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Plongés sous le silence, Isogai ne cessait de jeter quelques coups d'œil en direction de son ami, s'assurant que ce dernier n'était pas sur le point de s'effondrer sur le trottoir cette fois-ci. Bien que la douleur transparaissait plus ou moins sur son visage habituellement si jovial, il tenait parfaitement debout. Le cœur toujours enserré d'inquiétude, le brun repensait à son comportement qui lui avait paru étrange ce jour-là. S'il s'était retrouvé plus tôt que prévu devant chez lui le matin même, c'était sûrement pour fuir autant que possible son grand frère. S'il s'était montré si loquace, c'était peut-être pour distraire ses pensées de la douleur qui le parcourait. S'il s'était changé hors du vestiaire, c'était certainement pour que personne ne puisse remarquer ses hématomes.

Près de lui et ne prenant pas la peine de dire un mot, Maehara se concentrait à apaiser sa respiration du mieux qu'il le pouvait, ne tenant pas à revivre la même scène qui s'était déroulée durant le cours de sport moins d'une heure plus tôt. Gardant une main serrée contre sa poitrine, il souffla longuement alors que son ami et lui montaient dans le train. Même si ce n'était que pour quelques minutes, il n'avait aucune envie de se retrouver parmi une foule de gens.

S'asseyant sur une place vide aux côtés du plus petit, deux lueurs attristées illuminèrent son regard orangé. Yuma n'habitait plus dans le même quartier que lui depuis près de deux ans maintenant. Pour se rendre chez lui, il fallait utiliser les transports en commun et non plus traverser deux rues comme avant. Prendre conscience de cela le rendait triste d'une certaine manière, c'était un détail, futile peut-être, qui lui rappelait toutefois que les choses n'étaient pas restées intactes entre le brun et lui. Cette distance géographique avait sûrement joué dans leur éloignement, pensa-t-il.

Sur ces pensées peu gaies, Hiroto emboîta le pas à son ami qui descendait du train, puis le suivit jusqu'à l'immeuble où il résidait, à moins d'une dizaine de minutes de la gare. Le roux n'était venu que peu de fois dans l'appartement du plus petit, si bien qu'il n'en avait pas un souvenir précis. Néanmoins, ça ne l'empêcha pas de ressentir cette chaleureuse et apaisante atmosphère qu'il avait toujours connue chez les Isogai, dès qu'il passa le pas de la porte.

- Va te reposer un peu dans le salon, le temps que je trouve quelque chose pour tes bleus, lui indiqua le brun, refermant la porte derrière eux.

Si le plus grand l'observa brièvement déposer leurs deux sacs dans l'entrée, qu'il avait portés tout au long du trajet, il ne se fit pas prier pour se plier à ses conseils. Il se déchaussa et, en tout juste quelques enjambées, se retrouva dans la pièce principale, contenant cuisine, salon et salle à manger. Tandis qu'il s'affalait sur le canapé trônant au milieu de cet espace plutôt étroit et mal rangé, Maehara se sentit déjà un peu mieux. Presque tout autour de lui, lui semblait familier : les meubles abîmés, la maigre décoration, les quelques affaires des membres de la famille éparpillées à droite et à gauche. Ce décor avait quelque chose de rassurant à ses yeux. Il n'eut cependant pas le temps de le contempler bien longtemps puisque Isogai l'appela depuis la salle de bain, lui demandant de le rejoindre.

Le corps tout endolori, le roux s'efforça de quitter les coussins du canapé dont il avait à peine pu profiter, et se dirigea vers le couloir donnant accès aux autres pièces de l'appartement. Seul quelques pas suffirent à le guider jusqu'au brun.

- Tiens, voilà de la pommade, lui dit-il tout en lui tendant le tube en question. Il y a aussi des antidouleurs si tu as besoin, ajouta-t-il, désignant une petite boîte de médicaments posée sur le rebord du lavabo. Je vais prévenir les autres qu'on ne sera pas au lycée cet après-midi pendant que tu t'appliques ça.

- Merci, Yuma, répondit-il, parvenant à sourire maigrement face à l'attention que lui donnait son ami.

Sentant sa poitrine se réchauffer rien qu'un peu, le plus petit lui rendit son sourire et laissa son regard s'attarder un instant sur sa silhouette, rassuré de constater qu'il semblait déjà mieux maintenant qu'il était ici. Téléphone en main, il quitta ensuite la salle de bain et envoya un message à ses amis sur le groupe qu'ils partageaient, leur expliquant sans donner de détails que tous deux seraient absents pour le reste de la journée.

𝐁𝐄𝐒𝐓 (𝐁𝐎𝐘)𝐅𝐑𝐈𝐄𝐍𝐃𝐒 | ❝ᵐᵃᵉⁱˢᵒ❞Où les histoires vivent. Découvrez maintenant