Chapitre 52

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Pdv: Éna

Américain ? Carter. Elijah. Caleb. Andrew. William. Ou alors Edward. Et si c'est une fille ? Hope. Elizabeth. April. Cassie. Mia. Pearl. Elena. Anna.
Non, Alessio voudra peut-être que l'on choisisse un prénom italien. Qu'est ce qui sonne italien ? Peut-être Alejandro. Ou Julio. Diego. Giovanni. Lorenzo. Lessandro. Élio. Maria. Vitoria. Aselya. Valentina. Giulia. Sofia. Oh ! Alessia ! Non, non, ça fait presque ringard.

Je ne me souviens pas de la dernière fois où j'ai eu mes menstruations. À vrai dire, ce n'est pas vraiment la chose qui me préoccupait ces derniers temps. C'est seulement lorsque Alessio a parlé d'avoir un enfant, hier soir, que j'ai percuté. Je ferai un test de grossesse à notre retour en Italie. Même si ça doit simplement être un retard de règle, j'espère au fond de moi qu'il sera positif. Dire qu'il y a deux ans j'espérais aussi qu'il le soit. Peut-être que nous serons enfin trois l'année prochaine.

Mais il y a un détail qui me chiffonne. J'ai grandi sous les coups de ma mère, ou du moins de la femme que je croyais être ma mère. Je ne peux pas dire que cela ne m'a pas marqué. En tant qu'enfant, je n'aurais souhaité cela à personne. Alors, si il y a bien une chose que je souhaite pour mon enfant, c'est qu'ils grandissent loin de toutes sortes de violence. Et on ne peut pas dire que grandir au sein d'une mafia soit le meilleur endroit. Mais je ne sais pas comment faire part de mes inquiétudes à Alessio. J'ai peur de sa réaction. C'est pourquoi, je préfère me taire pour l'instant et attendre le moment venu.

-Tu écoutes ce que je te dis ?

Je sursaute légèrement. Mes yeux quittent le trottoir pour se poser sur Alessio. J'ouvre la bouche prête à lui dire que, évidemment, je l'écoute. Mais je me rétracte sachant pertinemment qu'il ne croira pas à mon mensonge. Alors au lieu de ça, je lui fait mon plus beau sourire et glisse ma main dans la poche de son manteau pour enlacer la sienne. Il m'observe sévèrement avant de détourner le regard. Je pourrais presque croire qu'il est énervé si je ne faisais pas attention aux coins de ses lèvres qui se rehaussent.

-Tu veux bien répéter, s'il-te-plaît ?, dis je avec enthousiasme.

Alessio hausse les épaules et fait la moue. Un vrai bébé ! Je décide de le taquiner en lui lâchant la main. Mais je n'ai pas le temps de sortir ma main de sa poche qu'il la retient. Ses doigts retrouvent leur place, entrelacés entre les miens. Je mors ma lèvre inférieure pour m'empêcher de rire. Alessio se met à parler si faiblement que je ne comprends pas un seul mot de ce qu'il dit. Je lui demande une nouvelle fois de répéter un peu plus fort ce qu'il dit. C'est alors qu'il se met à me parler de l'histoire de la ville de Moscou. Je l'écoute attentivement, observant chaque monument devant lequel nous passons et dont il me parle. Je n'aurais jamais imaginé qu'il puisse tant en savoir sur une ville qui ne fait même pas partie de son pays natal. Je crois que j'ai encore beaucoup de chose à découvrir à propos de Alessio Giordano.

-À quoi tu pensais ? Quand tu ne m'écoutais pas, ajoute Alessio.

-Oh, euh...Rien de spécial. J'étais juste ailleurs.

Rien de spécial, bien sûr Éna. Je fuis le regard de Alessio, sachant pertinemment que je ne pourrais pas lui mentir droit dans les yeux. Qu'est ce que je suis censée lui dire au juste ?

« Dis voir, tu préfères un prénom américain ou italien pour notre enfant ? »

On dirait une vraie folle. Je suis entrain de choisir le prénom d'un enfant qui n'existe pas encore. Comment Alessio pourrait bien réagir à cela ? J'en ai des frissons rien que de m'imaginer la scène.

-Rien de spécial, hein ?, me taquine Alessio.

Il fait bouger ses sourcils l'air de dire « je sais exactement à quoi tu pensais ». Ce qui est impossible. À moins que je sois tombée amoureuse d'une sorte de divinité ou force supérieure, le Alessio que je connais ne peut pas lire dans les pensées.

DÉESSE ATHÉNA T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant