Chapitre 10

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31 mai – Barcelone – PDV Charles

L'air espagnol était étouffant. Carlos, lui, était aux anges d'être chez lui. Il m'avait prévu tout un parcours de visite à réaliser avant le début des hostilités. J'avais à cœur de rebondir après les difficultés que j'avais rencontré à Monaco. La soirée de la veille avec Liv m'avait permis de me déconnecter un peu de tout cela et de recharger mes batteries. Je n'avais pas eu de nouvelle de sa part depuis, mais je repensais à notre sortie le sourire aux lèvres. La nuit commençait à tomber sur les terres espagnoles mais la chaleur persistait. Carlos et moi avions choisi d'aller marcher proche de la mer pour profiter du coucher de soleil. Nous nous arrêtions prendre quelques photos mais l'endroit restait plutôt calme. Le natif du pays me surprit à consulter mon téléphone pour ce qui devait être la trentième fois de la soirée.

« - Comment va ton amie ? demanda-t-il

- Qui ça ? Liv ?

- Pourquoi ? Il y en a d'autres ? rigola Carlos

- Non, bien-sûr que non. Elle va bien, et elle a bien aimé ta petite vidéo de l'autre jour, répondis-je en riant

- Haha tant mieux. Tu lui explique la formule 1 j'espère ?

- Évidement ! Elle s'intéresse beaucoup. Je pense que je vais réussir à en faire une fan de Ferrari, annonçai-je plein de confiance

- Une fan de Ferrari ou une fan de Charles Leclerc ? questionna l'espagnol le sourire aux lèvres

- Un peu des deux j'espère quand même !

Nous rigolâmes avant qu'un silence s'installe entre nous. Je sentais que mon coéquipier avait d'autres questions en tête mais qu'il n'osait pas me les poser directement.

- C'est pas ma copine Carlos. Je l'apprécie mais on est simplement amis

- J'ai rien demandé ! s'exclama le pilote en levant les mains en l'air

- Oui mais tu le penses tellement fort que c'est tout comme franchement. Je commence à un peu trop bien te connaitre.

- Excuse-moi mais c'est toi le Don Juan qui arrête pas de regarder son téléphone désespérément. Donc forcément j'ai envie d'en savoir plus

- Mais si je te raconte pas c'est simplement parce que tu vas t'empresser d'aller répéter ça à Lando et que, par conséquent, l'intégralité du paddock va connaitre cette histoire, observai-je

- Por favor Charles !! Je serai une tombe, c'est promis, implora-t-il en m'agrippant par les épaules pour me secouer.

- Bon d'accord, d'accord, avouai-je vaincu. J'ai rencontré Liv juste avant le GP de Monaco, au cours d'une soirée où elle jouait du piano. Je l'ai recroisée quelques fois, on a beaucoup discuté. De piano et de F1. Elle y connait vraiment rien, je sais même pas si elle a le permis de conduire à vrai dire, mais elle s'intéresse et je trouve ça attendrissant. Sa meilleure amie est super fan elle. Mais enfin bref, je l'ai invitée au restaurant hier soir, c'était un super moment.

- Tu l'as embrassé ? interrogea mon ami sans détour

- Non, j'essaie de prendre mon temps. Et qui t'a dit que j'avais envie de l'embrasser d'abord ?

- Réveille-toi mate, t'attend quoi ?? Regarde-toi un peu quand tu parles d'elle, évidement que tu as envie. On va aller à Maranello dans quelques jours, invite-la

- T'es complètement malade, déclarai-je en stoppant ma marche. Je la connais depuis même pas deux semaines. Elle est beaucoup trop timide et réservée. J'aimerais déjà qu'elle s'habitude à moi avant qu'elle foute les pieds dans ce bourbier qu'est la formule 1. Je veux pas la jeter dans la gueule des journalistes.

- C'est dommage, conclut Carlos en soupirant. J'aimerais bien la rencontrer.

- Un jour peut-être. Mais en attendant, je veux bien que tu saches que je te tue si jamais tu répètes ne serait-ce qu'un seul mot de tout ce que je t'ai dit. Compris ? »

Mon coéquipier et moi changeâmes de sujet et fîmes demi-tour pour rentre vers notre hôtel. Une grosse journée m'attendait demain mais je n'avais pas envie de dormir tout de suite. Une fois arrivés, Carlos monta dans sa chambre tandis que je me dirigeais vers la piscine. Je m'assis au bord du bassin et laissai tomber mes pieds dans l'eau. J'étais seul, éclairé simplement par les lumières qui bordaient les murs extérieurs de l'hôtel. Je repensais aux paroles de mon ami un peu plus tôt dans la soirée. Peut-être bien que j'avais en effet envie d'embrasser Liv. En particulier quand fronçait les sourcils lorsqu'elle ne comprenait pas ma réponse à propos d'une de ses questions sur la F1. Mais je me refusais d'aller trop vite au risque de la perde. La pianiste me semblait être une personne sensible, et je ne connaissais que peu de choses d'elle. Je me surpris à sourire tout seul. Sans plus réfléchir, j'attrapai mon téléphone qui était dans ma poche, le déverrouillai et appuya sur son prénom. Quelques sonneries retentirent dans mon oreille avant qu'une voix ma parvienne

« - Allo ?

- Salut, c'est Charles, annonçai-je

- Dommage, j'aurais préféré Carlos, pouffa la jeune femme au bout du fil

- C'est que tu en manque pas une toi dis donc

- Ça me va aussi de discuter avec toi. Tu es bien arrivé en Espagne ?

- Oui parfait. Il fait chaud, j'ai les pieds dans la piscine, expliquai-je. Je m'inquiétais de pas avoir de tes nouvelles

- J'ai voulu t'envoyer un message plusieurs fois dans la journée mais j'avais peur de te déranger, avoua la musicienne d'un air coupable

- Liv tu sais c'est pas parce que je suis ni France ni à Monaco que tu peux pas me parler. Au contraire même, ça me fait plaisir qu'on puisse discuter même en étant loin. Certes je serais parfois un peu occupé mais te retiens pas d'envoyer des messages s'il te plait

- D'accord, j'y penserai, promit-elle. Merci pour la soirée de hier, j'ai vraiment beaucoup apprécié

- Moi aussi, affirmai-je en souriant silencieusement

- Mais c'était pas vraiment prévu qu'on mange un repas complet. Dis-moi combien je te dois

- Zéro euro et zéro centime. C'est moi qui t'invite et c'est non négociable

- Ça me gêne, protesta Liv

- Pas moi haha. Ça me fait plaisir. J'espère que tu prends soin de mon pull

- C'est promis ! Il sent bon, j'aime bien. Je te le rendrai la prochaine fois qu'on se voit

- Ça veut donc dire qu'il y aura une prochaine fois ? questionnai-je naïvement

- Oui. J'aimerais bien en tout cas, chuchota-t-elle

- Moi aussi, j'ai hâte. J'attends toujours mes cours de piano

Nous parlâmes ainsi pendant encore de longues minutes. Le froid de l'eau commençait à engourdir mes pieds et j'entendais la voix de Liv de plus en plus fatiguée.

- Je travaille demain Charles. Il est tard il faut que j'aille dormir

- J'avais pas vu l'heure, expliquai-je surpris de constater à quel point le temps était passé vite. Vas-y vite. Il faut être en forme pour accueillir tous ces bébés. Bon courage. Je t'admire sincèrement.

- Merci beaucoup, répondit-elle. C'est un trop beau métier, pas besoin de courage quand on voit tous ces nouveau-nés et ces parents comblés. Passe une bonne nuit. À demain !

- À demain Liv. Et te prive pas de m'écrire si tu en as envie

- C'est pareil pour toi, prononça-t-elle avant de raccrocher »

Je remontai rapidement dans ma chambre et m'affalai sur le lit. Je n'avais pas abordé l'idée de Maranello avec Liv, toujours persuadé qu'il ne s'agissait pas d'une bonne idée pour le moment. Il y aurait d'autres occasions. Je me rendis directement sur Instagram et y découvrit la story de Hannah, republiée par Liv. On y voyait les deux amies attablées autour d'un café. Je reconnu immédiatement mon pull sur les épaules de la blonde. Je répondis à la photo par un simple message : "J'espère que Hannah est pas trop jalouse de ton outfit 😉" 

CODE ROUGEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant