CHAPITRE 14

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Musique : "Seven Devils" - Florence + The Machine

LIANA MANCINI – CASINO DE SÃO SEBASTIÃO

« Mon ange ». Quel enfoiré. Mes joues virent au rouge malgré moi alors qu'il s'éloigne, l'air de rien. J'aurais dû le taser. Pourquoi mon corps ne m'obéit-il pas ? Pourquoi suis-je restée là, sous son emprise ? Comment ai-je pu laisser ce gros con s'approcher de moi ? Trop de questions se bousculent dans ma tête alors que je tente de réajuster ma robe. Il nous reste du temps avant de nous faire repérer. Camélia a hacké les caméras de surveillance, remplaçant les images en direct par une rediffusion. J'espère sincèrement qu'elle n'y a plus accès et qu'elle n'a donc pas vu ce flic bien trop proche de moi.

Les battements de mon cœur résonnent dans le silence oppressant qui règne autour de moi. Je me demande comment j'ai pu être aussi stupide, comment j'ai pu me laisser prendre au jeu de Rafael, même pour un bref instant. Mais malgré ma colère, malgré ma honte, il y a quelque chose d'autre, quelque chose de plus profond, quelque chose que je refuse d'admettre. Le simple fait qu'il m'ait appelé « mon ange » me fait bouillir de rage. Pourquoi diable est-ce que ça me touche autant ? Pourquoi est-ce que ça me rend furieuse et en même temps... en même temps, pourquoi est-ce que ça me fait quelque chose ?

Je secoue la tête pour chasser ces pensées insensées. Je n'ai pas le temps pour ça. Pas maintenant. Il y a trop en jeu, trop de vies en danger, et pendant que je me bats pour garder la tête froide, lui se pavane, l'air satisfait, le sexe gorgé de sang avec une bombe collée au cul.

- On est censés faire quoi maintenant ? demande-t-il soudainement, brisant ce silence gênant.

Je réprime un soupir exaspéré.

- Crie plus fort, histoire qu'on nous entende un peu plus... Je lui lance un regard ironique, espérant que ma dérision couvrira le vacarme assourdissant de ma frustration.

- Excuse-moi, tu préférerais sans doute que je chuchote à nouveau ? Son sourire fier m'irrite au plus haut point.

- Ferme là et... sérieux, arrête de bander, ce n'est pas le moment, putain !

Rafael éclate de rire, replaçant son sexe d'un geste de la main. Je détourne rapidement le regard, cherchant désespérément un point de fuite dans cette situation complètement absurde. Mon regard balaye la pièce sombre, à la recherche de toute menace potentielle. Les secondes s'écoulent lentement, chaque tic-tac de ma montre semblant marquer le rythme de mon pouls.

- Nous sommes à l'intérieur, j'attends ton signal Cam, chuchoté-je en activant mon oreillette.

- Je surveille son bureau mais son garde du corps ne compte pas partir de sitôt, répond-elle d'une voix calme mais pressée.

Rafael, à côté de moi, semble s'impatienter. Il jette des regards nerveux autour de lui, comme s'il anticipait une attaque imminente. Malgré nos différends et nos frictions, je ne peux m'empêcher de ressentir une pointe d'inquiétude pour lui. Après tout, nous sommes dans ce merdier ensemble, que cela nous plaise ou non. Je sens sa tension, presque palpable, alors que nous nous préparons à agir. Chaque muscle de mon corps est tendu, prêt à réagir au moindre signe de danger. Nous sommes des partenaires malgré nous, liés par les circonstances et une mission qui dépasse nos querelles personnelles.

La salle est plongée dans une semi-obscurité, seulement éclairée par la lueur des néons qui éclairent les murs. Les ombres dansent autour de nous, ajoutant à l'atmosphère sinistre qui règne dans cet endroit. Alors que nous attendons le moment propice pour passer à l'action, je sens une boule d'angoisse se former dans le creux de mon estomac. Nous sommes en terrain ennemi, et chaque mouvement que nous faisons pourrait être notre dernier.

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