MYAJe ne suis pas du matin. Je ne suis pas du matin et Olivia devrait le savoir depuis le temps. Alors pourquoi est-elle en train de tambouriner à ma porte comme si Hadès lui même était à ses trousses ?
— MYA ! OUVRE !
Sa voix traverse la cloison sans difficulté vu le décibel qu'elle est capable d'atteindre. Seul un grognement à peine humain lui répond. Il est hors de question que je quitte le confort de ma couette, même pour elle.
— TU NE ME LAISSE PAS LE CHOIX. JE VAIS CHANTER JUSQU'A CE QUE TU OUVRE. TU T'EXPLIQUERAS AVEC TES VOISINS.
Elle n'osera pas. Elle sait à quel point ma voisine du dessous, madame Murfy, est tatillonne sur les règles de vie a respecter en communauté. Je l'ai vu cogner à ma porte pour moins que ça.
— ALL BYYYY MYYYY SELLLLLLF !
Elle ose. Et me voilà obligée de sauter hors de mon lit pour aller déverrouiller la porte avant qu'elle ne réveille tout le voisinage. Un coup d'œil à l'horloge et je me rends compte qu'il est 6 heures 45 du matin. Elle va me le payer.
— Entre et tais toi, par pitié ! je grogne à son intention en lui laissant le passage pour rentrer.
— Quoi ? Tu n'aime pas mes vocalises ?
— A cette heure ci ? Pas spécialement, non. Café ?
— Évidemment.
J'analyse sa tenue. Elle porte une petite robe dorée, chaussée d'escarpins avec des talons de 15 centimètres. Je me demande encore comment elle fait pour ne pas y laisser une cheville. Ses cheveux dorés sont en pagailles. Le mascara, qui a quitté ses longs cils qui bordent des yeux bleus, se retrouve sur ses pommettes aussi blanches que le reste de sa peau. Son rouge à lèvre a également migré de sa place initiale pour finir sur son menton. Son allure me confirme qu'elle sort de soirée. Comme 90 pourcents de son temps. Comment fait-elle pour tenir encore debout ?
— Longue soirée ? je demande tout en préparant le café pour nous deux.
— Longue et chaude ! Savais tu que les médecins étaient aussi doués pour diagnostiquer un rhume que pour trouver ton point G ? rétorque t'elle en faignant l'innocence.
— Stop, m'écriai-je. Je ne veux pas savoir.
Elle lève les yeux au ciel tout en ricanant. Loin d'être prude, je préfère tout de même quand Livie garde ses prouesses sexuelles secrètes. Il y a des détails qu'il vaut mieux garder dans l'ignorance.
— Rabat joie, lance t'elle en se dirigeant vers la salle de bain.
— Je prends le compliment.
Un sourire et un clin d'œil plus tard, je lui sers son café au lait et caramel comme elle l'aime. Mon propre café, noir, en main je lui demande ce qu'elle fait chez moi si tôt. Elle revient dans le salon pour me répondre, le visage à moitié démaquillé, un coton dans la main.
— Je m'ennuyais de toi ! minaude-t-elle.
Son petit air chagriné ne prend pas avec moi. Olivia ne fait jamais rien par hasard. Tout est calculé et étudié.
— Tu as encore perdu tes clefs.
Mon ton est égal, ce n'est pas une question. J'ai tellement l'habitude de la voir débarquer chez moi au motif coutumier de la disparition de ses clefs que j'avais fini par faire plusieurs doubles.
— Bingo !
Olivia est comme ça, tête en l'air. Quand ce n'est pas les clefs qui disparaissent, c'est un rendez vous qu'elle manque. Quand ce n'est pas un rendez vous, c'est un visage qui s'efface de sa mémoire. Elle oublie les choses, et me dis que c'est parce qu'elle n'est pas assez concentrée et qu'elle ne retient que le plus important. Une chose est sure, elle n'oublie jamais mon adresse quand il lui faut faire disparaître les ravages de ses nuits alcoolisées avant que ses parents ne lui posent problèmes.
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Il est temps.
FantasyMonotonie, ennui et lassitude. Voilà ce qui rythme sa vie. Bien qu'il ne soit pas vraiment... en vie. Vingt-cinq, un accompagnateur, est l'un des milliers a transporter les âmes après leur trépas. Son travail l'occupe mais il n'en tire ni gloire, ni...