The Drown (Elements Serie T.1)

Chapitre 15

MALIA

Le retour à notre appartement se fait dans le silence. Je pense que l'une comme l'autre, nous essayons d'assimiler ce qui vient de se passer. Je n'ose même pas imaginer ce qu'elle a dû ressentir, seule, dans cette ruelle, entourée de ces trois hommes. Elle a dû se sentir tellement impuissante. Pourtant, je sais qu'elle s'est défendue, j'ignore ce qu'elle a fait, mais elle a réussi à repousser son agresseur avant que je n'intervienne. Je l'ai vue de mes propres yeux en arrivant. Je ne comprends pas pourquoi elle a tout nié en bloc devant Gabriel et le docteur. Cette fille est une énigme.

Une fois à l'intérieur, Céleste s'assied sur le canapé en se massant la nuque.

— Une tisane et un Doliprane ?

— Avec grand plaisir, me souffle-t-elle.

Je m'active dans la cuisine et fait couler l'eau dans une tasse. Je presse mes mains autour pour la réchauffer. La seconde d'après la tasse est fumante et l'odeur de verveine et de menthe emplit l'air. Je lui dépose sur la petite table avec un cachet contre la douleur, puis je m'assieds à côté d'elle.

— Dommage que l'on est tous ces pouvoirs hors du commun, mais qu'on ne puisse pas soulager ce qui fait réellement mal.

Je l'entends sangloter.

— Excuse-moi, c'est juste que ...

Elle hésite et se mord la lèvre.

— Parle-moi Céleste, je suis là pour toi.

Je prends ses mains dans les miennes et la presse du regard. Comment puis-je l'aider à se sentir mieux si je ne sais même pas ce qui la ronge.

— J'ai fait quelque chose d'horrible.

Je l'encourage à continuer, je sais que son mur est sur le point de tomber.

— Tu peux tout me dire.

Elle se met à trembler et ses yeux se gorgent de larme.

— J'avais un copain avant. Ashton.

Chaque mot semble être une torture a prononcer. Je lui caresse le dos et dirige toute mon énergie pour réchauffer son corps si frêle qui tremble d'émotion.

— Lexi m'avait prévenue que ce n'était pas quelqu'un pour moi, mais je n'ai pas voulu l'écouter. On est sortis ensemble pendant toute l'année scolaire. Avec le recul maintenant, je me rends bien compte que cette relation était à sens unique. Je m'accrochais à une personne qui n'en avait rien à faire.

Elle se lève alors d'un bon et sa tristesse se mue en colère. Ses yeux palpitent d'une lueur bleue.

— Qu'est-ce qui s'est passé ?

Elle secoue la tête comme si, de cette façon, elle pouvait chasser ses souvenirs. La température de la pièce chute de manière phénoménale et les fenêtres se couvrent de gèle. Ça recommence. Pourtant, je ne veux pas l'arrêter, elle se livre enfin à moi. Il faut qu'elle sorte toute cette rage, toute cette culpabilité qu'elle semble porter.

Je l'observe se battre contre elle-même, totalement impuissante. Bon sang, qu'est-ce qui a bien pu se produire pour la briser de la sorte ?

— Je suis quelqu'un d'horrible ! Je te raconte tout ça comme si ses actions justifiées ce que j'ai fait ! C'était un abominable petit copain, mais il ne méritait pas ça !

Ses cris sont rompus par des sanglots et elle s'effondre au sol, prise dans une crise de larme.

Je viens m'assoir près d'elle à même le sol et la prend dans mes bras.

— Tout va bien se passer, lui chuchoté-je.

Je ne sais pas quoi dire d'autre pour la réconforter.

— C'était un accident, sanglote-t-elle.

— Il faut que tu te libères du passé.

— Je ne peux pas.

— Alors sers-toi-en pour devenir une personne meilleure et plus forte. Je ne te connais pas beaucoup Céleste, mais je peux t'assurer que tu n'es pas quelqu'un de mauvais. Tu as fait une erreur. Elle ne doit pas définir la personne que tu es et que tu deviendras.

Je ne sais toujours pas ce qui a bien pu se passer, mais ça la ronge petit à petit. Moi qui suis une grande fervente de la justice, je ne peux pas rester impartiale en la voyant dans un tel état de détresse. Elle aurait bien pu tuer ce pauvre garçon que je la consolerais quand même.

Elle lève son visage baigné de larme dans ma direction. Même comme ça, je la trouve magnifique. J'ai envie de la garder dans mes bras pour l'éternité. Elle ne mérite pas de souffrir, et je veux l'en préserver. Ses lèvres tremblent sous l'effet de l'émotion. Mon regard s'accroche à cette bouche boudeuse, trempé de larme. Agissant comme un effet magnétisant, je sens mon visage s'attirer de lui-même jusqu'à ses lèvres. Impossible de luter contre cette pulsion, j'ai besoin de sentir ses lèvres contre les miennes. J'ai besoin de la sentir, de la posséder. J'ai besoin qu'elle comprenne que je serais toujours là pour elle. Mais tandis que ma bouche frôle la sienne, elle se détourne. Je peux entendre mon cœur se briser en mille morceaux dans ma poitrine.

— Malia, je ...

Je la coupe.

— C'est bon, t'inquiète.

À quoi est-ce que je m'attendais au juste ? Je connaissais le résultat. Je savais ce qui allait se produire, mais je n'ai pas pu résister. Elle se tient toujours dans mes bras. La honte me cloue au sol. Je suis incapable de bouger, incapable de la regarder. J'aimerais tout effacé et faire comme s'il ne s'était jamais rien passé. Des larmes de colère menacent de couler. Je me déteste, je ne suis vraiment qu'une idiote.

— Merci d'avoir été là.

Sous le choc, je tourne mon visage vers Céleste. Je n'en crois pas mes oreilles. Je viens de tenter de l'embrasser sans sa permission alors qu'elle vient d'être agressée et pourtant elle me sourit et me remercie. Je ne sais pas comment réagir, mais elle ne m'en laisse pas le temps, car elle enroule ses bras autour de mon cou et me serre contre elle. Je sais que ce geste ne représente que sa gratitude et l'amitié qu'elle m'offre, mais j'aurais voulu bien plus que cela.

Nous restons un long moment dans les bras l'une de l'autre. Je lui caresse les cheveux, sa tête posée sur ma poitrine. Elle se remet à pleurer et je dois lutter pour ne pas m'effondrer également. Elle se noie dans sa douleur sans que je puisse y faire quelque chose. Elle seule peut se battre suffisamment pour éviter la noyade. Tout ce que je peux faire c'est la soutenir, l'encourager depuis le rivage. Alors je la serre dans mes bras jusqu'à ce qu'elle s'endorme.