Alors là, le doute n'est plus possible. C'est moi qu'elle pointe de son doigt. La jeune femme, qui a hurlé et qui semble s'appeler Mya, tremble. Elle est complètement livide, alors que son amie cherche encore à savoir ce qu'elle peut bien voir.— Comment...
Un hoquet de stupeur sort de sa bouche alors que je me coupe dans ma phrase. J'en perds mes mots. Comment se fait-il qu'elle puisse me voir, et m'entendre qui plus est. Je sors ma liste précipitamment, mais dans les noms que j'y lis je ne vois aucune Mya. Je cherche autour de moi si j'apperçois le visage d'un collègue. Mais il s'écoule quelques secondes mais rien ne change. Aucun accompagnateur à l'horizon. Et la jeune femme respire toujours mais ne bouge pas, comme si l'image était sur pause. Les seuls changements dans son apparence sont les larmes qui dévalent ses joues et sa main dont le doigts tremblant est pointé vers moi.
— Mya regarde moi s'il te plaît. Il n'y a rien, ni personne. Viens on rentre. Tu es surement épuisée, lui murmure doucement la femme blonde à ses côtés.
Cette dernière attrape son amie par les épaules pour la diriger vers la sortie. Si la brune semble se laisser faire, sa tête se tourne plusieurs fois dans ma direction comme pour vérifier que ma présence n'est pas une hallucination. Ce manège se répète jusqu'à ce qu'elle passe complètement la devanture du bar et que nos regards ne puissent plus se croiser.
Moi, pendant tout ce temps, je n'ai pas bougé. Ma respiration coincée dans ma gorge, je tente un nouveau coup d'œil autour de moi, savoir si elle est la seule à m'avoir vu. J'entends des commentaires tel que : "Elle est complètement folle", "y a des illuminés qui pensent voir des esprits parfois" et des "elle doit avoir surement trop bu". L'alcool. C'est peut être la cause de ce bug. L'alcool aurait désinhibé ses sens et aurait aidé à m'apercevoir. Je me dirige vers la table où les filles ont récupéré leurs affaires et vérifie l'odeur de leurs verres. Il y en a un de vide, de la bière, et un autre qui semble remplit de jus de fruits. Impossible de savoir à qui était quel verre. Je suis bien avancé.
Au moins cet incident m'a remis les idées en place. Je ne comprends pas trop ce qu'il vient de se passer mais il faut que j'en parle, et vite. Ma première pensée est pour Treize. Cette expérience n'est pas normale, et si j'en parle à la mauvaise personne je ne sais pas se qu'il adviendra de moi ou de cette jeune fille. Treize est la personne en qui je peux avoir confiance.
***
Pour une fois, c'est moi qui surprends Treize. Si la situation n'était pas si critique j'aurai pu en rire et lui faire remarquer, mais je ne suis pas d'humeur. Il y a plus urgent. En apparaissant à ses côtés, je le vois faire un bond énorme et porter la main sur sa poitrine. Comme si il pouvait apaiser les battements de son cœur. Battements qui n'existent plus, soit dit en passant. Il expire bruyamment, yeux fermés.
— C'est ça que tu ressens à chaque fois ? J'ai cru que j'allais mourir de peur , souffle Treize en se tournant vers moi.
Drama Queen.
— Peut être que maintenant tu arrêteras alors, répond- je en haussant les épaule.
— Certainement pas, je sais enfin l'effet que ça fait, et c'est encore plus drôle de savoir que c'est ce que tu subis. Puis comme tu ne peux pas mourir de peur, je peux le faire autant de fois que je veux.
Le contraire m'aurait étonné. Il ne ratera jamais une occasion de se divertir à mes dépends.
— Enfin bref ! Si c'est toi qui viens me retrouver c'est qu'il y a urgence. Tu n'as jamais fais ça avant. Comment puis-je vous aider ?
Je lève les yeux au ciel. Il n'y a pas à être aussi solennel. Je ne sais même pas comment lui expliquer ce que je viens de vivre. J'en suis encore à revivre la scène dans ma tête afin de comprendre ce qu'il vient de m'arriver. Un vivant ne devrait pas pouvoir me voir, sauf si celui-ci est sur le point de rendre son dernier souffle. Mais la femme est repartie du bar sur ses deux jambes. Bien que complètement choquée, elle respirait toujours.
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Il est temps.
FantasyMonotonie, ennui et lassitude. Voilà ce qui rythme sa vie. Bien qu'il ne soit pas vraiment... en vie. Vingt-cinq, un accompagnateur, est l'un des milliers a transporter les âmes après leur trépas. Son travail l'occupe mais il n'en tire ni gloire, ni...