Chapitre 29

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1er  septembre – Monza – PDV Liv

L'atmosphère qui régnait à Monza était électrique. J'étais arrivée la veille, tard le soir, et je n'étais pas sortie de la chambre d'hôtel depuis. Néanmoins, je pouvais entendre les fans à l'extérieur qui scandaient le prénom de Charles sans jamais s'arrêter. Leur soutient était inconditionnel et le pilote leur rendait bien. Le monégasque était extrêmement fier de me montrer toute cette effervescence autour de ce week-end si attendu. Il avait quitté notre chambre assez tôt dans la matinée pour rejoindre le paddock en vue des essais libres. J'étais encore endormie à son départ.

J'essayais vainement de me maquiller avec un bras dans le plâtre quand trois coups retentirent contre la porte. Je retins mon souffle quelques secondes avant que les coups résonnent à nouveau. Depuis que Matthieu m'avait retrouvé en boite de nuit quelques soirs auparavant, j'étais mal à l'aise à l'idée de rester seule et surtout apeurée assez rapidement dans toutes les situations. Je posai mon mascara et allai attraper le petit spray au poivre que Charles avait glissé dans mon sac depuis cette fameuse soirée. Mon coeur battait contre mes tempes, tous mes sens étaient en alerte.

« - C'est qui ? interrogeai-je en me rapprochant de la porte

J'entendis simplement un soupir puis à nouveau des coups. Je resserrai ma main autour du spray au poivre avant d'enclencher la poignée pour tomber sur ...

- Joris ? Qu'est-ce que tu me veux ? demandai-je en abaissant mon arme

- Quel accueil charmant, souligna-t-il en levant les sourcils. J'en attendais pas moins de ta part

Son ton était cassant et son attitude nonchalante. Notre relation ne s'était pas grandement améliorée depuis que nous nous étions rencontrés. Joris semblait attendre un faux pas de ma part qui lui confirmerais que je ne fréquentais Charles que par intérêt. J'essayais de ne pas me focaliser sur son avis concernant mon couple, mais sa proximité avec Charles impliquait de nous voir régulièrement. Un peu trop à mon gôut.

- Je réitère la question parce que t'as pas l'air d'avoir mis tes appareils auditifs ce matin, soupirai-je. Qu'est-ce que tu veux ?

- Charles est occupé, il m'a demandé de venir te chercher pour voir si tu voulais venir sur le paddock. Donc me voilà, répondit le jeune homme en levant les yeux au ciel

- Quelle amabilité de ta part, je te remercie. Je suis prête à y aller, annonçai-je en rangeant le spray au poivre dans mon sac

- Tu passeras pas la sécurité avec ce truc Liv, t'as peur de mourir sur la route ou quoi ? se moqua Joris

Un blanc s'insinua entre nous. Nos yeux se croisèrent. Je rompis ce contact visuel presque immédiatement en baissant mes yeux pour attraper mes chaussures et les enfiler tant bien que mal. Joris dû tout de même percevoir une sorte de détresse dans mon regard

- On peut dire ça oui, avouai-je en tentant de faire mes lacets

- Je suis désolé, murmura-t-il si bas que j'eu presque du mal à l'entendre. Charles m'a expliqué la situation, je devrais pas me moquer de ça.

- C'est pas grave, c'est pas important, conclus-je en me redressant, voulant esquiver ce sujet le plus vite possible. J'arrive pas à nouer mes lacets

- Et je suis sensé faire quoi de cette information ? hasarda le blond

- J'ai pas d'autres paires de chaussures, indiquai-je. Charles les attache pour moi

- T'es pas sérieuse ?

- Si, chuchotai-je

- Oh purée, soupira Joris avant de se mettre à genoux devant moi. T'as pas intérêt de raconter que j'ai fais ça »

Une vingtaine de minutes plus tard, nous remontions le paddock en direction de l'hospitalité Ferrari. Lunettes de soleil sur le nez (et casquette McLaren sur la tête), j'essayais d'ignorer les regards qui se tournaient en direction de Joris et moi. Il faut dire que je ne passais pas vraiment inaperçue avec mon plâtre. Je tournai la tête quand nous passâmes devant chez McLaren dans l'espoir d'apercevoir Lando. Depuis que je l'avais retrouvé avec ma meilleure amie dans ses bras le soir de mon accident, le britannique faisait tout son possible pour m'éviter. Je fus sortie de mes pensées par un toussotement de Joris, qui me tenait la porte des bâtiments Ferrari. J'abandonnai le jeune homme et montai sans plus attendre les escaliers quatre à quatre pour rejoindre le motor-home de Charles. Je poussais la porte sans toquer et me retrouvai nez à nez avec un femme blonde qui me dévisageait. Des yeux bleus semblables à ceux de Charles me fixaient tandis que je restais figée.

« - Je suis désolée, je vais repasser, parvins-je à prononcer en refermant la porte. »

Je me précipitai dans le motor-home de Carlos, qui était avachi à regarder son téléphone.

« - Je peux t'aider ? interrogea le numéro 55 en levant les sourcils alors que je refermais la porte derrière moi

- Si tu sais me dire qui est la personne actuellement avec Charles alors oui, tu peux m'aider.

- Ça doit être sa mère pourquoi ? Oh bordel je sais pourquoi, c'est la première fois que vous vous rencontrez. Génial, j'ai l'impression de vivre dans une télénovela grâce à toi. Comment ça s'est passé ? questionna le brun en se redressant

- Je crois que j'ai eu un bug pendant une minute et j'ai couru jusqu'ici quand mon cerveau s'est remis en marche, avouai-je. Elle va me prendre pour une folle

La porte de la pièce s'entrouvrit doucement pour laisser passer la tête de Charles

- Bonjour mon cœur. Et bonjour Liv aussi, plaisanta-t-il. Quand tu auras repris tes esprits tu reviendras vers nous. Ma mère m'a déjà dit que tu semblais avoir de beaux cheveux.

Le monégasque repartit aussitôt et je me tournais vers Carlos

- Elle m'a aussi dit que j'avais de beaux cheveux quand je l'ai rencontré. Elle est très professionnelle, affirma l'espagnol en passant une main dans sa chevelure »

Je soupirai, dépitée par son si faible soutien, avant de rassembler tout mon courage et de rejoindre Charles en compagnie de sa mère. Je pénétrais doucement dans la pièce en cherchant mon petit-ami du regard. Pour la deuxième fois en moins de dix minutes, mes yeux rencontrèrent ceux de Pascale dont le visage se fendit instantanément d'un immense sourire

« - Oh Liv, depuis le temps que j'entend parler de toi, déclara-t-elle en me prenant dans ses bras. Bienvenue dans la famille Leclerc jeune fille. »

Soudainement, un poids immense quitta mes épaules. Je rendis son étreinte à la mère de Charles tout en souriant à moi-même. Les présentations étaient faites. J'étais (presque) une Leclerc. 

CODE ROUGEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant