Musique : "Love In The Dark" - Adele
LIANA MANCINI - GUARUJÁ, 11 JANVIER 2023.
Rafael Alves, putain. Je me sens tellement stupide de n'avoir jamais fait le lien. La douleur qui me vrille le ventre est insupportable. Ce gros con fini aurait presque réussi à me tuer. Il était tellement saoul qu'il m'a raté de justesse, plantant la lame de son couteau dans mon flanc gauche. Par chance, aucun organe vital n'a été touché, mais la plaie saignait abondamment, et chaque mouvement était une torture. Je me suis retrouvée aux urgences, sous un faux nom, passant des heures à subir des examens médicaux, des points de suture, et des traitements pour la douleur. La peur et l'adrénaline ont masqué la douleur sur le moment, mais maintenant, chaque battement de mon cœur semble résonner dans la plaie béante de ma chair.
Aujourd'hui, j'ai pris la décision de fuir l'hôpital. La perspective de rester immobile dans un lit miteux, sous le regard inquisiteur des médecins, est insupportable. Je sais que je prends un risque en quittant l'enceinte médicale, mais je ne peux pas me permettre d'attendre davantage. Il y a quelque chose de plus urgent qui m'attend, quelque chose de crucial que je ne peux pas ignorer.
Mes yeux dérivent sur la route alors que le taxi roule vers cette fameuse ville. Un endroit que j'ai évité depuis si longtemps. Je n'y suis allée qu'une seule fois, une unique fois, mais cette visite a laissé une empreinte indélébile sur mon âme. J'ai eu l'impression d'y perdre mon humanité, de voir éclater en morceaux ce qui restait de ma conscience. Des remords me rongent depuis des années, comme des serpents venimeux s'enroulant autour de mon cœur. Les images de cette journée maudite, où tout a basculé, ressurgissent dans mon esprit avec une clarté brutale. Chaque détail, chaque mot, chaque regard, tout se rejoue en boucle, me torturant sans relâche. Le bruit sourd du moteur du taxi résonne dans l'habitacle, un écho lancinant de ma propre douleur. Je me tiens le ventre, gémissant de douleur à chaque secousse de la route cahoteuse.
— Est-ce que vous allez bien ? Vous auriez dû rester à l'hôpital, votre blessure va s'aggraver... me dit le chauffeur d'une voix soucieuse.
La douleur physique n'est rien comparée à la douleur mentale qui m'étreint. Les remords, la trahison, la compréhension soudaine de mes propres actes, tout s'est déroulé à une vitesse vertigineuse sous mes yeux pendant cette dernière journée de l'année. Je rassure le chauffeur d'un faible sourire et lui demande de continuer, sachant que je dois affronter les démons de mon passé pour trouver la paix.
Le taxi continue sa route, traversant les rues de la ville jusqu'à ce que nous atteignons enfin notre destination. La tension monte en moi à mesure que nous approchons du cimetière, un lieu chargé de souvenirs douloureux et de secrets enfouis. Je descends du taxi avec précaution, sentant chaque pas résonner dans mon corps meurtri. Le vent souffle doucement, apportant avec lui le murmure des feuilles et l'odeur de la terre fraîchement humide. Le ciel est teinté de nuances orangées, le soleil se couchant lentement à l'horizon. Je marche d'un pas hésitant entre les tombes, chaque pierre tombale une marque de la vie qui fut, un rappel de la mort inévitable qui nous attend tous.
Mes pensées sont comme des tourbillons dans ma tête, m'entraînant plus profondément dans les méandres de mes souvenirs. Enfin, je trouve la tombe que je cherche, celle de mon meilleur ami. Mon cœur se serre en voyant son nom gravé dans la pierre, une pierre froide et immuable qui semble se moquer de ma douleur. Je m'agenouille devant lui, laissant échapper un soupir tremblant. Les larmes embuent mes yeux alors que je commence à parler, murmurant des mots que seul lui peut entendre.
— Je suis désolée, tellement désolée, chuchoté-je, sentant le poids de mes remords s'abattre sur mes épaules. Désolée pour tout ce que j'ai fait, pour les choix que j'ai faits. Si seulement je pouvais revenir en arrière, si seulement je pouvais tout effacer...
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FATE
RomanceIci, à São Paulo, la loi du plus fort prime, des policiers, avocats, juges, garde de prison, tous sont corrompus. L'argent ne fait pas le bonheur chez nous, elle rallonge la durée de vie. Sans argent, sans protection, des familles entières finissent...