CHAPITRE 23

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Musique : "The Night We Met" - Lord Huron

RAFAEL ALVES - SÃO PAULO, 11 JANVIER 2023.

Ma voiture fend l'air, laissant derrière elle un sillage de silence oppressant entre Liana et moi. Nos regards se perdent dans l'immensité du paysage qui défile devant nous. Elle est calme et semble apaisée, alors que mon esprit est en ébullition, m'engloutissant dans un bordel intérieur. Je suis consumé par le poids de mes erreurs, hanté par le souvenir de mes actes incorrigibles. Comment ai-je pu être aussi aveugle, et surtout aussi con ? J'ai presque commis l'irréparable en tentant de prendre la vie de la meilleure amie de mon frère...

Les souvenirs se bousculent dans ma tête, des images de Cesario, de sa joie de vivre contagieuse, de son sourire radieux qui illuminait nos vies. Mais chaque sourire se transforme en un rictus de reproche, chaque éclat de rire en un écho accusateur. Je vois son regard empli de déception et de tristesse, me fixant depuis les confins de l'éternité, me demandant comment j'ai pu commettre une telle atrocité. Je le vois, debout dans l'ombre de mes souvenirs, me jugeant avec sévérité pour ma propre lâcheté. Je me sens diminué, anéanti par le poids de mes propres choix. Comment ai-je pu en arriver là, à défier l'essence même de ce que Cesario représentait pour moi ? Je serre les poings, sentant la rage et la frustration monter en moi. Je voudrais hurler ma détresse, déchirer le voile qui obscurcit mon esprit, mais je reste muet, noyé dans un silence assourdissant. Mon cœur saigne, saisi par l'angoisse et le désespoir. Je suis seul avec mes pensées, naufragé dans un océan de culpabilité, cherchant désespérément une bouée de sauvetage dans ce trou sans fond.

Peut-être aurais-je dû écouter les murmures de ma conscience, les avertissements silencieux de mon âme. J'ai été aveuglé par ma soif de vengeance, obscurci par la colère et la douleur. Je me suis laissé emporter par la tempête de mes émotions, aveuglé par le désir de justice. Mais maintenant, face à la réalité de mes actes, je suis consumé par le remords. Je me sens aussi coupable que l'assassin lui-même, aussi corrompu que celui qui a ôté la vie à mon frère.

Et pourtant, malgré la noirceur qui m'enveloppe, une lueur d'espoir persiste. Je suis toujours déterminé à découvrir la vérité sur la mort de mon frère, à trouver celui qui a causé cette douleur indicible. Une promesse fragile, un murmure lointain qui me guide à travers les ténèbres. Sauf que cette fois, je ne suis plus seul dans ma douleur, je le sais maintenant. Il y a Liana, la victime innocente de mes propres démons, dont la présence m'apporte un réconfort inattendu.

La voiture avance, mais mon esprit reste prisonnier de ses propres chaînes. Je me mets à revivre chaque instant, chaque geste posé sur sa peau. La vision de Liana, tremblante et vulnérable, me hante, et chaque éclair de sa peur résonne dans mon esprit comme un cri de désespoir. Je sens la culpabilité me broyer de l'intérieur, comme si mes propres mains étaient devenues les instruments de ma propre chute. Je me revois, le couteau entre les doigts, le regard fou de rage, prêt à commettre l'impensable. Chaque larme versée par ma faute devient une goutte de mon propre sang, chaque marque laissée sur sa peau devient une cicatrice sur mon âme. Je m'en veux de l'avoir blessée, de l'avoir insultée et détestée sans même connaître la vérité. Je m'en veux de l'avoir rejetée, repoussée dans les abysses de ma propre colère, sans jamais me demander si elle le méritait vraiment. Je me rends compte que c'est moi qui suis le véritable monstre dans cette histoire, celui qui a perdu le contrôle de lui-même et de ses émotions les plus sombres.

Je sens mes yeux s'embrumer de larmes, des larmes de regret et de désespoir. Et dans cet instant, je jure de tout faire pour mériter le pardon de Liana, pour me racheter de mes péchés. Tout ce que je veux, c'est rester près d'elle, sentir sa présence apaisante qui me guide à travers les méandres de ma propre culpabilité. Mon corps se tourne instinctivement vers le sien, cherchant le réconfort et la chaleur de celui qui a été la cible de ma propre folie meurtrière. Une ironie cruelle, un paradoxe poignant qui m'aveugle de son éclat insoutenable. Nous sommes deux âmes brisées, naufragées dans un océan de remords. Mais ensemble, peut-être, trouverons-nous la force de guérir nos blessures, de panser nos cicatrices invisibles.

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