Chapitre 24

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Ethan

Je regardais mon frère jouer dans la neige en souriant. Il sautait et se laissait tomber par terre en rigolant. Lui, qui voulait un Noël enneigé, avait été servi. Cela tombait depuis deux jours et n'avait pas l'air de vouloir s'arrêter. Je ramassais une boule de neige, la tassais pour en faire une boule bien ronde et le visais. Il se la reçut en plein visage, et explosa de rire avant de me courir après, tenant absolument à me plaquer au sol.

– Tu n'y arriveras pas morveux, rigolai-je en lui faisant face.

– J'y suis arrivé une fois, je peux le refaire de nouveau.

Le souvenir de cet après-midi vint me percuter en pleine poitrine. Merde alors... Je revis sa moue concentrée, le visage espiègle de Manon qui s'avançait vers moi et qui m'avait murmuré des propositions plus qu'alléchantes à l'oreille avant que je ne me rende compte qu'elle m'avait foncièrement piégé et que mon frère ne me mette au sol. Le cri de joie de ce dernier, lorsqu'il s'était rendu compte de sa victoire et sa moue exaltée avait résonné dans ma poitrine durant des jours. Je les voyais encore se taper dans les mains, tout fières de leur coup et le regard émerveillé de Nate sur Roy. Ce jour-là, j'étais tombé encore plus sous le charme de cette fille si cela était possible.

La moue joueuse qu'il affichait me reportait à ce moment précis et mon cœur se serra. Il se redressa et à son regard interrogatif, je me doutais que son envie de me faire tomber venait d'être reléguée au second tableau.

– Elle revient quand d'ailleurs Manon ? Il faut absolument que je lui montre le mouvement de danse qu'elle m'a appris la dernière fois. Je le réussis beaucoup mieux maintenant.

Je ne savais quoi dire, à cet enfant, mon frère, qui avait déjà une vie assez compliquée. Lui dire que cette personne, dont il s'était fortement attaché, était sortie de nos vies – mon cœur se serra de manière douloureuse à cette pensée – et surtout, que c'était entièrement ma faute. Je ne pouvais pas.

A la place, je lui sautais dessus et entrepris de lui faire manger la neige sous son rire ravi.

J'étais peut-être lâche mais, pour l'instant : je m'en contentais.

J'étais en train de lui enfoncer la tête dans la neige, lorsque ma grand-mère débarqua, le visage enfoncé dans son écharpe. Après avoir souri d'un air attendri en nous regardant, elle me tendit mon portable.

– Il n'arrête pas de sonner, je me suis dit que cela devait être urgent.

– C'est qui ? la questionnai-je tout en me levant pour la rejoindre.

– Une certaine Elena.

Le prénom me fit hâter le pas. Car Elena était le prénom que j'avais donné aux aides-soignantes qui s'occupaient de ma mère pour pas que ma grand-mère s'inquiète si jamais elle tombait (comme dans ce cas de figure) sur un de leurs appels. Or, si elles essayaient de me joindre avec autant de vigueur, cela n'annonçait pas de bonnes nouvelles. Nous étions pourtant tous venus la voir la veille et elle était en pleine forme.

Nous avions tous joué un long moment aux cartes puis Nate nous avait montré son spectacle de Noël qu'il avait réalisé à son école. Il était prévu que nous y retournions tous le lendemain pour fêter Noël tous ensemble. Les cadeaux étaient déjà empaquetés et prêts à être transportés. Nous avions dû les cacher pour que Nate n'essaie pas de découvrir ce qui se trouvait dans les siens, avant l'heure.

Je me dépêchais de rappeler le dernier numéro qui avait essayé de me joindre et m'éloignais des oreilles de ma grand-mère et de mon frère. La sonnerie n'eut même pas à retentir trois fois avant que la voix de Molly ne retentisse de l'autre côté du combiné.

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