Confessions d'une tapette

43.

Le lendemain, je prends mon courage à deux mains, et me pointe au lycée avec un seul objectif : m’expliquer avec Will et Alex. Évidemment, ce n’est pas exactement ainsi que ça se passe.

Je me dégonfle au bout de deux secondes et échoue sur une table de pique-nique sur laquelle je prévois de mourir (pas du tout dramatique le gars). En face, il y a Hugo et son cousin Lee. Autant vous dire, que la mort devrait se dépêcher de venir et fissa. 

D’autant plus que mon regard croise celui d’Hugo. C’est un peu comme les psychopathes : il suffit de les regarder et vous voici foutu.

Il me fait un signe de main. Puis non, ça ne lui semble pas suffisant, pourquoi ne pas venir polluer l’air de ce pauvre Colin ?

Il s’installe face à moi et Lee se ramène peu après lui.

— Ton œil, ça a l’air d’aller mieux.

— Ouais.

— Comment tu te sens ?

— Bon, qu’est-ce que tu me veux ? Tu ne viens pas par pure courtoisie, si ?

Il craque ses doigts et ça me fout en rogne. En fait, il pourrait faire n’importe quoi que ça me mettrait les nerfs en pelote.

— Je sais que tu ne m’aimes pas beaucoup (bon j’avoue quand il dit ça, ça me fait un peu de peine) mais je tenais à te tenir au courant. J’ai entendu une discussion ce matin. William expliquait à Alex qu’un certain Oscar, son frère je crois, l’avait appelé pour lui dire que tu n’y étais pour rien dans cette histoire.

Ma bouche est béante. Une mouche pourrait y venir faire sa vie. 

— C’est impossible.

Je secoue la tête. 

— Impossible.

Lee balaie l’air d’une main paresseuse. 

— Bien sûr que si. J’étais là moi aussi.

Mes yeux ne sont que deux fentes sceptiques. 

— Attendez mais il a dit quoi exactement ?!

Lee se rapproche et commence le récit :

— Donc là, tu vois, on débarque avec Hugo, et il y a tes potes qui parlent. William dit un truc du genre « Oscar m’a appelé ». Puis t’as Alex qui lui fait « Ah ouais ? »

— Passe aux choses sérieuses ! je l’interromps (oui, je suis vachement impatient).

— Calme-toi, j’y arrive. Donc, je disais, ils se parlent bla bla bla. Et là, il raconte que son frère l’a appelé et lui a dit qu’il t’avait pas laissé le choix, qu’il s’était incrusté chez toi et tout. Et que si t’avais rien dit, c’était parce qu’il t’avait fait juré de ne rien dire.

Plus sur les nerfs que moi, ça n’existe pas. Mes mains sont carrément crispées sur ma bouteille d’eau. 

— William a précisé : « C’est vrai qu’Oscar peut être si persuasif… ».

— Et Alex, reprend Lee, a répondu un truc du genre « T’abuses, mec ».

— Lee ! le coupe Hugo.

Je les regarde tour à tour, sans comprendre. 

— Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ?

— Rien. C’est ce qu’ils ont dit en gros. Le reste on s’en fout.

— Le reste ?

J’attends, le ventre en vrac et les pensées éparpillées.

Lee toussote, Hugo me regarde avec un air désolé et, pour la première fois, je ne le déteste pas au point de vouloir l’étriper.