𝟥𝟨.

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Affalé dans le canapé aux côtés de son père, Maehara peinait de plus en plus à maintenir son attention sur la série que tous deux regardaient sur la télévision du salon. Malgré lui, ses yeux ne cessaient d'alterner entre l'heure affichée par la box internet et l'écran de son téléphone. Plus les minutes avançaient, plus l'inquiétude de ne pas recevoir le message qu'il attendait grimpait. 

Cette agitation, bien qu'il essayait au mieux de la contrôler, n'échappa pas à l'œil de Makoto. Ce dernier tenta de lui décrocher une réaction par le biais de quelques plaisanteries à propos de ce qu'ils visionnaient, mais son fils ne sembla même pas les écouter. Il manquait pourtant rarement de répondre aux commentaires du plus vieux, et appréciait toujours les longs débats dans lesquels ils finissaient souvent par se lancer dans ce genre de situation.

Mais là, rien. Ses pensées l'absorbaient, le retenaient de sourire et durcissaient ses traits. Soucieux chaque fois qu'il le voyait revêtir une telle attitude, peu habituelle chez lui, son père fronça légèrement les sourcils. Tout en le dévisageant du coin de l'œil, il réfléchissait à un moyen de le tirer de son esprit sans avoir à le brusquer. Finalement, l'esquisse d'un sourire taquin étira ses lèvres tandis qu'il se penchait vers son fils, dont le regard guettait une énième fois son portable. 

- À qui est-ce que tu peux bien parler pour ignorer ton vieux père, Hiroto ?

Ces mots prononcés non loin de son oreille ramenèrent aussitôt Maehara à la réalité. Traversé par une pointe de culpabilité en se rendant compte qu'il ignorait Makoto depuis un moment déjà, alors qu'ils s'étaient promis de passer une soirée entre père et fils en ce samedi soir, il n'osa pas croiser son regard. 

- Pardon, papa... je parlais à personne. Je n'ai juste pas de nouvelles de Yuma, expliqua-t-il, passant une main maladroite derrière sa nuque.

Le plus vieux perdit son maigre sourire et plissa à nouveau les sourcils. Il savait que le brun avait pour habitude de prévenir Hiroto lorsqu'il rentrait chez lui après le travail. Il savait aussi que la seule et unique fois où il ne lui avait pas envoyé ce fameux message, c'était parce qu'une mauvaise rencontre sur le chemin du retour l'en avait empêché. Il comprenait donc sans difficulté l'inquiétude rongeant son fils à cet instant.

- Peut-être qu'il finit son service plus tard que prévu, ou qu'il a simplement oublié. Tu répètes souvent qu'il a beaucoup de choses à gérer, ça pourrait facilement lui être sorti de la tête, tenta-t-il de le rassurer

Le roux aurait aimé croire son père. Il jugeait d'ailleurs ses arguments parfaitement plausibles, mais non. Isogai ne pouvait pas avoir fini plus tard qu'à l'accoutumée, parce qu'il s'efforçait de veiller à ne pas dépasser ses horaires de travail. Il ne pouvait pas non plus avoir omis de prévenir son copain, parce qu'il était incapable de passer outre l'inquiétude qu'il lui engendrerait dans ce cas-ci.

- Non, il n'oublie jamais ça, répondit-il, catégorique. Et sa collègue refuse de le laisser faire des heures sup.

Se doutant que son fils ne parviendrait pas à se tranquilliser tant qu'il ne saurait pas si son petit-ami était en sécurité, Makoto tenta tout de même d'alléger le poids oppressant sa poitrine en passant une main affectueuse entre ses cheveux. Et, même si l'effet fut minime, cela fonctionna. Le soutien que son père lui communiqua en glissant brièvement ses doigts entre ses mèches rousses détendit ses mâchoires serrées. 

- Tu veux que j'essaye d'appeler sa mère ?

Hiroto s'évertua à ne pas se laisser aller à son premier réflexe qui aurait été de répondre oui, et prit un temps pour considérer la question. Déranger Aimi n'était peut-être pas la meilleure solution, pensa-t-il. Elle avait sûrement plus important à faire que de rassurer le partenaire de son fils aîné. Néanmoins, le roux ne pouvait s'enlever de la tête le fait que la dernière fois que son meilleur ami ne lui avait pas écrit, c'était parce qu'il s'était fait agresser. Et, sans preuve pour le contredire, il ne réussirait pas à passer au-dessus de la possibilité que quelque chose d'autre ou de similaire lui soit arrivé.

𝐁𝐄𝐒𝐓 (𝐁𝐎𝐘)𝐅𝐑𝐈𝐄𝐍𝐃𝐒 | ❛ᵐᵃᵉⁱˢᵒ❜Où les histoires vivent. Découvrez maintenant