— Mya, je ne sais pas ce qu'il te prend depuis quelques jours, mais il va vraiment falloir que tu y mettes des mots...C'est la blonde qui vient de couper notre connexion visuelle en parlant, faisant tourner la tête de Mya dans sa direction. Cette dernière est pâle et resserre ses bras autour d'elle comme si elle avait soudainement froid. Mya cligne des yeux plusieurs fois, comme pour vérifier que je suis bien là. Elle regarde l'homme qui se tient derrière le bar avec elle, puis les clients, et semble réaliser que personne ne prend conscience de ma présence. Elle tourne de nouveau son regard vers moi, inspire doucement puis regarde son amie.
— Olivia, je crois que je deviens folle, chuchote Mya.
— Quoi ? Encore ton histoire de l'autre soir ?
La femme n'a pas l'air de comprendre l'embarra de son amie, et parle fort sans remarquer que les clients autour tendent l'oreille dans le but d'épier leur conversation.
— Chut ! la somme Mya
Olivia lève les yeux au ciel ce qui ne manque pas d'énerver Mya. Celle-ci fronce les sourcils tout en lançant des coups d'œil dans ma direction. Je n'ai toujours pas bougé, incertain de la démarche a adopter. Pour l'heure, je me contente de détailler les deux jeunes femmes en tentant de comprendre leur lien.
Il n'y a aucune ressemblance physique entre elles. Si l'une est grande et blonde, l'autre, au contraire, est petite et brune. A la lumière artificielle du bar, j'ai pu apercevoir qu'Olivia a les yeux bleus, ils me donnent l'impression qu'une tempête fait rage au fond d'eux, ils sont fatigués, cernés. Les yeux verts de Mya, qui me rappelle la forêt, ont une lueur de vie et de joie. La première est élancée et fine, elle porte des vêtements de soirée, loin des tenues traditionnelles à cette heure matinale de la journée. Je ne vois de Mya qu'un gros pull a col roulé qui remonte jusqu'à son menton.
Je ne sais pas quoi faire de mon corps. Si je disparais, le choc pour Mya sera d'autant plus terrible. Si je parle, elle ne pourra me répondre, à moins de passer pour une folle. Si je bouge... Pour faire quoi ? Je suis prostré entre deux tables, évaluant la situation, alors que Mya me scrute et que Olivia baille la bouche grande ouverte, sans aucune grâce.
— Mya, ne stresse pas. Je t'ai dis que c'était du à ta fatigue. Ton esprit te joue des tours. Il n'y avait personne qui ressemblait à ta description, ajoute Olivia en baillant et parlant, en même temps.
— On peut parler de ma fatigue, tiens, persifle Mya. Quoi qu'il en soit, je le vo...
— T'as quelque chose à me dire peut être ? la coupe son amie, le ton sec.
Mya écarquille les yeux. Olivia s'est levé de son tabouret, les mains sur les hanches, toute trace de fatigue a déserté son visage. Ses yeux foudroient Mya, qui ne sait plus quoi dire. Je profite que son attention soit dirigée ailleurs pour amorcer un pas dans leur direction. Mon mouvement attire le regard de Mya qui sursaute en voyant que j'approche. Je m'arrête a quelques pas des filles, Mya ne me quitte pas des yeux et retiens sa respiration. Olivia, à côté de moi, qui a sa concentration rivée sur son amie, n'en perd pas une miette.
— Tu peux critiquer mon comportement, mais toi, tu débloque complètement, lui lance Olivia.
— Olivia... gronde Mya.
— Tu sais quoi ? Je suis fatiguée, comme tu le dis si bien. Je rentre. Quand tu voudra d'une vraie discussion, appelle moi, la coupe la blonde.
Olivia tourne les talons et claque la porte. Mya reste les yeux fixés sur l'endroit où se trouvait son amie quelques secondes avant. J'ai senti la colère d'Olivia bouillir à côté de moi. Je pensais percevoir la même émotion chez Mya, ou de l'agacement tout du moins. Mais tout ce que je perçois c'est de l'inquiétude. Quelque chose semble flotter entre elle. Et ce n'est pas pour plaire à la brune.
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Il est temps.
FantasyMonotonie, ennui et lassitude. Voilà ce qui rythme sa vie. Bien qu'il ne soit pas vraiment... en vie. Vingt-cinq, un accompagnateur, est l'un des milliers a transporter les âmes après leur trépas. Son travail l'occupe mais il n'en tire ni gloire, ni...