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     Je n'aurai jamais pensé que Mya serai autant gênée par ma demande. A la fin de ma phrase, un grand silence a envahi la pièce, puis elle s'est levée, est repartie dans la cuisine, pour revenir les mains vide, jurer, repartir, passer pour aller dans sa chambre,... Bref, son petit manège dure puis déjà plusieurs minutes et si au début ça m'amusais, maintenant je tape du pied et m'impatiente.

— Il n'y a rien à dire, lâche t'elle les dents serrées.

C'est une tornade qui me parle car la personne qui incarne cette voix ne reste pas assez longtemps dans le salon pour que je puisse lui répondre.

— Mya !

Si je dois hausser la voix alors c'est ce que je vais faire. Mon cri la fait revenir auprès de moi et je me rends compte qu'elle est blême. Je ne lui demande pourtant rien de compliqué et c'est comme si je venais de lui demander de gravir l'Everest dans la nuit.

— Je vous assure, il n'y a rien à raconter, finit elle par me répondre en revenant vers moi.

— Laisse-moi en juger par moi même s'il te plait. Et arrête de me vouvoyer, je ne suis pas un Supérieur.

— Un Supérieur ? demande t'elle les sourcils froncés.

— Ca c'est une autre histoire, pour un autre jour.

Elle expire bruyamment et se décide enfin à se poser. Elle s'installe en tailleur sur son canapé, un verre d'eau à la main. Je vois bien qu'elle se cramponne à son verre pour ne pas se mettre à trembler, et pour fixer son attention sur autre chose que son récit. Au la vue de son comportement c'est indéniable qu'elle souffre de cette discussion.

— Je suis fille unique. Olivia est ma meilleure, et ma seule amie. Elle est comme une sœur. Ses parents ont été pas mal présents pour moi. Je n'ai pas d'animaux de compagnie et je fais un rhume des foins chaque année. Voilà. Tu en sais plus que la plupart des personnes qui m'entourent.

Ok. Cela ne va pas être facile de lui soutirer des explications. Il va falloir la jouer différemment. Elle est anxieuse et ne donne pas d'informations sur elle. Sois elle souffre beaucoup, sois elle cache quelque chose. Que ce soit l'une ou l'autre possibilité je dois savoir ce que c'est.

— Et si on jouait à un jeu ? proposé-je.

Elle m'observe, les yeux plissés, tentant de deviner où se trouve le piège.

— Chaque fois que je devine quelque chose sur toi, sans que tu m'en aies parlé, tu me dévoile un pan de ton passé, je lui propose.

Je vois qu'elle hésite. Elle doit se demander comment échapper à cette introspection en trichant un tant soit peu.

— Peux-tu commencer par t'asseoir, s'il te plaît ? demande t'elle calmement.

Elle me désigne le fauteuil face à la fenêtre en même temps. Sa demande, bien que tout à fait simple et logique, me demande une concentration extrême. Au même titre que je ne peux tenir un objet, m'asseoir dans un fauteuil, un canapé ou sur un banc me demande une lutte sans interruption.

Je lui souris et me penche pour m'installer sur le sol, dos à son meuble de télévision, bien en face d'elle. Elle lève un sourcil mais ne dis rien. Après avoir attendu que je sois bien calé, elle lève la main dans ma direction m'invitant à commencer.

— Tu es de nature anxieuse, je commence sur de moi.

Ce n'est pas très compliqué à deviner quand on l'observe vraiment. Sa façon de triturer ses mains ou de les tenir occupées, le tour de ses ongles rongés, sa demande de me tenir à la même hauteur qu'elle et non au dessus. Pas besoin d'être Sherlock Holmes pour savoir qu'un rien la stresse.

Il est temps.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant