𝐁𝐄𝐒𝐓 (𝐁𝐎𝐘)𝐅𝐑𝐈𝐄𝐍𝐃𝐒 | ❛ᵐᵃᵉⁱˢᵒ❜

𝟥𝟢.

Dans la petite chambre que partageaient ses frère et sœur, Isogai se pressait  de terminer de les border, leur heure de coucher commençant à être dépassée depuis un moment. Une fois cela fait, il se pencha vers chacun d'eux, réprima un bruissement sous l'effet d'une douleur longeant son dos, puis déposa un baiser sur chacun de leur front en guise de bonne nuit.

- Dormez bien vous deux, leur murmura-t-il, souriant doucement.

Tandis qu'il se redressait et amorçait un pas pour se diriger hors de la chambre, la voix d'Ayaka l'arrêta :

- Yuma ? Tu veux bien nous lire une histoire avant de dormir ?

Le brun se tourna vers elle, adressa ensuite un regard à Masaki, qui semblait avoir tout autant envie de l'écouter leur conter une histoire. Il hésita toutefois. Repousser davantage l'heure à laquelle ils trouveraient le sommeil alors que tous les deux se levaient tôt le lendemain pour l'école, ne lui parut pas très responsable. En plus de cela, lui aussi souhaitait pouvoir s'effondrer sur son lit. Mais ceci restait d'une importance secondaire à ses yeux, contrairement au fait de passer un moment avec ses cadets.

En jetant un œil à la maigre bibliothèque près de la porte, il en vint à se dire que les petits s'endormiraient probablement plus facilement s'ils écoutaient une histoire, plutôt que s'ils attendaient les yeux fermés dans le noir.

- Bon, c'est d'accord.

Ayaka et Masaki émirent un même bruissement de ravissement. L'aîné prit alors le premier livre qu'il jugea à leur goût, puis prit place contre le mur, au-dessous de la fenêtre. Ainsi, il était à égale distance des deux lits et pouvait se faire entendre sans difficulté. L'ouvrage ouvert sur ses genoux, il observa les illustrations et lut les premières lignes dans sa tête, réfléchissant à la manière dont il pourrait tourner l'histoire à sa façon.

- Vous êtes bien installés ? Je peux commencer ? leur demanda-t-il, accordant un regard à chacun d'eux.

- Oui, grand frère ! répondirent-ils, d'un même enthousiasme.

- Alors... cette histoire se passe dans un village viking, à une époque où les humains vivaient dans de banales maisons de bois et de pierre, portaient des vêtements faits avec le cuir des vaches et la laine des moutons. Ce monde n'était peut-être pas muni de nombreuses technologies d'aujourd'hui, mais il possédait quelque chose qui ne foule plus la Terre de nos temps... des dragons !

L'espace d'une quinzaine de minutes, Isogai s'appliqua à jouer au mieux chaque scène qu'il narra à ses frère et sœur. Il avait beau être épuisé, sentir leur attention rivée sur lui, lui redonna un semblant d'énergie. Il était heureux de pouvoir leur offrir un peu de son temps, chose qu'il avait du mal à faire entre les cours, son job au café, les tâches domestiques et Maehara. Parfois, il culpabilisait en réalisant que tous les trois ne partageaient que peu de moments simplement agréables désormais. Plus tard, lorsqu'il pourrait s'autoriser à donner moins de place aux contraintes que lui imposait la vie, il rattraperait ce temps perdu. C'était une promesse faite à lui-même et qu'il refusait de briser.

Quand il remarqua que Masaki et Ayaka s'étaient finalement endormis avant d'avoir pu entendre la fin de son histoire, il referma le livre et le posa au sol, doucement. Ses iris dorées s'attardèrent sur chacun de ses cadets, dormant paisiblement sous leurs draps et tenant une peluche contre leurs poitrines. Attendri, il se résolut à se relever lorsqu'un bâillement échappa à ses lèvres. Pour lui aussi, il était temps de rencontrer le sommeil. Sans un bruit, il quitta la chambre, passa chercher quelques affaires dans la sienne, fit ensuite un tour par la salle de bain, avant de regagner son lit pour de bon.

Affalé dans ses couvertures, il geint faiblement quand une nouvelle douleur se raviva dans son dos, alla ensuite jusqu'à se propager dans ses cervicales et ses hanches. Ses services au café étaient particulièrement nombreux depuis l'été. Plus que cela, il lui semblait qu'ils devenaient de plus en plus intenses. Et son corps le lui faisait savoir. Tous les jours, il avait mal, au point de finir comme paralysé l'espace de quelques secondes presque chaque fois qu'il s'écroulait sur ses draps.