Chapitre 11

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Manon

Avachie sur le canapé, j'avais dû m'endormir car ce fut la sonnette de la porte d'entrée qui me réveilla en sursaut. La télé face à moi, toujours allumée sur les exploits de mon lieutenant de police préféré, affichait 2 h 34 du matin.

Ashley avait encore dû oublier ses clés.

Je me levais péniblement tout en grommelant pour aller ouvrir non sans jeter un coup d'œil par le judas : on ne savait jamais, un violeur ou terroriste était si vite arrivé. Le spectacle derrière la porte me la fit ouvrir à la volée et acheva de me réveiller.

Devant moi, Ethan tenait une Ashley, plus saoule que jamais, dans ses bras.

– Ashley, ma belle ça va ?

Pour toute réponse, j'eus le droit à un faible baragouinement provenant du fond de sa gorge. Bon en effet, ma question était assez stupide car dès le premier coup d'œil, même un aveugle aurait pu deviner qu'elle n'irait pas danser la samba dans l'immédiat.

Cependant, elle respirait et avait « simplement » l'air d'avoir bu quelques verres de trop. Voir une douzaine. Malgré cela, mon cœur se serra à la vue de ses cheveux blonds tombant devant son visage complètement défait. Je n'aimais vraiment pas la voir comme ça. Je fis signe à Ethan de passer et refermais doucement la porte derrière eux.

– Sa chambre est par là, fis-je en lui indiquant le chemin. Puis je baissais d'un ton comme si elle pouvait m'entendre dans son état proche du coma. Que s'est-il passé ?

– Je l'ai trouvé à la soirée de Josh dans cet état. Je l'ai reconnu et j'ai pensé qu'il valait mieux la ramener.

Mon cerveau, même concentré sur mon amie, arrivait quand même à imprimer qu'il était en train de porter mon amie (sûrement depuis la sortie de sa voiture) qu'il réussissait à me parler et tout cela sans même suer ne serait-ce qu'une goutte. Et bon sang : ça m'impressionnait. Les heures de football servaient véritablement à quelque chose. Je me secouais mentalement la tête. Ça n'allait pas de penser à cela dans ces conditions ?

– Elle était toute seule ? repris-je.

– Je n'en sais rien, haussa-t-il les épaules (il arrivait en plus à hausser les épaules !). En-tout-cas personne n'était autour d'elle quand elle vomissait tout ce qu'elle avait dans le corps.

Finis les pensées parasites. J'allais tuer Zac qui devait s'en porter garant durant toute la soirée.

Non. Tuer était un moindre mal. J'allais l'égorger puis balader ses entrailles le long d'une voie ferrée.

Comment avait-il pu laisser mon amie toute seule ? Elle aurait pu... Je fermais les yeux en encaissant le coup. Bon sang, heureusement qu'Ethan était passé par là.

J'ouvris la porte de la chambre de ma coloc avisant qu'aucune petite culotte ne traînait. N'étant pas à l'article de la mort, je savais qu'elle m'en serait reconnaissante. Ethan rentra dans la pièce afin de décharger son fardeau, quand celui-ci se redressa d'un coup dans ses bras :

– Je ne me sens pas...

Quelques secondes plus tard, les vêtements de ce dernier trempaient dans le reste de vomi qu'il devait rester du ventre de mon amie. J'eus des plus grandes peines à ne pas éclater de rire devant sa tête dégoûtée. A son regard, je compris qu'il hésitait à la lâcher d'un coup par terre et à l'abandonner à son triste sort. Et franchement : je pouvais le comprendre. Surtout lorsque l'odeur monta à mes narines et que je faillis vomir à mon tour.

Me bouchant le nez, je lui indiquais la porte d'en face :

– Pose-la dans son lit, je vais m'en occuper – mon regard s'arrêta sur ses habits et sa peau tristement redécorés – Si tu veux, tu peux aller te doucher pour enlever cette odeur.

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