CHAPITRE 20

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Musique : "Way down We Go" - KALEO

RAFAEL ALVES - SÃO PAULO, 31 DÉCEMBRE 2022.

Je n'ai pas fermé l'œil de la nuit. Le grand jour est enfin arrivé, celui où je pourrai enfin venger la mort de mon frère. La rage qui me consume ne fait que croître. Un sentiment étrange me transperce le cœur, un mélange vicieux de colère et de désir, de haine et de pulsions contradictoires qui me submerge. Quand j'ai ramené Liana chez moi, j'ai presque oublié de retirer les cadres où se trouvaient les photos de Cesario. J'ai bien compris qu'elle n'est pas au courant qu'il est mon frère et pour mener à bien ma vengeance, je ne veux pas qu'elle le sache. Cela compliquerait tout et affaiblirait ma position. J'ai donc tout retiré avant de la faire entrer, puis tout a dérapé.

Pendant des heures, je me suis torturé avec ces pensées, luttant contre la tentation de lui révéler la vérité. Mais chaque fois que je m'approchais de cette vérité, la colère montait en moi, impitoyable et féroce. C'est une rage profonde qui étreint mon cœur, me rappelant sans cesse la perte de mon frère, et la manière ignoble dont il a été arraché à la vie. Je n'ai réellement rien dit à son sujet à l'ABIN qui l'aurait enfermée directement s'ils apprenaient qu'elle a tué un innocent. Je veux m'en charger moi-même.

C'est ironique de la voir rêver d'une liberté qu'elle se permet d'arracher aux personnes qu'elle tue. Mais j'ai tout de même eu pitié d'elle. J'ai failli tout foirer au bar lorsque je me suis rendu compte qu'elle ne savait rien de mon lien envers Cesario. Sachant qu'elle ne lâcherait pas l'affaire, j'ai décidé d'avouer mon lien avec la police. Dans tous les cas, elle est coincée et ne peut rien dire, car je détiens le pouvoir de lui causer d'énormes ennuis.

Alors que l'alcool coulait à flots et que la fumée du joint brouillait mes pensées, j'ai cédé à mes pulsions les plus sombres. Je me suis approché d'elle avec une fureur contenue, mes yeux brûlant d'une lueur sombre alors que je me perdais dans ses traits. Et pourtant, malgré cette haine qui dévorait mon âme, il y avait quelque chose en elle qui attisait mes désirs les plus primitifs, qui m'attirait malgré moi. C'était comme si je voyais en elle la cause de toute ma douleur, de toute ma souffrance. J'ai alors succombé à mes pulsions et je me suis un peu trop approché du diable.

Je m'en voudrai toute ma vie d'avoir trahi mon frère, et je compte bien mener à bien ma vengeance pour lui prouver mon honneur. Parce que malgré tout, j'ai adoré ce moment. J'ai pris mon pied à voir l'assassin de mon frère jouir sous ma langue. J'ai dégusté chaque goutte de sa mouille alors que ses mains ont permis à tuer l'être que j'aime le plus au monde. C'est à ce moment-là que je me suis senti le plus vulnérable, le plus perdu. Déchiré entre la haine qui me consume et le désir, je me suis retrouvé prisonnier de mes propres émotions, incapable de trouver un répit dans ce tourment intérieur.

Je consacre la matinée à parcourir chaque détail de mon plan, obsédé par l'idée de perfection. Vêtu d'un jogging noir et de chaussures sombres, j'arbore une casquette assortie qui dissimule mes traits dans l'ombre. À première vue, on pourrait penser que je prépare un cambriolage, mais c'est bien un meurtre qui m'attend au tournant. Les heures s'égrènent alors que je m'attelle à aiguiser la lame de mon couteau avec méticulosité, cherchant à ce qu'elle coupe au maximum. L'adrénaline monte en moi à mesure que le temps file, chaque minute me rapprochant un peu plus de l'instant tant attendu. Quand quelqu'un frappe à ma porte, un frisson de surprise me parcourt, craignant que ce ne soit elle. Mais la vision de Felipe qui se tient sur le seuil me ramène brutalement à la réalité.

— Je viens voir comment tu vas, annonce-t-il d'un air dégoûté en scrutant le désordre qui règne dans mon appartement.

— Tu n'es pas obligé de venir tous les jours, je vais bien, je réplique.

FATEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant