CHAPITRE 15

9 3 2
                                    

Musique : "Dark in My Imagination" - Of Verona

LIANA MANCINI – QUELQUES JOURS PLUS TARD

J'ai évité le manoir toute la semaine, essayant de me plonger dans mes études. J'espérais qu'en me concentrant sur autre chose, la douleur qui persiste en moi se dissiperait, mais rien n'a changé. Les paroles de Rafael résonnaient dans ma tête en boucle. "T'es qu'une pauvre tarée !" Bien sûr que je suis folle, je torture et tue des gens depuis des années ! Qu'attendait-il de moi ? Que je laisse le garde du corps me kidnapper pour le sauver ? Et moi alors, est-ce qu'il s'inquiète pour moi au moins ? Je n'ai pas hésité une seconde à me sacrifier pour lui, et c'est ainsi qu'il me remercie ? Un jour je tue trois personnes et le soir même il s'inquiète pour moi au téléphone, puis le lendemain il m'insulte comme si j'étais la pire des ordures. Un moment il succombe à ses pulsions, puis l'instant d'après il me plante au bord de la route. C'est quoi son foutu problème ?!

Monsieur Martins termine son cours pendant que je reste assise, perdue dans mes pensées. Alors que tout le monde semble partir, je descends enfin les marches de l'amphithéâtre pour sortir sous le regard interrogateur de mon professeur. Avant d'ouvrir la porte, mes pas font machinalement demi-tour, une question me brûlant les lèvres.

- Est-ce que vous avez des nouvelles de Rafael, Monsieur ? demandé-je subitement.

- Pas vraiment, désolé. Est-ce que je suis censé m'inquiéter pour lui ? demande-t-il à son tour.

- Non, non, je... Nous nous sommes disputés pour... une bêtise. Il refuse de me voir et ne répond pas à mes messages, rien de grave.

- Rafael est têtu comme une mule, laisse-le revenir à la raison. Il n'est pas rancunier longtemps, il reviendra rapidement, j'en suis persuadé !

- Merci, Monsieur Martins.

- Tu peux m'appeler Pedro. Comme on dit, les amis de mes amis sont mes amis ! Mais pas devant les autres, ils penseront que je fais du favoritisme envers mon élève la plus prometteuse ! Son sourire contagieux illumine son visage.

Je lui adresse un sourire reconnaissant avant de me diriger vers la sortie. Les couloirs de la fac sont déserts à cette heure-ci, et je suis enveloppée par le calme qui règne dans les lieux. En sortant, je respire l'air frais de la nuit naissante, laissant la lumière orange du crépuscule apaiser mon esprit tourmenté. Je vérifie mon téléphone pour la énième fois, espérant désespérément recevoir un message de sa part, mais rien. Mes doigts tapent un autre message, même si une voix dans ma tête me crie d'arrêter. Pourquoi est-ce que je m'acharne autant ? M'inquiéter pour ce pauvre type insignifiant est complètement stupide.

"Tu m'avais dit de te parler si j'avais besoin de quoi que ce soit. Eh bien, c'est chose faite. Apparemment, les promesses ne sont pas ta spécialité."

"Je vais te laisser tranquille. Écris-moi si tu changes d'avis."

"Va te faire foutre, Rafael."

Je laisse mon téléphone reposer dans ma main, une vague de frustration m'envahissant alors que je réalise à quel point je suis obsédée par ses réponses, même si je me dis que je devrais passer à autre chose. Pourquoi est-ce que je m'accroche autant à lui ? Pourquoi ses paroles m'ont autant touchée ? Pourquoi est-ce que je ressens le besoin de le revoir après ce qu'il m'a fait ? Je secoue la tête pour chasser ces pensées, mais elles reviennent toujours, me tourmentant sans relâche.

Le soir commence à descendre sur le campus universitaire, enveloppant les bâtiments de son étreinte chaleureuse. Les derniers rayons de soleil se reflètent sur les façades des bâtiments, créant des reflets orangés qui dansent au rythme de la brise légère. Une douce sensation de quiétude m'envahit alors que je marche d'un pas hésitant vers l'appartement de Camélia, cherchant désespérément un peu de réconfort.

FATEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant