Université

Chapitre 19

Manon

– Si je te vomis dessus, tu ne le prendras mal ?

– Il est fort possible que cela ne me procure pas un plaisir intense. Mais bon, si après cela, tu me proposes d'aller dans ta douche et que tu m'y accompagnes, je ne suis pas entièrement contre.

Je ricanais et ravalais la bile qui montait dans ma gorge. Bigre, je n'avais pas été si stressée depuis... Je ne m'en souvenais même pas.

Sa main se posa sur les miennes et je me rendis compte que je triturais mes doigts. Je lui adressais un semblant de sourire qui ressemblait fort à une grimace et, me jetant un coup d'œil, il ricana, avant de reporter son attention sur la route.

Nous étions vendredi soir, soir de rencontre avec sa famille. Entre les cours, les cours de danse, les répétitions de la chorée, les prises de nos mesures pour les vêtements d'Ashley et des moments entre filles, la semaine était passée tellement vite que je n'avais même pas eu le temps de m'y préparer.

Ethan conduisait en me jetant de nombreux coups d'œil, sa main droite tenant les miennes jointes sur mes genoux.

– Ca va aller Roy, ma grand-mère t'adore déjà depuis le moment où je lui ai annoncé que j'emmenais quelqu'un à manger. Et mon petit-frère a hâte de montrer à quelqu'un de nouveau sa collection de cochons.

– De cochon ?

– Je ne t'avais pas dit qu'ils les collectionnaient depuis tout petit ?

Je secouais négativement la tête.

– Un jour, on a visité une ferme et il est tombé amoureux d'un petit cochon. Enfin d'un gros cochon. Il voulait absolument le ramener à la maison. Autant te dire que mes parents n'étaient pas ravis...

Mon oreille se redressa en l'entendant prononcer le mot « parents » au pluriel. J'avais compris que son père était parti il y a longtemps mais si mes calculs étaient bons et que sa mère était présente lors de ce souvenir cela signifiait qu'il était parmi eux il y a deux trois ans. Car Nate, ne pouvait avoir eu envie de ramener un cochon chez lui avant d'avoir atteint l'âge de parler et de marcher non ? Mais pour quelles raisons ne faisait-il plus parti de l'équation ?

– Alors, ma mère lui a acheté un petit cochon en peluche pour compenser car il était évident qu'il avait eu un coup de foudre pour celui de la ferme. Et depuis, c'est devenu une passion. Si tu ne sais pas quoi lui acheter pour son anniversaire ou pour lui faire plaisir : tu lui prends un cochon. N'importe quelle forme, n'importe quelle taille, il aime tout.

C'était une passion peu commune mai cela me faisait sourire. Sa mère avait dû lui acheter peu de temps avant de partir dans sa maison médicale, les cochons devaient être un moyen pour lui de se rapprocher d'elle. C'était vraiment adorable.

– T'aurais dû me le dire plus tôt, je lui en aurais acheté un avant de venir !

– Voudrais-tu corrompre mon petit frère Roy ?

– Ah mais carrément ! Aucune scrupule Blake, je suis prête à tout.

Il explosa de rire et raffermis sa prise sur ma main avant de les emmener vers sa bouche pour y déposer un baiser.

– Ne change pas Roy, vraiment.

– Oh, ne t'inquiète pas pour ça Ethan... Je n'y comptai pas.

Je me retournais vers la fenêtre et me reconcentrais sur le paysage. J'allais rencontrer la famille de mon copain. Et sachant à quel point celle-ci comptait à ses yeux, j'espérais vraiment qu'ils allaient m'apprécier.