Chapitre 30

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GABRIEL

On a finalement regardé une comédie romantique. Coup de foudre à Notting Hill. Je n'ai jamais douté de mon pouvoir de persuasion. Aaron a passé la moitié du film a râler puis il est parti en clamant qu'il était fatigué de nos mièvreries.

Je suis restée avec les filles jusqu'à ce qu'elles s'endorment avachis entre moi et le canapé. C'est une vibration dans la poche arrière de mon jean qui m'oblige à bouger et lâcher la main de Céleste.

Délicatement je me décale en faisant attention de ne pas la réveiller. Elle remue légèrement et repose sa tête sur l'épaule de Malia qui ronfle doucement.

A pas de loup je me lève et sors mon téléphone de ma poche. Mon estomac se contracte en découvrant le contenu du message. Je ne devrais pas être surpris mais avec ma réconciliation avec Malia et tout cet élan d'amour de confiance je me sens merdeux. Pourtant je n'ai pas le choix. Je tape une réponse rapide et sort de l'appartement comme un voleur.

Toute la WEP est endormis, il ne doit pas être loin d' une heure du matin et de toute façon le couvre feu a été mis en place pour interdire aux résidents de quitter leur appartement à la nuit tombée. Je suis donc théoriquement le seul à me trimballer dans les couloirs.

Il me faut à peine quelques minutes pour rejoindre le Central Hall et le bureau de ma mère. Et pendant c'est quelques minutes je n'ai pas cessé de me demander ce que j'allais bien pouvoir lui raconter sans trahir la confiance de mes amis. J'essaye de me rappeler les raisons qui font que j'agis correctement. Je fais ça pour protéger Céleste, pour son propre bien. Si elle savait je suis sûre qu'elle comprendrait. Je fais ça pour notre bien à tous.

Je pousse la porte et ma mère m'attend comme d'habitude derrière son bureau. Elle porte son indéfectible blouse blanche et son chignon haut bien serré. Quand elle me voit, elle me sourit mais on dirait plus un mauvais rictus. C'est impressionnant comme son masque tombe en ma présence. Elle sait qu'avec moi, elle n'a pas besoin de faire semblant d'être quelqu'un d'agréable. Pourtant c'est une bleue, elle est censée être sensible et empathique. J'imagine qu'elle se serre de ces traits de caractère pour mieux contrôler les émotions et les sentiments de ceux qui l'entourent. Elle range sous son bureau le dossier qu'elle avait en main et se lève pour m'accueillir. Mes yeux s'attardent une minute sur l'endroit ou elle range le dossier qu'elle ne veut apparemment pas que je vois mais je détourne bien vite le regard. J'ai vite appris a mes dépend que je ne devais pas être trop curieux quand il s'agit d'Alicia Roosevelt.

– Gabriel, désolé de te recevoir si tard. J'ai été prise toute la journée, comme tu peux l'imaginer.

D'un geste de la main, elle m'invite à m'asseoir.

– J'imagine. La présence du président a dû accélérer certaines choses pourtant non ?

– Certes, son aide est essentielle pour notre réussite, mais l'étau se resserre. Qu'est ce que tu as pour moi ?

Elle serre la mâchoire et fait craquer sa nuque. Je sais qu'elle veut montrer qu'elle contrôle la situation mais plus le temps passe et plus je la sens stressé.

Elle attend que je lui donne les informations que je récoltais comme chaque semaine depuis qu'elle m'a demandé de surveiller Céleste, puis Malia et tous les autres.

Je serre les dents. Le moment est arrivé. J'ai besoin d'être sûre que je prend la bonne décision.

– Tu me promets qu'aucun mal ne lui sera fait ?

Un sourire carnassier se dessine sur son visage.

– Bien sûr que non, je veux juste l'aider. Nous aider tous, tu le sais.

Je hoche la tête. Je sais que je suis obligé de la croire sur parole.

– Elle refuse toujours de se servir de ces capacités.

– Cette petite a la tête dure.

Je me sens obligé de prendre sa défense alors que je continue de trahir sa confiance.

– Elle a peur.

– Il va falloir passer à la vitesse supérieure et la forcer à s'en servir. Si elle bloque son gène tout ça n'aura servi à rien.

Elle se lève et fait les cents pas. Je la regarde faire et n'interviens pas. Je préfère ne pas court-circuiter ses pensées quand elle est comme ça. Elle s'arrête net devant la porte et m'interpelle.

– Rien d'autre ?

– Elle m'a parlé des druides.

Ma gorge brûle. Comme pour me punir. Ma mère se retourne alors brutalement vers moi et je vois sa poitrine se soulever rapidement. Elle respire bruyamment.

– Qu'est ce qu'elle sait e-xa-cte-ment ?

Elle parle lentement mais je sais que c'est pour contenir une peur qui boue lentement dans ses veines. Je gigote sur mon fauteuil de moins en moins à l'aise de faire ça.

– Pas grand-chose qui ne soit pas déjà de notoriété public. Mais elle m'a demandé s'ils existaient encore. Elle a trouvé un forum qui clame que l'ordre existe toujours.

– Qu'est ce que tu lui as dis ?

Sa voix est froide et menaçante. Ses yeux commencent à virer au bleu et je sais que je ferais mieux de trouver les bon mots pour ne pas l'énerver.

– Rien bien sûr. Ça serait trop dangereux, tu me l'as dis.

– Si elle t'en reparle ou qu'elle approfondit ses recherches tu dois trouver un moyen pour qu'elle passe a autre chose. Et la prochaine fois Gabriel, tu m'avertis directement. Je ne veux pas avoir à te sonner à chaque fois.

Je déglutis difficilement et hoche la tête. Je suis incapable de la contre dire. Je sais pourquoi elle est comme ça, je sais pourquoi elle se bat et c'est bien plus important que mes états d'âmes.

Elle pose sa main sur la poignée et ouvre la porte.

– Tu peux aller te coucher maintenant. On se verra la semaine prochaine. D'ici là, elle a intérêt à avoir utilisé l'eau d'une manière ou d'une autre. Je compte sur toi.

Je me lève alors et me dirige vers la sortie. Une fois arrivé à sa hauteur dans l'encadrement de la porte, elle me caresse le bras et je frissonne à son contact.

– Bonne nuit, mon fils.

Elle m'embrasse la tempe et ma respiration se bloque.

– Bonne nuit maman, lui réponds-je la voix éraillé.

Elle ferme la porte derrière moi et je me retrouve à nouveau seul dans le couloir.

Je ne crois pas qu'il soit normal d'avoir peur de sa mère pourtant je suis terrifié. Terrifié de ce qu'elle pourrait faire si le projet de toute sa vie est un échec par ma faute. A cause de mon incompétence et des sentiments que je développe malgré moi pour Céleste. Si j'échoue je risque de perdre les deux femmes les plus importantes dans ma vie. Je ne pourrais pas m'en plaindre car tout sera entièrement de ma faute.

Je retourne donc dans l'appartement que je partage avec Aaron comme si de rien était. En me demandant ce que demain peut encore nous réserver puisque jusqu'à présent rien ne se passe comme prévu. 

The Drown (Elements Serie T.1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant