𝟤𝟥.

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Arrivé sur le pas de la porte, Maehara se figea un instant face à la maison où il résidait depuis toujours. À ses côtés, Isogai était là, prêt à l'aider à faire ses cartons, qu'il stockerait dans l'une des deux chambres d'hôte où son père et lui vivraient pour les prochaines semaines, voire mois. 

Maladroitement, le roux sortit ses clés de sa poche, mais ne trouva pas la force de déverrouiller le serrure à moins d'un mètre de lui. Depuis qu'il avait fait éclater la vérité au sujet de Katashi, il n'avait remis les pieds ici qu'une seule fois, le premier jour des vacances. Désormais, entrer en ces lieux l'effrayait. Sachant qu'il n'était définitivement plus le bienvenu entre ses murs, il avait l'impression qu'on pouvait l'en sortir de force à tout instant, d'autant plus sans son père pour le protéger. 

Une lueur attristée luisit à la surface des yeux ambrés du plus petit, qui n'avait aucun mal à percevoir la peur enveloppant son meilleur ami. Le voir ainsi, si peu assuré et incapable d'afficher son habituel sourire enthousiaste, lui perçait le cœur. Désireux de le faire se sentir soutenu, Yuma posa une main sur son épaule, la pressa doucement au travers de la manche de son t-shirt et la caressa du bout de son pouce. Le corps d'Hiroto se détendit un peu, suffisamment pour qu'il parvienne à échanger un bref sourire avec le brun. 

Rassuré, il se décida à déverrouiller la porte et pénétrer l'entrée, suivi de près par Isogai qui ne le lâcha pas. Ils ne s'attardèrent pas au rez-de-chaussée et rejoignirent la chambre du plus grand, où Makoto avait laissé quelques cartons. Debout au milieu de la pièce, Maehara la balaya du regard et soupira à l'idée du travail ennuyeux qui les attendait.

- Ça ira, Hiroto. Je te promets que vider une chambre n'est pas si horrible, le rassura-t-il, taquin et bienveillant à la fois.

L'ombre d'un sourire passa sur les lèvres du roux, avant qu'il ne croise le regard de son meilleur ami, au fond duquel il trouva tout le soutien qu'il lui portait.

- Tu promets de m'aider jusqu'au bout ?

- Oui. Mais pas de tout faire à ta place.

- Comment !? Jamais je n'oserais te laisser tout ça sur les bras voyons ! rétorqua-t-il, faussement indigné.

Isogai roula des yeux, toutefois sans pouvoir réprimer un sourire.

Sans plus tarder, les deux garçons se répartirent ce qu'il y avait à empaqueter et entamèrent leur tâche, l'un avec plus de motivation que l'autre. Tandis que le plus grand s'occupait de débarrasser les affaires jonchant la surface de son bureau et remplissant ses tiroirs, le brun s'attelait à vider le placard contenant ses vêtements. Étonnamment, la plupart de ces derniers étaient parfaitement pliés et empilés. Le rangement n'était pourtant pas le point fort de Maehara, son meilleur ami avait d'innombrables fois soufflé face à son côté désordonné, qui était aussi souvent parvenu à lui décrocher un sourire. 

À ses yeux, ce manque d'organisation participait au charme du roux. D'une certaine manière, Yuma appréciait cela chez lui, parce que cela lui donnait la possibilité de l'aider à mieux se cadrer lorsque c'était nécessaire. Et il aimait le simple fait de l'aider, par tous les moyens. À l'inverse, Hiroto lui permettait de se détacher de son besoin d'ordre particulièrement présent, toutefois pas toujours indispensable et parfois plus freinant qu'autre chose. Il aimait tout autant cela, qu'il soit prêt à le détendre et le faire rire dès lors qu'il le nécessitait.

Très vite, le plus petit jugea que c'était en fait normal de retrouver ses placards dans un état décent. Le roux ne vivant plus ici, il n'avait alors pas l'occasion de semer le chaos dans ce qui lui appartenait. S'appliquant à mener à bien sa tâche, Isogai tendit les bras jusque dans le fond du meuble, là où il restait un habit. Lorsqu'il sortit le vêtement, il haussa les sourcils et entrouvrit la bouche. Ce tissu, il avait beau ne pas l'avoir vu depuis le collège, il le reconnut sans aucune difficulté. 

𝐁𝐄𝐒𝐓 (𝐁𝐎𝐘)𝐅𝐑𝐈𝐄𝐍𝐃𝐒 | ❛ᵐᵃᵉⁱˢᵒ❜Où les histoires vivent. Découvrez maintenant