𝐁𝐄𝐒𝐓 (𝐁𝐎𝐘)𝐅𝐑𝐈𝐄𝐍𝐃𝐒 | ❛ᵐᵃᵉⁱˢᵒ❜

𝟤𝟨.

Dans la chambre qu'occupait Makoto, son fils et lui dégustaient des ramens commandés plus tôt dans la soirée. Attablés près de la fenêtre, la lumière du soleil couchant baignait la pièce et éclairait leurs plats, l'un étant bien plus entamé que l'autre. Le plus jeune avait beau essayer d'ingurgiter quelques bouchées, il peinait à le faire sans avoir envie de recracher chaque aliment passant ses lèvres. Sa gorge se nouant un peu plus chaque seconde, il finit par abandonner et repoussa légèrement son bol, sous l'œil de son père. 

- Tu ne manges pas, Hiroto ? lui demanda-t-il, soucieux.

- J'ai...j'ai pas très faim, répondit-il, fixant la surface de la table.

- Ça fait plusieurs jours que tu me dis ça.

- Parce que ça fait plusieurs jours que je n'ai pas très faim ? rétorqua-t-il, incertain.

Makoto laissa échapper un soupir, décelant sans difficulté que son fils lui mentait. Inquiet et décidé à aider le roux, il reposa ses baguettes contre le rebord de son plat.

- Mon garçon, qu'est-ce qu'il se passe ?

- Rien.

- Pourtant c'est toujours quand quelque chose te tracasse que tu manges si peu.

Sur ces mots, Maehara baissa d'autant plus les yeux et, dans une tentative de garder une contenance, s'empara de ses baguettes, puis s'amusa à faire tournoyer les nouilles remplissant son bol. Il savait que cela ne suffirait pas à duper son père, il n'était d'ailleurs pas spécialement d'avis à lui dissimuler sa préoccupation. Seulement, il n'avait aucune idée de comment aborder le sujet monopolisant son esprit.

- Pourquoi ne vois-tu pas Yuma ? Il s'en sort bien généralement pour te changer les idées dans ces cas-là, lui proposa-t-il, espérant l'inciter à utiliser une épaule sur laquelle se reposer.

Dès lors que le nom de son meilleur ami parvint à ses oreilles, tout son corps se raidit et ses doigts se resserrèrent sur ses baguettes qu'il cessa d'agiter.

- Il...il pourra rien faire là, il est concerné.

- Vous vous êtes disputés ?

- ...non, c'est pas ça.

Il aurait pourtant préféré que ce soit cela. Ainsi, l'un n'aurait eu qu'à s'excuser, sincèrement, et l'autre à accepter ses excuses, pour que leur amitié reparte sans souci. Là, il craignait que rien ne puisse continuer comme avant. Embrasser Isogai semblait avoir changé bien trop de choses.

- Ah ? Quel est le problème alors ? Il ne va pas bien ?

- On...peut dire ça, j'imagine.

Oui, le brun n'allait pas bien, c'était l'unique élément dont il était certain. Le regard profondément attristé sur lequel le plus grand l'avait abandonné, restait ancré sur ses rétines. Et depuis, il n'avait rien fait pour balayer ce regard, qui n'avait probablement pas quitté les yeux de Yuma. Pourtant il voulait faire quelque chose, n'importe quoi, qui ferait fondre l'iceberg jeté entre son meilleur ami et lui. Il avait beau être quelqu'un de spontané, qui agissait avant même de prendre réellement le temps de réfléchir, là, il n'y arrivait pas. Il se sentait comme piégé.

Fatigué de ressasser seul à propos de ce baiser échangé, il croisa les bras sur la table et enfouit sa tête entre eux. Un long soupir s'écrasa contre le plateau du meuble, avant qu'il se décide à se confier :

- Quand on est allé se baigner...on s'est embrassés...et j'ai pas su réagir comme il fallait après...on s'est pas reparlés depuis...

Tremblotant contre la surface en bois, Hiroto n'osa pas relever la tête. Surpris par cette confession, Makoto fixa la chevelure de son fils sans rien dire, les yeux écarquillés et la bouche entrouverte.