𝐁𝐄𝐒𝐓 (𝐁𝐎𝐘)𝐅𝐑𝐈𝐄𝐍𝐃𝐒 | ❛ᵐᵃᵉⁱˢᵒ❜

𝟣𝟨.

À la sortie des cours, Hiroto salua ses amis, puis se dirigea vers le centre ville, seul. Le brun n'était pas à ses côtés car retenu au lycée, en compagnie d'Hagiwara et de délégués d'autres classes, afin de travailler sur leur projet commun. N'appréciant pas le fait de devoir rentrer sans son meilleur ami, le plus grand fit le choix de l'attendre. Toutefois, la patience n'était pas son point fort et l'ennui ne tarda à le gagner. Réfléchissant à une manière de passer le temps, une idée finit par lui traverser l'esprit.

Quelques minutes plus tard, il arpentait les rues de la ville à la recherche d'une boulangerie dont il savait les produits délicieux, désirant en offrir à Yuma, mais également à Ayaka, Masaki et leur mère, pour les remercier implicitement du bonheur qu'il éprouvait en vivant parmi eux depuis plusieurs semaines déjà. Alors qu'il ne se trouvait plus qu'à une rue du magasin en question, la vue d'une silhouette quelques mètres devant lui le fit s'arrêter net sur le trottoir. Aussitôt, sa gorge se noua et son cœur s'agita, priant pour s'être trompé en ayant cru reconnaître son grand frère. Mais non, il avait juste, Noguchi était bel et bien là, sortant d'un lieu auquel le roux ne fit aucunement attention.

Voulant à tout prix éviter une confrontation avec lui, craignant trop ce qu'il pourrait en advenir, Maehara s'empressa de tourner les talons et d'essayer de se fondre parmi la petite foule en espérant que son aîné ne l'ait pas remarqué. Il fuyait à pas précipités, avait en tête le seul objectif de rejoindre le lycée. Tandis qu'il se frayait un chemin à travers les passants, malheureusement pour lui peu nombreux, il sursauta et laissa échapper un bruissement de surprise quand une main brutale le poussa à l'intérieur d'une ruelle, sombre et étroite, juste avant qu'il n'ait le temps de la dépasser. La prise de cinq doigts puissants grippés à son épaule le força à avancer de plusieurs mètres, jusqu'à finir le souffle coupé lorsqu'on le débarrassa de son sac et le plaqua contre un mur de briques.

- Tu ne t'arrêtes même pas pour saluer ton grand frère ? Alors que tu ne me vois pas de la semaine ? Décidément, t'es vraiment devenu un gamin insolent, Hiroto, lança-t-il, masquant sa colère derrière un calme glaçant.

- K-katashi-

Ce fut tout ce qu'il parvint à prononcer face à la silhouette le surplombant et dont il n'était séparée que de quelques centimètres. Aussitôt pris par la peur, son corps refusa de lui obéir, ne tenta pas de se dégager de celui le retenant avec force et resta parfaitement immobile.

- T'as encore déçu maman en ayant décidé de rester chez ton petit copain le week-end dernier, t'en as conscience ?

Ces mots énoncés si froidement, arrachèrent un frisson d'effroi au plus jeune. Un second suivit quand Noguchi attrapa d'une main la cravate de son uniforme et l'attira un peu plus à lui d'un mouvement sec. Dans le creux de sa poitrine, le cœur de Maehara s'ébranlait, donnait la désagréable impression de vibrer contre chacun de ses organes internes. L'espace d'un instant, il voulut détourner le regard, peinant lourdement à soutenir celui de son grand frère, marqué par une colère prête à se libérer. Néanmoins, il se ravisa, apeuré à l'idée d'attiser cette irritation, qu'il sentait trembler au bout des doigts le tenant.

- T'agis comme le pire des fils avec elle. Et tu mérites d'être puni pour ça, sauf qu'elle ose rien te faire elle-même, parce qu'elle a peur que ça te mène à fuir encore plus !

Ce simple cri fit monter les larmes aux yeux du roux, qui réussit toutefois à les retenir. Son aîné n'avait pas seulement pour objectif de lui faire peur avec quelques phrases, il le savait. Cela avait toujours été ainsi, soit Katashi se contentait de l'effrayer par le biais de menaces, adressées avec une froideur imbattable et qu'il enracinait jusque dans les tréfonds de son esprit, soit il se laissait aller au premier cri lâché, cessait de contenir toute la violence qu'il cultivait et la déversait sur son jeune frère. À force, Hiroto avait appris à reconnaître ces comportements, à comprendre ce qu'ils annonçaient et, même après des années sans les avoir confrontés, il s'en souvenait à la perfection.