MYA
Comment peut il faire aussi beau, alors qu'à l'intérieur de moi tout se fissure ? Le soleil n'a jamais été aussi présent en plein mois de Mars. Il y a quelques jours pourtant, le ciel était raccord à ce qu'il se passait à l'intérieur de moi. Et LA journée où une tempête fait rage dans mes entrailles, la chaleur m'accable.
Paul et Marie se tiennent quelques pas devant moi. J'avoue, j'étais en colère contre eux. J'étais en colère contre le monde entier en vérité. Lorsque Vingt-cinq est partit, me laissant un goût amer en bouche, j'ai foncé chez Olivia, priant pour que ce soit elle qui m'ouvre la porte. Après 15 bonnes minutes à attendre devant le perron sans oser faire les quelques pas de plus, j'ai fini par approcher de l'entrée, tendant l'oreille pour entendre le rire si caractéristique de ma meilleure amie. Mais je ne percevais que le silence.
Lorsque le courage de faire face à la vérité est arrivé, c'est Paul qui m'a ouvert la porte, plus blanc que jamais, plus fatigué que d'ordinaire. Nous n'avons pas dit un mot. Il a simplement ouvert ses bras et je m'y suis réfugiée, comme une enfant en quête de réconfort. Paul avait joué un rôle de père auprès de moi, il continuait aujourd'hui malgré la perte, malgré la douleur.
L'après-midi s'est déroulé dans un brouillard complet. J'essaie encore de comprendre tout ce que Paul et Marie m'ont appris. Olivia était malade, et avait toujours refusé de me le dire. Aux dires de sa mère, ils s'étaient longtemps battus pour que leur fille change d'avis, mais n'avaient jamais réussis à lui faire entendre raison. Olivia affirmait que j'avais vécu bien assez de conneries dans ma vie pour passer des mois à me morfondre pour elle. Elle voulait que je vive d'insouciance et de joie comme j'aurai du le faire depuis toujours. Elle voulait aussi que je reste la même avec elle, qu'elle n'avait pas besoin d'une personne de plus s'apitoyant sur son sort. Elle voulait que notre vie ensemble soit la même du début à la fin parce qu'elle avait besoin de cette normalité et que j'étais la seule à pouvoir lui faire oublier sa condition.
Je n'ai toujours pas compris sa décision, et après en avoir voulu à ses parents de ne pas avoir craché le morceau avant malgré leur promesse, je jure que j'en ai voulu à Olivia. Je n'ai, d'ailleurs, toujours pas dépassé ce stade de colère. Je n'ai pas dépassé la colère que je m'inflige envers moi même non plus. Comment n'ai je pas pu voir les signes. Comment n'ai je pas pu voir les symptômes. Je me suis mis des oeillères, préférant croire les sourires non sincères de Olivia, me certifiant qu'elle allait bien alors qu'une migraine atroce lui martelait le crâne. Alors qu'elle vomissait de douleur, me mentant en me disant qu'elle avait chopé la gastro. Alors qu'elle s'endormait n'importe où, n'importe quand, et que je me disais qu'elle était bien chanceuse d'avoir un si bon sommeil. Idiote.
A défaut de pouvoir me flageller, ou de pouvoir hurler sur Olivia, j'ai demandé des renseignements sur son mal. Quelque chose d'incurable, invasif, sans espoir. Mon dieu, elle savait qu'elle allait mourir avant même d'avoir appris à vivre. Elle avait appris la nouvelle il y a à peu près 1 an. Elle avait consulté après s'être rendue compte qu'elle perdait la mémoire, après de gros maux de tête et des faiblesses dans ses jambes et ses bras. Mais surtout après une crise d'épilepsie en plein repas dominical avec ses parents.
Le diagnostic avait été sans appel, Astrocytome stade 4. Un mot compte triple au Scrabble pour dire que tu te tapes une tumeur. Tu meurs. Evidemment, opération impossible car placée dans une partie du cerveau que tu ne peux atteindre. Tout ce que tu peux faire c'est attendre et croiser les doigts pour que les symptômes ne te défoncent pas trop. Le sort n'a pas été des plus favorables pour Olivia, pas tous les jours du moins. Ces derniers jours étaient plus durs que les autres. Elle sentait la fin venir. Un regain d'énergie lui avait permis de passer cette journée avec sa famille et moi même, les jours suivants avaient été une descente brutale en enfer.
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Il est temps.
FantasyMonotonie, ennui et lassitude. Voilà ce qui rythme sa vie. Bien qu'il ne soit pas vraiment... en vie. Vingt-cinq, un accompagnateur, est l'un des milliers a transporter les âmes après leur trépas. Son travail l'occupe mais il n'en tire ni gloire, ni...