Chapitre 2

2K 67 5
                                        


24 mai 2023 – 02h15 – Monaco

Allongé à plat ventre sur mon canapé depuis une bonne demi-heure, je descends mon fil d'actualité Instagram sans grande conviction. Je devrais déjà dormir à cette heure-ci mais je suis incapable de poser mon cerveau. Je réponds à quelques message, consulte mes mentions et les photos sur lesquelles j'ai été identifié. Quelques clichés de la soirée de l'association sont déjà sortis. On m'y voit sur scène, avec Arthur, en train de discuter avec le fondateur ou encore en train de danser un peu plus tard dans la nuit. Je les consulte toutes dans l'espoir d'en trouve une avec Lise. Ou Liv. Peu importe. Mais c'est peine perdu, elle n'apparait nulle part. Je tape désespérément son nom et son prénom dans la barre de recherche de l'application mais me rend vite à l'évidence que les comptes qui apparaissent sous mes yeux ne sont pas celui de la pianiste de hier soir. Alain s'était bien planté sur son prénom, il aurait pu en faire de même avec son nom de famille vu le peu de considération qu'il avait l'air de lui porter ... Rien sur Instagram, rien sur Facebook, ni même sur Twitter. Sans que je puisse me l'expliquer, je ressens le besoin de retrouver cette fille. Peut-être est-ce parce qu'elle a été touchée par mon art ?

Je finis par quitter mon téléphone pour aller prendre une douche. Ma maison est silencieuse, et le calme le plus total règne dans la rue. C'est tellement rare que ça en devient étrange. Moi qui d'habitude n'ait pas une seconde pour souffler, je me retrouve debout dans ma salle de bain sans savoir quoi faire pour m'occuper l'esprit. Je pense alors au Grand Prix, à mon Grand Prix, qui n'a jamais été aussi proche. Je suis impatient et plus motivé jamais pour faire une belle performance et faire taire les nombreuses critiques qui m'accable. Je veux briller ici, chez moi, et rendre fières toutes les personnes qui se sont sacrifiées pour que j'en arrive là. En tout premier lieu mes parents. Même si mon père n'est plus là pour me le dire, je sais qu'il veille sur toute la famille.

Je secoue la tête et mon cerveau se reconnecte à la réalité. Il est grand temps que j'aille me mettre au lit. Je n'aime pas mon plonger si loin dans mes idées, ça me mine toujours le moral. Demain sera un autre jour.

24 mai 2023 – 09h10 – Monaco

Le réveil est difficile et il a un gout d'inachevé. Toujours frustré de ne pas avoir percer à jour la véritable identité de la musicienne, je me dirige vers la cuisine en quête d'un petit déjeuner. Je meurs de faim. Hormis les quelques coupes de champagne que l'on m'a servi, je n'ai pas eu grand-chose à me mettre sous la dent. Les paroles d'Alain me reviennent en tête : "une étudiante du conservatoire de Nice". J'ai encore quelques heures devant moi avant de retrouver toute l'équipe de Ferrari. Peut-être qu'un petit tour en France s'impose.

Sans plus réfléchir, j'enfile des vêtements propres, j'attrape les clés de ma voiture et sors de chez moi en claquant la porte. Les routes sont un peu plus dégagées à cette heure-ci. J'arrive donc assez rapidement à ma destination. Je reste quelques minutes dans mon véhicule, à regarder l'imposant bâtiment. Que ce que je suis en train de faire au juste ? Je n'ai pas la moindre idée, mais je devrais peut-être m'inquiéter pour ma propre santé mentale. Mais plus question de reculer maintenant que je suis ici. Je m'extrais de ma voiture et me dirige rapidement vers la grande porte vitrée du conservatoire. Je n'y ai jamais mis les pieds et je ne pensais clairement pas le faire un jour. Taper quelques accords sur mon clavier m'a toujours largement suffi.

Je m'attendais à un lieu rempli de bruits d'instruments de toutes sortes. À la place de cela, c'est un immense silence qui règne dans le hall principal. Une simple feuille A4 placardée sur un grand tableau m'indique que le seul cours qui a lieu en ce moment même se trouve être dans la salle 4. Alors que je m'apprêtais à m'y rendre, je suis coupé dans mon élan par la sonnerie de mon téléphone. Pierre ... Qu'est-ce qu'il me veut encore celui-là.

- Mec, t'es en roue libre ou quoi ? me questionne-t-il sans détour

- Pardon mais qu'est-ce qu'il t'arrive ?

- Je te retournes la question ! Qu'est-ce que tu branles au conservatoire de musique de Nice ? Ça y est, tu abandonnes la F1 ? Tu comptes devenir le nouveau pianiste de Beyoncé ?

- Comment tu sais où est-ce que je me trouve ? Je te jure tu me fais flipper des fois, annonçai-je

- Charles, dès que tu respires il y a tout Twitter qui s'affole. Alors crois-moi ta petite virée en France ne passe pas inaperçue. Tu as mis un très beau tee-shirt aujourd'hui d'ailleurs

- Bon écoutes Pierrot, fous moi la paix et je t'expliquerais tout ça plus tard tu veux ?

- T'es trop chelou, finalement je crois que je veux même plus savoir. Ciao Jean-Jacques Goldman

- Ouais c'est ça, à plus, dis-je en raccrochant

On peut même plus vivre tranquille, c'est fou. Je range mon téléphone dans ma poche et poursuis mon chemin jusqu'à la salle 4. Des bruits de piano se font entendre alors que j'avance doucement dans le couloir. Juste quelques notes éparpillées. Ce doit sans doute être le cours des débutants.

Persuadé de cette idée, je pousse la porte dans la salle sans me poser une seule question. Celle-ci s'ouvre sur un grand auditorium avec une scène en contre-bas sur laquelle trône un magnifique piano à queue. Les notes de musique cessent dès l'instant où la porte claque derrière moi et cinq têtes se tournent dans ma direction

- Vous n'avez pas le droit d'être ici Monsieur, il s'agit d'une répétition privée, m'indique sèchement une dame vêtue d'un tailleur

- Euh ... oui, désolé. Je me suis perdu, mentis-je en m'apprêtant à faire demi-tour

- Il est avec moi, Madame Fessy. Je vous demande juste un instant, prononça une voix féminine

- Cinq minutes Liv. Pas une de plus, repris ce que j'imaginais être la cheffe d'orchestre

Je fis volte-face pour voir la jeune femme monter les escaliers rapidement. Elle m'attrapa vivement par le bras et me tira en dehors de la salle.

- Qu'est-ce que vous faites ici ? chuchota-t-elle, l'air énervé, en s'agrippant toujours ferment à moi

- Je, euh ... voulais me renseigner pour des leçons de piano 

CODE ROUGEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant