𝐁𝐄𝐒𝐓 (𝐁𝐎𝐘)𝐅𝐑𝐈𝐄𝐍𝐃𝐒 | ❝ᵐᵃᵉⁱˢᵒ❞

𝟣𝟥.

Tremblant des pieds à la tête tandis qu'il traversait précipitamment la pièce, le brun manqua de vaciller lorsqu'il passa non loin d'Hiroto et Kimiko. En quelques instants, il regagna l'extérieur de la maison, espérant y trouver une bouffée d'oxygène qui apaiserait le poids oppressant sa cage thoracique. Mais il ne reçut rien de plus qu'une brise froide qui érafla sa figure, trempée de larmes qu'il n'était pas parvenu à réprimer.

- Isogai ?

Pris de panique à l'entente de son nom, il fut en quelque sorte soulagé de faire face à Akemi, assise sur le perron aux côtés de Tetsuya.

- A-ah vous êtes là..., bégaya-t-il, malhabilement.

Il essaya de feindre un sourire, qui s'effaça dès que la rosâtre se releva et s'avança vers lui, déjà submergée par l'inquiétude. Elle entoura le bras de son ami du sien et, en le sentant trembloter sous l'effet d'un trop-plein d'émotions, l'invita à s'asseoir entre le châtain et elle.

- Tiens, prends un mouchoir, lui conseilla-t-elle, tendant l'objet qu'elle venait de sortir de son petit sac à main.

Incapable de parler, encore moins de fuir, Yuma s'empara du tissu et se résolut à ne pas contenir ses pleurs. De toute manière, même s'il avait essayé, il n'aurait pas réussi à les ravaler. Les sanglots se succédaient si rapidement au creux de sa gorge qu'ils s'y entassaient et lui coupaient le souffle, rendant ainsi son corps d'autant plus douloureux. Il avait mal, horriblement mal. Ses côtes semblaient se resserrer sur ses organes internes, compressant ses poumons et écrasant son cœur. Essuyant son visage comme il le pouvait, il renonça dès lors qu'il comprit que trois nouvelles larmes remplaçaient une seule estompée.

Pressé entre ses deux amis, étrangement, il avait l'impression de respirer un peu mieux. La main de Morimoto caressant son dos avec toute la compassion du monde, l'aidait à évacuer plus aisément les sanglots obstruant sa trachée. Les doigts d'Ishiara, serrant maladroitement son épaule en tentant un geste de soutien, communiquaient à son corps une tiédeur qui atténuait la sensation d'oppression l'accablant. Tous les deux ne disaient rien, jugeaient plus sage de le laisser retrouver assez de souffle avant de l'inviter à parler. Ils se montraient présents pour leur ami, simplement en restant près de lui.

S'étant mis en tête l'idée d'aller s'isoler afin de déverser sa peine à l'abri de tout regard, finalement, Isogai trouva du réconfort auprès d'eux. La douceur de la rosâtre était calmante et les tentatives de consolation du châtain possédaient quelque chose d'attendrissant. Au bout de quelques minutes, sa respiration avait regagné un rythme plus ou moins normal. Les pleurs sillonnaient toujours sa figure, s'étaient toutefois amenuisés. La douleur, même en s'étant amoindrie, restait cependant ancrée dans le fond de sa cage thoracique.

- ...pourquoi est-ce que tu pleures ? osa demander l'apprenti photographe, profitant du semblant de calme qu'il affichait.

Cette simple question ramena à l'esprit du brun la raison ayant engendré un flot de larmes à ses yeux. L'image de ses deux amis, scellant leurs lèvres avec énergie et pressant leurs corps sans timidité, brûla ses rétines et manqua de faire éclater un énième sanglot dans le creux de sa gorge.

- Maehara et Hoshino se sont embrassés, répondit-il, d'une voix faible et brisée.

- Et...c'était si traumatisant que ça à voir ?

Aussitôt, Akemi jeta un regard noir à Tetsuya et passa son bras derrière le dos du délégué pour cogner son épaule, le réprimandant pour cet affreux manque de tact. Le châtain se contenta de détourner les yeux, préférant laisser son amie gérer la situation, puisqu'elle était bien meilleure que lui pour cela.