Chapitre 13

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10 juin – Le Mans – PDV Liv

J'avais l'impression que trois journées s'étaient déjà écoulées depuis mon réveil. Charles et moi avions pris son jet privé dans la matinée afin de nous rendre jusqu'au Mans. Le monégasque avait, pour reprendre ses mots, "oublié" de me parler de la présence de Joris avec nous pour le déplacement. Il m'avait présenté comme une amie à lui, rencontrée il y a quelques semaines. Étrangement, cette description m'avait laissé un goût amer dans la bouche. Je n'eus pas l'occasion de faire plus ample connaissance avec Joris puisque les deux hommes avaient discuté entre eux durant tout le trajet.

Le départ de la course avait lieu dans un peu moins d'une heure et je suivais présentement Charles et Joris dans un labyrinthe de couloirs sensés nous mener je ne sais où. Le pilote se retournais de temps à autre pour s'assurer de ma présence. Nous avions à peine pu échanger un mot depuis notre départ ce matin. Quelques personnes prenaient des photos ou demandaient des autographes. Hormis cela, toute l'attention du numéro 16 était monopolisée par son ami. C'était comme si je n'existais pas. Mais dans un sens, je m'étais toujours persuadée qu'être invisible permettait d'éviter les problèmes ou toute situation embarrassante. Ça me convenait alors pour le moment. 

Nous arrivâmes enfin dans les quartiers de Ferrari. Manifestement, Charles était attendu puisque tout le monde l'accueilli à bras ouvert. Pendant que les discussions en français, en anglais ou encore en italien se mélangeait, je me plaçai en retrait dans un coin de la pièce. Les yeux du jeune homme croisèrent les miens après de longues minutes. Il dû y apercevoir une sorte de détresse puisqu'il interrompit sa discussion pour se diriger vers moi.

« - Ça va ? interrogea-t-il directement

- Oui merci et toi ? demandai-je en retour

- Je te demande pas ça simplement pour être poli Liv. T'as pas l'air à l'aise

- Non en effet je le suis pas trop, avouai-je. Tu m'as presque pas parlé de toute la journée Charles. Et Joris non plus d'ailleurs mais bon ça encore je peux le comprendre. On dirait que t'as oublié que j'étais là alors que tu m'avais promis de pas me laisser pourrir dans un coin

- D'accord, j'admets que j'ai pas assuré du tout. J'ai pas l'habitude d'avoir quelqu'un avec moi. Autre que Joris je veux dire. À lui par exemple je peux pas lui dire que je le trouve très charmante avec cette robe, chuchota le brun proche de mon oreille. Viens, on va faire un tour ».

Sa main vint délicatement saisir la mienne et m'entraina vers l'extérieur, si bien qu'il ne me vit pas rougir. Nous descendîmes vers le bord du circuit où Charles me parlait avec passion de toutes les voitures présentes. Il se confia sur son envie de participer lui aussi à cette course mythique plus tard dans sa carrière. Son pouce dessinait des petits cercles sur le mien tandis que je l'observais attentivement. C'est à ce moment-là que je me rendis compte de sa beauté. Ses yeux brillaient avec le soleil et des fossettes se dessinaient sur chacune de ses joues lorsqu'il souriait

« - Tu m'écoute plus là, je me trompe ?

- Si, bien sûr que si, affirmai-je faussement

- T'es mignonne mais tu sais vraiment pas mentir. T'étais en train de me bouffer des yeux, tu peux pas nier. En même temps je comprends, je suis super séduisant comme mec

- Quelle modestie dis donc, observai-je. Tu es toujours aussi humble

- Mais ça me flatte que tu me considères comme ça hein ! Je vais juste retenir que ta capacité de concentration est limitée quand je te parle automobile, conclut le monégasque. On va remonter pour regarder le départ de toute façon »

De retour au-dessus de la pit-lane avec une partie de l'équipe Ferrari, Joris sauta presque sur Charles dès que ce dernier eu franchit la porte de la pièce

« - T'étais où mec ? questionna-t-il.

- En bas, je faisais faire un tour à Liv pourquoi ? J'ai loupé quelque chose ?

- Rien rien, t'inquiète. C'est juste que je trouve ça navrant de te voir draguer comme ça »

Charles ne répondit pas, mais je pu constater son regard changer et les muscles de sa mâchoire se contracter. Les deux garçons se tuèrent des yeux  en silence durant une minute qui sembla durée une éternité avant que le pilote ne se détourne et ne m'entraine plus loin.

« - Je suis vraiment désolé, s'excusa-t-il. Je sais pas ce qui lui prend. Ça regarde que moi si j'ai envie de te draguer ou pas. Et j'en ai envie donc je fais encore ce que je veux.

- Charles !

- Roh fais pas l'innocente hein ... C'est attendrissant quand tu rougis. Peut-être que je fais un peu exprès de te déstabiliser du coup.

- T'abuses vraiment, m'indignai-je en lui donnant un léger coup sur le bras qui ne le fit même pas sourciller 

- Allez on se reconcentre Nielsen, la course va bientôt partir »

La vue sur la zone de départ était imprenable. Charles se plaça derrière moi, de sorte à ce que mon dos se retrouve collé à son torse. Je sentais son souffle chaud sur l'arrière de mon crâne. Quelques secondes après, les voitures passaient à toutes vitesses sous nos yeux. Les Ferrari étaient bien placées, ce qui eut pour effet de lui décrocher un cri de satisfaction.

La première partie de la course fût agréable à regarder. Mon guide du week-end ne cessait de me donner des détails techniques entre deux jurons lorsqu'un concurrent sortait de la piste. La nuit tomba et les véhicules continuaient à défiler. Nous regardâmes le feu d'artifice côte à côte, ma tête reposée légèrement sur l'épaule de Charles. Il était près d'une heure du matin lorsque nous rejoignîmes finalement l'hôtel dans lequel le monégasque avait réservé nos chambres. Je rêvais d'une bonne douche et d'un lit bien confortable. Il m'accompagna jusqu'à la porte ma chambre pour soi-disant s'assurer de ma sécurité.

« - Va parler avec Joris. Vous allez pas vous embrouillez pour rien comme ça là. Si tu assumes tant que ça de me draguer alors il y a pas problème non ?

- J'ai pas envie qu'il te manque de respect c'est tout, affirma-t-il tout en baillant

- Si tu le dis. Au lit Leclerc, tu vas tomber de fatigue là ...

- Je suis déjà tombé amoureux, alors tombé de fatigue ça devrait pas faire trop mal ça va

- Woah mais tu enchaines les disquettes ce soir c'est de la folie, observai-je en rigolant doucement

- J'essaie juste de te tendre des perches pour que tu me supplies de rester avec toi cette nuit

- T'épuises pas, ça arrivera pas ce soir

- C'est bien dommage, chuchota-t-il en me prenant dans ses bras. Ah pour une fois tes cheveux sentent pas trop mauvais

- Tais toi et laisses moi profiter je t'en supplie, demandai-je en passant mes mains autour de sa taille et en posant ma tête contre son torse.

Nous restâmes dans cette position quelques instants jusqu'à ce que je sente ses lèvres effleurer le haut de ma tête. C'était signe que cette accolade était terminée.

- Bonne nuit Liv, prononça Charles en desserrant son étreinte

- Bonne nuit, et merci pour cette journée

- Aucun problème beauté. Rendez-vous demain pour de nouvelles aventures. Mais en attendant tu sais où me trouver cette nuit si jamais tu as peur du noir, plaisanta le pilote en s'éloignant dans le couloir » 

CODE ROUGEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant