Eat Little Heart - Tome 1

CHAPTER XV -

Je me retrouve à l'entrée d'une grande roue, les regards étaient braqués sur nous, comme s'ils n'avaient jamais vu deux hommes se tenir la main à l'entrée d'une grande roue.
Nous montons tous les deux dans un siège qu'ils nous ont assigné, et une vingtaine de secondes après la roue commença à tourner.

Puis, nous finissons tout en haut. J'observe tendrement les lumières de la ville d'à côté, blanche et jaune, certaines sont rouges et bleues. La beauté des lumières sur l'ombre est quelque chose que j'ai toujours aimé observer.

Je tourne la tête vers le beau brun à côté de moi qui caressait ma main, pour le voir regarder la ville lui aussi.

Il a dû sentir mon regard sur lui, car il finit par se tourner vers moi. Au début, il souriait, puis il changea par un air perturbé.

- Je suis désolé... ce n'est pas grand-chose.

- C'est incroyable.

- Je veux t'embrasser plus haut que mon amour pour toi Evan, seulement cela est impossible tellement il est fort.

- Ne dis pas ce genre de conneries.

Le silence s'installe après ça, mais nos visages se rapprochaient doucement alors que nous étions toujours presque tout en haut.

Puis j'ai encore craqué, et nos lèvres se sont touchées, nos langues se sont mélangées, encore.

Mes mains étaient posées sur ses joues, les siennes sur mes côtes.

Il s'apprêtait à parler, mais je le coupe directement.

- Ne dis pas que tu m'aimes.

Alors il la ferma. J'étais sûrement un connard à ce moment, mais s'il le disait je n'aurais pas d'autre choix que de répondre par l'affirmative ou la négative, ce que je ne voulais pas.

Je ne sais pas si je veux ou pas finir avec lui.

Le silence s'est emparé de l'ambiance, enfin descendu, nous marchions tous les deux dans le vide sans rien dire, avant que je décide finalement de l'ouvrir.

- Nous devrions aller dans le restaurant qui vient d'ouvrir à côté, je n'ai rien chez moi.

- Je n'ai pas assez pour payer..

- Qui a dit que tu payerais ?

Je ne le laisse pas répondre et prend sa main pour l'amener dans le lieu. L'un des serveurs nous place à une table éloignée et nous laisse choisir ce que nous voulons sur la carte en allant s'occuper d'autres clients.

- C'est bien trop cher Evan.

- Rien n'est trop cher quand il s'agit de toi. Je vendrais mon cœur pour acheter le tien.

- Et je serais celui qui aura acheté ton cœur, je ne laisserai personne d'autres l'avoir peu importe le prix de celui-ci.

Nous terminons cette discussion sur un sourire quand le serveur revient à notre table.

Wilan choisi de prendre un hamburger et moi une salade.

- Un burger au restaurant.. dis-je en rigolant une fois le serveur parti.

- Ne rigole pas... c'est très bon. Je peux toujours m'en aller tu sais.

- Ok ok je suis désolé. Tu me feras goûter ?

- Au burger, ou à mon corps ?

Je me contente de rire sans répondre. Nos regards ne font que se croiser, je n'osais pas le regarder droit dans les yeux, mais en même temps, mon regard ne pouvait pas quitter sa personne.

Une dizaine de minutes après des échanges de sourire et regard soi-disant discret, le serveur revient avec nos assiettes.

Je pensais avoir le courage d'avaler quelque chose, mais en voyant celle-ci, mon estomac se mis à tourner, ma gorge se bloqua et je peux jurer que mon cœur a arrêté de battre pendant quelques secondes.

Je voulais me lever pour me diriger aux toilettes, alors que je n'avais encore rien avalé, et cette fois, sa douce voix ne pouvait m'en empêcher.

- Evan ? Tu vas où !

Je ne voulais pas qu'il me retienne, je n'arrivais pas à écouter cela. J'avais juste besoin de vomir tout ce que j'ai pu avaler ces derniers jours. Aucune douleur ne pourrait remplacer cette sensation de mal-être.

J'étais dans une des cabines du restaurant, à vomir tout ce qu'il me restait. Il n'aurait pas dû me faire manger quelques heures plus tôt.

Et soudain, je sens mes jambes me lâcher. Je tombe dans ce lieu avec à la fois tant, et à la fois si peu d'espace. Rien ne pouvait me retenir, personne ne me relèverait, rien ne pourrait essuyer les larmes qui ont déjà commencé à tomber.
Rien ne me libérerait de cette bulle que je venais de créer, rien sauf ses poings froids qui tapent que la portent en bois.

" Evan ouvre-moi " Dit-il avec sa voix inquiète. Je ne suis pas encore mort, ne t'en fait pas.
Je finis par récupérer les peu de forces que j'avais pour lui ouvrir. Ouvrir cette porte qui le mènerait à la douleur dans ma tête.

Mes larmes s'enfuient soudain, je pris un sourire qu'on pourrait qualifier d'arrogant. Montrer ma douleur devant lui n'était juste plus possible.

- Tu n'es pas obligé de rester, je vais leur demander de nous faire des boîtes. Je reviens petit cœur.

Avant de partir, il se retourne vers moi.

- Je n'ai jamais vu un corps aussi intéressant que le tien.

Il n'avait pas besoin de voir ma douleur pour la comprendre. Il sait tout avant moi.
Il s'est tenu à ce qu'il a dit en revenant quelques minutes après, il m'a relevé malgré le sac étonnement lourd qu'il avait dans la main gauche. Puis il me fit sortir du restaurant aussi discrètement que possible.

Arrivé sur ma moto, je décide que je voulais conduire. Il accepta et, au lieu de s'accrocher à mon torse, mon ventre, il posa fermement ses mains sur mes cuisses.

Je voulais ressentir une nouvelle fois, je dépasse toutes les vitesses malgré la petite ville dans laquelle nous sommes. Je suis peut-être un connard dangereux d'agir comme ça, mais l'air frais qui fait voler mes cheveux me fait me sentir comme vivant une dernière fois.

Toute chose a sa fin. Arrivé chez moi, j'ai dû réduire la vitesse jusqu'à arrêter la moto qui me faisait vivre.
Mais je ne comptais pas m'arrêter de ressentir pour autant, alors arrivé dans la maison, je sors une bouteille de whisky du placard de Fred. Il avait pleins d'alcool, il ne le verrait même pas.

Wilan n'avait pas l'air pour, et je sais qu'il m'en empêcherait, mais j'en avais besoin alors je devais le convaincre.

- Un jeu de question. Si nous répondons, il ne se passe rien, si nous refusons de répondre, l'autre doit piocher un papier. Soit boire, soit... retirer un vêtement. Je souris malicieusement.

Proche de moi, il passe son doigt sur l'anneau froid de mon oreille percée.
Il hésite un long moment, un peu trop pour moi, puis il finit par accepter. Sûrement par l'idée de la vue du corps que je déteste tant.