Chapitre 10

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Manon

Qui a dit que manger des céréales à 20 heures ne se faisait pas ? En-tout-cas, ce n'était pas mon cas. S'il y avait bien quelque chose que j'adorais depuis que je ne vivais plus avec mes parents, c'était pouvoir manger ce que je voulais quand je le voulais et où je le souhaitais.

Plus besoin de faire le repas à une heure fixe. Plus besoin de réfléchir à un plat pour satisfaire tout le monde. Là, c'était juste moi, mes envies, ma potentielle flemme et à la limite Ash, lorsqu'elle était présente. Ce qui n'était pas le cas en ce moment, étant à son cours de mode.

Ma flemme avait donc débarqué au galop et je m'étais retrouvée devant mon placard et c'est mon envie de sucré qui avait primé sur le bon sens de manger des légumes. « Tu as mangé une salade ce midi », me disait ma petite voix réconfortante dans ma tête. Je l'aimais bien celle-là. Toujours de bons conseils.

Je jetais un coup d'œil à l'horloge du salon. Riley devait passer dans la soirée, après son entraînement de handball et j'avais hâte d'avoir des nouvelles. Bon, il fallait l'avouer, j'avais surtout hâte de savoir si la fille qui draguait le coach avait encore frappé et si c'était le cas : qu'est-ce qu'elle avait pu inventer cette fois-ci ?

Oui, oui les commérages, c'est comme des bonbons : on n'en a pas besoin mais c'est tout comme car on se sent toujours mieux une fois ingurgités.

Draguer un professeur ou un coach ne m'avait jamais traversé l'esprit mais je ne critiquais pas celles qui y pensaient. Bon même si entre penser et agir, il y avait deux mondes. Et en l'occurrence, l'équipière de Riley connaissait particulièrement le deuxième propos. Elle était particulièrement.... Entreprenante. Mais bon, après tout cela me faisait passer le temps.

J'engloutis une nouvelle bouchée de mes céréales en avisant le film qui se déroulait sous mes yeux. En français s'il vous plaît.Cela faisait du bien d'entendre des personnes parler ma langue. A l'écran, une jeune fille buvait un café et mon esprit s'évada instantanément en direction de MON café de l'autre jour.

Je ne pensais pas tomber sur Ethan en allant poster des lettres à ma famille et mes amies et encore moins à le voir si... défait. Ce n'était pas une expression que j'avais l'habitude de voir sur son visage. D'ailleurs, je ne l'avais jamais vu comme ça. Et même si j'essayais de ne pas l'approcher plus que cela car, chaque fois, je me sentais mal envers Laurie après coup, j'avais craqué en voyant son air désappointé.

Le moment que nous avions passé ensemble n'avait fait que me donner envie d'en passer d'autres en sa compagnie.

Il y avait quelque chose chez ce mec... En-dehors de son air de beau gosse que tout le monde voulait dans son lit ou voulait tout simplement être. Il avait ce truc.

Ce petit quelque chose qui me donnait envie d'aller chercher plus loin dans sa carapace de tombeur. J'avais pu l'apercevoir lorsqu'il me parlait du football. Il était passionné. Oui. Mais surtout, il en avait besoin et au vu de ce que j'avais pu comprendre : besoin pour s'échapper du quotidien. Et malgré moi, je voulais savoir ce qui avait pu se passer (ou se passait encore) dans sa vie pour qu'il ait cette petite lueur dans le regard. Ayant cours juste après, j'avais dû abréger – à contre-cœur, je devais l'avouer – notre conversation et n'avais donc pas pu en apprendre davantage. Mais je savais qu'il y avait plus. Je le sentais.

Le bruit de la sonnette m'extirpa de mes pensées. Des pensées que je n'aurais pas dû avoir, je le savais. Et même si cela n'était que dans ma tête, je me sentais coupable.

Je secouais cette dernière et sortis du canapé difficilement. Ma position m'avait ankylosé. Ce n'était pas une très bonne idée de glisser ses jambes en dessous de mes fesses. C'est donc telle une petite mamie que j'allais ouvrir la porte d'entrée.

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