PROLOGUE

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Musique : "Crazy" - Gavn!

RAFAEL ALVES – SÃO PAULO - BRÉSIL, 11 JANVIER 2022

Comme chaque matin, j'enfile mon polo, mon pantalon et mes grosses bottes noires. Cet uniforme que je porte fièrement depuis maintenant plusieurs années et qui me rappelle le long parcours que j'ai traversé avant d'avoir pu enfin recevoir mon insigne de POLICIA FEDERAL. Une formation si intense que j'ai bien cru y passer à plusieurs reprises. J'ajoute à cela ma ceinture ornée de mon arme de service qui ne me quitte jamais et mes chargeurs de rechange. Enfin, j'accroche mon étui à matraque, un taser, les menottes et je vide d'un trait mon café qui attend sagement sur le plan de travail de la cuisine.

— Vue la journée de merde que je vais passer au bureau, je pense que tu ne me suffiras pas mon pote, me dis-je en regardant ce café fumant.

J'adore mon métier plus que tout, l'action, l'adrénaline, l'exigence lors des opérations me font sentir plus vivant que jamais, mais bordel les journées au bureau à traiter des dossiers me rendent fou. Enfermé à fixer un écran, à rédiger des comptes rendus, les piles de dossiers qui n'en finissent pas et les putains de réunions de Felipe qui ne servent qu'à utiliser la machine à café comme une machine de casino qui bouffe tout notre argent me pousse à bout.

Il est presque quinze heures, je prends mes clefs de voiture et je me dirige au bureau pour commencer ma journée. Être d'après-midi au bureau, surtout quand on enchaîne aucune intervention, c'est extrêmement long et ennuyant. Heureusement que Felipe, mon fidèle coéquipier et meilleur ami depuis l'enfance s'est retrouvé muté dans la même ville que moi parce qu'en tant que petit dernier de l'équipe, je m'en prends souvent plein la gueule et les tâches les plus ennuyeuses me reviennent souvent. Felipe joue à merveille le rôle du meilleur pote con qui, même quand tu passes une mauvaise journée, réussi à te ramener de force au bar après le travail pour que tu affiches enfin un sourire. C'est ce grand brun svelte et son caractère de Positif Man qui ont matché avec moi depuis le collège. Nous étions et sommes encore inséparables pour le bonheur des uns et le malheur des autres.

Arrivée au quartier de la police fédérale de São Paulo, je dépose mes affaires dans mon casier puis j'entre dans la salle de réunion où se trouve d'ores et déjà Felipe, la tête plongée dans son diaporama. Il me salue de la main sans même lever la tête. Ce mec pourrait mourir pour son travail et adore en faire beaucoup trop, surtout depuis qu'un poste de commissaire fédérale est à pourvoir. Le reste de l'équipe ne tarde pas à nous rejoindre et nous voilà partis pour une bonne heure de blablas qui, à mon sens, n'a aucun intérêt puisque tout est déjà rédigé dans chaque dossier. Nous reparlons également de l'intervention d'hier qui a servi à arrêter une partie d'un réseau de proxénètes qui s'agrandit de jour en jour depuis quelques temps. Une intervention dont j'ai fait partie et dont je ne compte pas abandonner avant d'avoir trouvé le fils de pute qui s'amuse à kidnapper des femmes pour les utiliser comme "business". Après cette interminable réunion, je pars en pause rejoindre Felipe qui m'attend déjà dehors une cigarette à la bouche.

— Mec, tu devrais vraiment ralentir la cadence, tu en es à un paquet entier par jour... Ce n'est pas le travail qui va te tuer, c'est ton banquier ! lui rappelé-je ironiquement.

— Arrête, tu sais bien que, depuis qu'ils ont annoncé que le poste de commissaire fédérale s'est libéré après le départ à la retraite de Manuel, je donne tout pour l'avoir. Et putain que je stress à l'idée que ce connard de Bruno me vole cette place ! m'explique-t-il alors.

— Tu vas avoir les dents pourries et crois moi, tu pourrais bien finir par devenir le prochain Bruce Spence*, me moqué-je toujours de lui.

(*Bruce Spence est un acteur qui a incarné le rôle du personnage La Bouche de Sauron de la saga "Le Seigneur des Anneaux" et qui a la particularité d'avoir les dents pourris.)

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