The Drown (Elements Serie T.1)

Chapitre 17

MALIA

Je me sens morte. Une année de plus a débuté Et j'ai le cœur brisé. Je n'ai pas de famille, personne à qui me confier. La dernière personne à qui j'ai donné mon cœur, la piétiner, la bousiller et briser en mille morceaux. J'aimerais hurler ma peine, pleurer toutes les larmes de mon corps, mais je ne peux pas. Je dois être forte pour les autres. C'est à ça que je suis douée.

Être toujours celle qui remonte le moral des troupes est épuisant. Tout le monde est aspiré dans sa propre spirale infernale. Ils se noient dans leurs problèmes, se laissent engloutir et j'ai la sensation d'être la seule à garder la tête hors de l'eau. Je suis la seule qui voie les choses telles qu'elles sont vraiment. Je ne me laisse par submerger par mes émotions, je garde le cap. Toujours. Je suis épuisée. Fatiguée de ne jamais être celle qui peut se reposer sur les autres. Celle qui garde le sourire pour que les autres puissent pleurer. Je suis toujours celle qui s'inquiète, mais qui me demande à moi comment je vais ?

Spoiler Alert : je ne vais pas bien.

Je me sens seule. Je dois me débrouiller seule. Je me suis constamment débrouillé seule, mais je me sens usée, j'aimerais me reposer. J'ai l'impression d'être la seule qui réalise l'ampleur de la situation. Un étau se referme progressivement sur nous et ils préfèrent tous geindre et se plaindre de leurs petits problèmes insignifiants et égoïstes alors que le monde s'écroule. Si j'ai le malheur de lancer une fusée de détresse, on me traite de folle. Je ne suis pas folle, je suis la seule qui soit lucide. Une guerre est à nos portes. Les humains vont finir par se soulever contre nous et que ferons-nous ? Les évolués sont moins nombreux. Depuis toujours on nous apprend à marcher droit, la tête baissé et silencieux. Aucun d'entre nous n'aura la force de riposter. Nous sommes censés être les plus évolués et pourtant nous nous écrasons. Qui aura la force de se dresser face à eux et nous défendre ?

Personne n'écoute, on m'ignore, on me rabaisse jusqu'à ce que ce soit trop tard et je n'aurais même plus la force de leur dire « je vous l'avais dit ».

La porte d'entrée claque. Céleste a fini les cours.

Nous n'avons pas parlé d'hier soir, comme nous n'avons pas discuté de ses cauchemars. À la nuit tombée, cette proximité nous lie et dès le soleil levé tout disparait.

Pourtant, dans des moments comme hier soir, il n'y a qu'elle et moi. Ce besoin viscéral de la protéger. Je ne saurai expliquer pourquoi elle ? Pourquoi est-ce qu'elle est différente ? Elle l'est. Tout simplement. Le calme qu'elle dégage en apparence et la tempête qui fait rage dans ses yeux dès qu'elle me regarde me bouleverse. Elle m'attire plus que de raison. C'est un exemple de plus de tout ce qui m'est impossible d'avoir. J'ignore pourquoi je me torture de cette façon. Je sais que je ne l'aurai jamais, que jamais, elle ne me rendra ce que je suis prête à lui donner sans condition. Je continuerai juste d'être là pour elle. Elle est comme une rose qui a besoin de toute l'attention du monde pour s'épanouir, de l'amour et de la chaleur. Grâce à moi, elle fleurira, je la tiendrais dans mes mains, même si ses épines grifferont ma chair. Aussi douloureux soit-il, l'amour nous rend vivant. Grâce à elle, je me sentirais vivante à nouveau.

— Tout va bien ?

Je place un sourire factice sur mon visage. Le même que j'arbore depuis tant d'année. Je crois bien que c'est le seul sourire que je possède en fait. Je ne sais même plus à quoi ressemble le vrai, peut-être que c'est celui-ci au final.

— Nickel, je finissais de me préparer.

J'apporte la dernière touche à mon costume et plante des plumes blanches dans mes cheveux. Un cygne blanc. Quelle blague.

— Ton costume est sur ton lit.

— Je me dépêche.

Elle pose son sac près de la porte et cours s'enfermer dans sa chambre. J'entends le bruissement de ses vêtements qu'elle enlève et si je ferme les yeux, je peux m'imaginer dans la pièce avec elle. Une boule de chaleur grandit dans mon ventre et je dois me faire violence pour rouvrir les yeux et garder une respiration normale.