Sandra se tenait assise bien sagement sur le canapé du salon, les mains à plat sur son pantalon taille haute. On aurait dit une automate de luxe qui aurait été élaborée avec amour dans un atelier prestigieux où auraient œuvré les meilleurs artisans.
Je comprenais pourquoi Fifi affichait une mine d'enterrement : elle avait jamais aimé Sandra. Elle la traitait de tepu, de tassepé et de fausse-cul. « Le jour où tu recevras un poignard dans le dos, tu peux être sûre que ce sera elle », m'avait-elle prévenue.
Sandra a battu des paupières sur ses grands yeux noirs et pris sa respiration, ce qui a eu l'effet d'attirer mon regard sur son décolleté. J'enviais ses seins en forme de pommes. Le haut en était délicieusement bombé. Je me suis assise en face d'elle sur une petite chaise.
— Sandy, qu'est-ce que je peux faire pour toi ? je lui ai demandé.
— Quentin veut bien de wam, elle m'a dit.
— Super ! j'ai dit sans conviction. Et surtout bon courage !
— Il y met une seule condition : que je te persuade de coucher avec lui.
Évidemment.
— Ça te dérange pas de passer après moi ? je lui ai demandé d'une voix douce.
— Pas du tout, elle m'a certifié avec un grand sourire de biatch. T'es ma bestah, je partage tout avec toi.
J'ai soupiré.
— Lâche ce blaireau, je lui ai dit. C'est pas les keums qui manquent, bordel.
— Impossible, tu sais bien. Aucune fille n'a le droit d'avoir un petit ami à moins d'avoir été adoubée par Quentin.
Être adoubée, cela signifie passer à la casserole avant d'être étiquetée consommable par le Thug Ultime.
— Dans ce cas, j'ai dit, patiente un peu.
— Ce sera trop tard.
— Trop tard ? À ton âge ?
J'ai éclaté de rire. Décidément, ma copine était impayable.
À ce moment du récit, il y a un Action ou Vérité. C'est obligé. Cela offre à l'un des personnages l'occasion d'avouer ses sentiments pour un autre personnage. Par exemple, l'intellote avoue son amour pour le bad boy. On trouve des Action ou Vérité dans tous les romans young adult. Seul problème : je déteste. Pardonnez ma vulgarité mais JE ME TORCHE LE C... de ce truc de gamins. Pas question que je m'abaisse à y jouer.
— Sandra, tu me caches quelque chose, j'ai dit. Alors accouche et épargne-moi le forceps, je suis lasse de tes jérémiades.
— Mais je te cache rien, elle a minaudé.
Ses cils ont recommencé à battre sur ses grands yeux noirs et mon cœur s'est serré à l'idée que cette fille sublime se ferait éclater le pucelage par Quentin.
— Bien sûr que si, j'ai dit. Je te connais ma mignonne : tu te mettrais pas dans tous tes états juste pour te faire tringler par une petite raclure. Je sais qu'il porte une énorme raie dans ses cheveux mi-longs de blondinet pété de thune mais il en faut plus pour t'impressionner.
— T'as raison, elle m'a dit en rosissant.
Ça l'a rendue plus belle encore.
— En réalité, t'as besoin de sa permission pour coucher avec un autre.
— Ouiiiiii, elle m'a dit.
— QUI ? j'ai crié.
Elle a rougi jusqu'à la racine des cheveux et elle a fini par lâcher le morceau :
— Marius.
Je le savais. La façon dont Sandra, depuis l'année dernière, regardait ce mec m'avait mis la puce à l'oreille. Marius, c'était franchement autre chose que cet ignoble trou de balle de Quentin. J'avais jamais vraiment cru aux proclamations d'amour de Sandra pour le Thug Ultime.
Elle s'était humiliée. Elle avait crié sur tous les toits qu'elle était raide dingue de ce branleur de mes deux. Tout ça afin de passer une nuit avec le Mâle Suprême et d'obtenir un passeport pour la baise.
— Marius est encore libre, Jennif' ! Mais ça va pas durer. J'AI PEUR ! Il va finir par me passer sous le nez. Y a forcément une salope qui va me le prendre, il est trop beau.
Sa beauté irradiait à un tel point que j'avais du mal à me concentrer que ce qu'elle disait. Elle aurait pu proférer les pires insanités que cela m'aurait pas autrement perturbée. Peu importait ce qu'elle déblatérait, c'était franchement pas humain d'être aussi belle que ça.
Elle était plus que parfaite : proportions idéales du visage, grands yeux attendrissants, seins de la damnation, vitalité de la chevelure, taille de guêpe. Peut-être ses jambes étaient-elles un chouia trop courtes : j'en étais même pas sûre, j'ai tendance à être sévère sur cette question vu que les miennes sont interminables.
J'ai soupiré.
— Attends d'être sortie de ce bahut, je lui ai dit.
— Mais il sera déjà avec une autre, je te dis ! Et puis, en admettant qu'il soit encore célib', qu'est-ce qui te prouve qu'il voudra de wam ? Alors qu'avec le système de Quentin, je peux l'avoir tout de suite à mes pieds !
— Plutôt crever que de coucher avec Quentin.
Elle s'est mise à pleurer.
— Merde, Jennif ! T'es ma bestah, tu devrais comprendre ! Je me demande parfois si t'es pas un pur esprit. Comment t'expliquer que je meurs d'envie de me faire embrocher, besogner, marteau-pilonner par Marius ? Trop la hess d'être une grosse pucelle, chuis en iench, j'ai des besoins ardents de ouf d'être ken par tous les trous, ma vieille ! Chuis plus une enfant, ma virginité n'a que trop duré !!!...
— T'as vraiment envie que ce soit ce fils de p... qui te fasse sauter ton bouton de rose ?
— Putain, elle a hurlé, t'as vu comment je suis gaulée ? Je suis faite pour l'amour, moi ! J'en peux plus d'attendre ! Tu sais combien de fois par jour je me branle ?
Bordel, j'avais pas envie de savoir ça...
— Staïve, j'ai dit. Changeons de sujet.
— Jusqu'à cinq ou six fois ! elle a crié en se levant. Et ça me calme pas ! JE VEUX ÊTRE DÉVIERGÉE ! MEEEEEERDE !!!
Ma mère et Fifi ont ouvert la porte et je leur ai fait signe que c'était pas grave.
Je me suis assise à côté de Sandra et je l'ai prise dans mes bras. Elle était trop cute.
Il paraît que j'ai le reiki, tout le monde me le dit. C'est une espèce de pouvoir des mains. Je peux apaiser les personnes en les prenant dans mes bras.
— Tu veux dormir ici ? j'ai demandé à Sandra.
Les joues baignées de larmes, elle a battu des cils, m'a adressé un regard trop kawaï et a hoché du chef. Jamais je l'avais trouvée aussi belle.
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Je suis vraiment désolée pour ce chapitre qui n'est pas rédigé dans un langage très châtié... J'adore mettre en scène Sandra, même si c'est une fille très éloignée de ce que je suis... Elle réserve beaucoup de surprises dans les chapitres suivants !
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Le Quoicoubeh monumental
Teen FictionRentrée scolaire de 1re. Un lycée tout pourri. Tout le monde fume des pétards. Quand t'as pas de petit ami, t'es traitée de sac à patates. Les profs pleurent en cours. À part M. Tistic, ils se font tout le temps couper la parole par des QUOICOUBEEEE...