𝐁𝐄𝐒𝐓 (𝐁𝐎𝐘)𝐅𝐑𝐈𝐄𝐍𝐃𝐒 | ❝ᵐᵃᵉⁱˢᵒ❞

𝟣.

Devant le miroir de sa salle de bain, Maehara ne cessait de défaire et refaire la cravate ornant le col de son uniforme, espérant vainement obtenir un résultat parfait. Mais le nœud finissait soit trop serré et lui étouffait la gorge, soit pas assez et lui donnait un air bien trop négligé pour un jour de rentrée. Et puis, au-delà de cela, il devait admettre qu'il souhaitait se présenter sous son meilleur jour, hâtif de retrouver son meilleur ami. Habituellement, il n'aurait pas fait tant d'efforts afin de se montrer si présentable face à Isogai. Néanmoins, la pointe de nervosité lui piquant le cœur le poussait à être perfectionniste ce matin-là.

Après tout, le brun et lui s'étaient éloignés ces deux dernières années, à un point où ils ne s'étaient pas vus et avaient à peine échangé depuis plusieurs mois, peut-être même un an. Lors de leur entrée au lycée, Yuma avait poursuit ses études à Kunugigaoka alors que les parents d'Hiroto avaient transféré leur fils dans un autre lycée, plus prestigieux encore. N'ayant cependant pas réussi à atteindre le niveau suffisant pour effectuer sa troisième année dans cet établissement, le roux était désormais prêt à réintégrer Kunugigaoka, là où il retrouverait au moins Karma ainsi que son meilleur ami, leurs anciens camarades de la classe E étudiant ailleurs.

Garder le contact s'était fait de plus en plus difficile au fil des mois pour chacun d'entre eux, certains ne se parlaient d'ailleurs plus du tout. Il n'était alors pas absurde pour Hiroto d'imaginer que son amitié avec le brun ait pâti de leur éloignement, peut-être que tous les deux n'avaient plus suffisamment su entretenir le lien les rattachant depuis leur enfance. Ou peut-être qu'il se faisait simplement des idées. Trop réfléchir n'était pas dans ses habitudes, et il comprit pourquoi en prenant conscience du désagréable nœud d'angoisse que cela créait entre les parois sa gorge. Il balaya alors ces pensées de son esprit, préférant attendre de voir comment cela se passerait entre son ami et lui le moment venu.

Cet instant n'allait d'ailleurs pas tarder à se produire. À force de ressasser, l'heure de quitter son domicile et rejoindre Yuma était passée de tout juste quelques minutes. S'accordant un dernier regard dans le miroir, il soupira face à sa cravate mal nouée et passa une main entre ses cheveux, comme si ce simple geste aiderait à mieux les coiffer et faire oublier ce tissu pendant à son col. Presque certain que son ami l'attendait déjà devant chez lui, il prit son sac sans attendre et dévala les escaliers en à peine quelques secondes, puis ferma à clé derrière lui lorsqu'il mit finalement un pied dehors.

Près du portail se tenait la silhouette du brun, dont les yeux dorés étaient tournés vers l'écran de son téléphone, sûrement prêt à envoyer un message au retardataire. À l'instant même où il le vit, Maehara ne put réprimer le large sourire qui se logea instinctivement sur ses lèvres, heureux de le revoir enfin. Impatient d'être à ses côtés, il le rejoignit en quelques enjambées enthousiastes. Relevant le regard sur son ami, Isogai lui rendit aussitôt son sourire alors qu'une mince chaleur réchauffait le creux de sa poitrine. Cela faisait bien longtemps que tous les deux ne s'étaient pas retrouvés devant chez cette maison pour prendre le chemin de l'école ensemble.

- Isogai ! Excuse-moi pour le retard, lui lança-t-il, glissant une main maladroite entre ses mèches rousses.

Le brun resta silencieux un instant, détaillant son ami de haut en bas. Leur dernière rencontre ne remontait pas si longtemps auparavant, et pourtant il avait l'impression qu'Hiroto avait encore grandi. Depuis le collège ses traits s'étaient affinés, lui donnant un air plus adulte et ajoutant davantage à son charme naturel. Son visage restait néanmoins illuminé par cette joyeuse énergie que le plus petit avait toujours connue chez lui.

- Ce n'est rien, Maehara. J'ai connu pire venant de toi, répondit-il, une lueur taquine brillant au fond de son regard.

- En effet, c'est même un miracle que je n'ai que quelques petites minutes de retard en fait, tu devrais me féliciter, rétorqua-t-il, son sourire s'élargissant et plaçant ses poings sur ses hanches.