait adroitement : un type qui s'assied sans se faire déloger à coups de pieds ou à coups de batte, c'est plutôt rare chez nous. En s'éloignant, il leur a fait un petit signe.
Bientôt, la cour a été noire d'élèves. À Cyril Hanouna, y a plus de trois-cents élèves, et il est difficile de se faire une place, surtout pour les 2de.
Une petite brune toute mimi est venue s'installer à ma gauche. À ma droite, un blondinet qui ressemblait à un page. Faut croire que je lui ai plu car il m'a lancé :
— Comment qu'tu t'appelles? Moi c'est Francinet.
— T'es mignon mais chuis pas du genre à décliner mon identité. À moins que tu veuilles que je te la foute dans le c...
Il s'est renfrogné et j'ai eu la paix. Les parents devraient être condamnés à mort pour donner des prénoms pareils à leur gosse.
Dans un coin, de jolies filles se racontaient leurs secrets. J'ai reconnu les pétasses du Cercle Privilège de Lily. À mon grand dépit, j'ai constaté que Sandra en faisait partie.
Bientôt, elles se sont mises à courir, cheveux au vent, tout en riant et en poussant de petits cris. Elles incarnaient l'insouciance, personne les inquiétait. Clarisse, une petite vicieuse aux cheveux blond platine, s'est nichée sous la fenêtre du secrétariat et a sorti une sucette, les yeux aux aguets. J'ai perdu Sandra de vue : Lily lui avait mis le bras autour des épaules et elles se marraient toutes les deux comme des bossues. Mon estomac s'est tordu de jalousie.
La plupart des mecs marchaient en bande. Avez-vous remarqué à quel point ils se sentent forts en bande ? Plus ils sont nombreux, plus ils sont cons. Certains marchaient épaule contre épaule, formant une ligne droite et bousculant les petits sur leur passage. S'il y avait un leader, la ligne droite se transformait en triangle.
De temps à autre, un gus se détachait du groupe. Et c'était à peu près tout le temps pour aborder une meuf. Ils nous baratinaient sous l'œil envieux de leurs camarades qui les observaient de loin sans bouger d'un pouce. Un groupe s'est avancé à la tête duquel se trouvait Dylan Perdieu. Je me le rappelais parfaitement : lors du Mardi Gras de l'année précédente, il s'était ramené avec un costume caca gonflable.
— Eh ! il a dit à la petite mimi qui s'était adossée près de moi. Ah l'bâtard t'as un putain de beau cul de mes couilles !
C'était donc un poète que notre Dylan. Doué de surcroît d'un superpouvoir puisque la demoiselle était dos au mur et que cette partie de son anatomie restait invisible aux regards.
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Le Quoicoubeh monumental
Teen FictionRentrée scolaire de 1re. Un lycée tout pourri. Tout le monde fume des pétards. Quand t'as pas de petit ami, t'es traitée de sac à patates. Les profs pleurent en cours. À part M. Tistic, ils se font tout le temps couper la parole par des QUOICOUBEEEE...