Seishu était ce genre de personnes, qui pouvait débarquer chez vous sans prévenir à quatre heures du matin, avec une boîte de chocolat, un ventilo et un appareil photo en vous demandant de poser pour lui. Le genre de personnes à se réveiller en plein milieu de la nuit, soudainement saisis par l'inspiration, et à composer sur son piano, quitte à réveiller les voisins, avant de s'étonner que ces derniers ne râlent. Le genre d'élèves qui retrouve systématiquement la phrase "trop distrait" sur son bulletin. Le genre de personnes à regarder pendant des heures entières par la fenêtre avec de la musique dans les oreilles, à simplement suivre le raisonnement de ses propres pensées. Le genre de personnes sans filtre qui dit absolument tout ce qui lui passe par la tête avec un air si innocent qu'il est impossible de leur en vouloir. Le genre de personnes qui s'arrête soudainement de parler, parfois en plein milieu d'une phrase, pour prendre son crayon et commencer à écrire et dessiner on ne sait quoi sans s'arrêter avant d'avoir fini. Le genre de personnes qui arrive toujours en retard en cours sans aucune excuse et qui pourtant ne se fait jamais virer. Le genre de personnes un peu rêveuses et dans la lune. Le genre de personnes qui s'installe par terre dans sa chambre et se met à peindre les murs au pastel pour donner plus de couleur. Le genre de personnes qui ne presse jamais le pas lorsqu'il pleut, et prend parfois même le temps de danser sous l'averse sans se préoccuper des jugements. Le genre de personnes lumineuses, au rire doux et ensorcelant. Ce genre de personnes un peu trop gentilles et naïves dont les autres profitent beaucoup trop.
C'était Seishu.
Hajime était presque tout l'inverse. C'était le genre de personnes imprévisibles parce qu'elles ont toujours un coup d'avance. Le genre de personnes à toujours tout prévoir, calculer et anticiper. Le genre d'élèves studieux, appliqués et érudits. Le genre de personnes à toujours avoir réponse à tout et à ne pas se laisser marcher sur les pieds. Le genre de personnes à trainer à la bibliothèque quand elles ont des heures de libres au lieu d'aller flâner dehors comme les jeunes de leur âge. Le genre de personnes qui s'entend bien avec tout le monde mais n'est en réalité proche de personne. Le genre de personnes qui se réveille en pleine nuit avec une crise de larme suite à un cauchemar et n'en dira jamais rien. Le genre de personnes intelligentes et calculatrices, parfois vicieuses, sans pour autant être méchantes. Le genre de personnes qui ne rit jamais aux éclats, mais esquisse au mieux un sourire franc. Le genre de personnes qui évite de parler pour ne rien dire. Le genre de personnes organisée, ordonnée et limite maniaque, qui ne supporte pas le désordre, et encore moins qu'on abîme leurs affaires ou qu'on ne les repose pas au bon endroit. Le genre de personnes qui n'apprécie ni la pluie, ni les journées trop chaudes. Le genre de personnes qui a du mal à se laisser aller et à oublier le regard des autres. Le genre de personnes qui adore la poésie mais la délaisse au profit des sciences qui sont plus exactes et toujours vraies. Le genre de personnes qui trouve ça rassurant, qu'en maths le résultat soit toujours le même, qu'importe la méthode, et qui trouve la philosophie et le français trop abstrait. Le genre de personnes qui a depuis longtemps arrêté de croire en la magie, et qui commence à douter de l'amour. Ce genre de personne toujours de bon conseil, mais rongées par quelque chose de sombre qu'on ne sait identifier.
C'était Hajime.
Ils étaient si différents. On n'aurait jamais crû qu'ils se rencontrent et s'apprécient si facilement.
Mais il y a eu ce jour de début d'hiver. Ce soir froid et gris. Ce ciel nuageux et bas qui semblait peser sur la ville. Sur ce quai de métro bondé. Sous ces lumières jaunes agressives et industrielles. Au milieu de ce monde de béton sal et d'affiches déchirées.
Il y avait Hajime, qui attendait, immobile, les mains enfoncées dans les poches et le bas du visage caché dans son col pour échapper au froid mordant. Il restait contre le mur, sans bouger, les yeux baissés pour ne pas croiser le regard de tout ces gens pressés et peu aimables. Droit et muet. Comme une statue.
Et il y avait Seishu, qui courait, parce qu'il était encore en retard, le sourire aux lèvres, une toile vierge sous le bras et les pans de son long manteaux beige volants derrière lui. Il n'avait pas eu le temps de le fermer. Ou il n'y avait pas pensé. Il n'avait pas vraiment froid. Comme une étincelle qui s'envole.
Puis il y eu la collision. Parce que l'un regardait par terre et ne vit donc pas l'autre arriver bien trop vite pour pouvoir l'éviter. Violente. Inattendue.
Les deux garçons basculèrent sur ce sol de dalles grises et dures. Ensemble. Sans se connaître.
Il y avait Hajime. Qui se retrouvait assis par terre, tombé rudement sur les fesses, alors qu'il n'avait rien demandé. Il regardait l'énergumène qui lui avait foncé dedans avec beaucoup d'incompréhension et de surprises, et un peu d'agacement quand même. Il ne pouvait pas regarder devant lui cet idiot ?
Et il y avait Seishu. Qui se retrouvait sur les genoux, entre les jambes d'un parfait inconnu, les mains posées de chaque côté de sa taille. Il regardait l'autre garçon avec sympathie et candeur, l'air pas vraiment désolé, mais plutôt amusé. C'est vrai quoi, il en faisait une drôle de tête.
Il n'y avait que le silence entre eux, et leur immobilité parfaitement synchronisée. Ils se regardaient. Le temps semblait s'être arrêté pour eux seul. Autour les gens continuaient de marcher, de presser le pas, de râler.
Puis il y eu un éclat de rire. Cristallin. Pur. Pas moqueur. Pas nerveux. Un vrai rire. Qui laissa Hajime sidéré, et bien moins renfrogné. C'était beau et incompréhensible. Pourquoi ? Comment ? Alors qu'il faisait moche, qu'il faisait froid, qu'ils venaient de tomber et que tout le monde les dévisageait.
Il y avait Hajime. Avec ses yeux en amande ouverts en grand, soudain curieux, et son air perdu mais charmé.
Et il y avait Seishu. Avec ses cheveux blonds tout décoiffés, ses yeux d'eau rieurs et ses lèvres roses étirées en un sourire.
Peut-être que de l'extérieur il avait l'air de deux amis ayant basculés dans une étreinte, trop heureux de se retrouver. Pourtant ils n'étaient que deux inconnus que tout opposait.
Il y avait Hajime, qui était happé par le moindre mouvement, le moindre sourire, le moindre regard de cet étrange garçon. Qui ne pouvait s'empêcher de l'étudier de ses pupilles sombres. Il représentait, à ses yeux, un vrai mystère. Il dégageait quelque chose d'unique. Comme une flamme à l'intérieur qui vous réchauffe tout entier et vous donne envie de sourire. Il n'avait pourtant rien de particulier, juste un mec qui l'avait bousculé.
Et puis il y avait Seishu, qui ne se rendait pas compte de l'attraction qu'il exerçait sur le brun. Qui le trouvait mignon avec son air paumé et sa bouche entrouverte. Il songeait qu'il avait un peu des allures de félin avec sa silhouette élancée et ses yeux allongés. Sans parler de ses cheveux ramenés en une cascade de boucles brunes sur le côté gauche de son visage. Il se fit la réflexion qu'il aimerait bien le prendre comme modèle. Il n'avait pourtant rien de particulier, juste un mec qu'il avait bousculé.
Il y avait Hajime. Et il y avait Seishu.
Une rencontre. Et un métro. Qui s'éloigna finalement sans aucun des deux garçons à son bord.
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Oh mon dieu ! Je suis tellement fière de ce chapitre ! Je vous en supplie faites moi des retours pour que je sache ce que vous en avez pensé, parce que, j'avoue que ça s'éloigne de mon style habituel, et vos avis m'intéressent.
En vrai moi je suis grave contente parce que d'habitude j'arrive pas à trouver la vibes qui correspond à ce ship et là je trouve que c'est exactement eux !
Bref, je vous love, à bientôt pour un autre chapitre j'espère ! <3
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Amour Électrique [Tokyo Revengers]
De TodoNotre amour nous ressemble. Fort. Incontrôlable. Puissant. Vacillant. Sincère. Électrique. _________________________________________ Petit recueil Tokyo revengers <3