𝐁𝐄𝐒𝐓 (𝐁𝐎𝐘)𝐅𝐑𝐈𝐄𝐍𝐃𝐒 | ❛ᵐᵃᵉⁱˢᵒ❜

𝟥𝟫.

Après la merveilleuse journée que les deux garçons avaient passé ensemble pour fêter l'anniversaire du brun, leur quotidien avait vite repris son cours. Ces quelques heures de bonheur n'avaient cependant pas suffi à ouvrir la voie à des jours plus heureux, en particulier du côté d'Isogai. Sa mère n'était toujours pas de retour à la maison et cela commençait sérieusement à lui peser sur le moral. À force de devoir jongler entre les cours, son job et sa famille, garder la face lui était de plus en plus difficile. Sous le poids de la fatigue, il peinait à tenir debout et manquait d'énergie pour sourire.

Son état n'allant qu'en se dégradant, n'échappait pas à l'œil soucieux de Maehara. Ce dernier remarquait bien que son copain perdait petit à petit le peu de joie de vivre que son être été parvenu à contenir. Ces dernières semaines, il mettait alors un point d'honneur plus important encore qu'à l'accoutumée à rester auprès de lui. Il l'aidait dans ses tâches dès qu'il le pouvait, essayait chaque jour de lui décrocher quelques sourires, tentait de l'apaiser au moins un peu en lui offrant des instants plus tendres.

Ce soir-là, comme il l'avait déjà fait à plusieurs reprises, il s'était d'ailleurs proposé de passer la soirée chez son petit-ami afin de s'occuper avec lui de ses deux cadets. Yuma avait d'abord hésité, jugeant qu'il ne valait mieux pas trop impliqué le roux dans des problèmes qui n'étaient pas les siens, mais avait fini par accepter, s'efforçant de reconnaître qu'il avait besoin de cette aide. Tout assumer par lui-même devenait trop difficile pour qu'il puisse se permettre de rejeter le soutien qui se présentait à lui.

Au-delà de cela, sentir le roux si bien ancré à ses côtés lui faisait du bien.  Les moments passés en la compagnie l'un de l'autre avaient beau ne pas être particulièrement romantiques, le simple fait d'être ensemble leur apportait quelque chose de bon. Hiroto prenait plaisir à être le rayon de soleil perçant le nuage collant à la peau du plus petit, et ce dernier aimait tout autant pouvoir toucher sa chaleur du bout des doigts dès qu'il le nécessitait.

Toutefois, quand ils regagnèrent l'appartement ce jour-là après être allés récupérer Ayaka et Masaki à l'école, le brun semblait être enfermé dans un brouillard impénétrable. Tout au long du trajet, malgré les tentatives du plus grand pour l'inclure dans la conversation et les sollicitations de ses cadets, il avait à peine décroché quelques mots et n'était pas parvenu à feindre la sincérité dans le peu de sourires qu'il avait esquissé.

Une fois la porte d'entrée refermée derrière eux, ce ne fut pas mieux. Avoir définitivement quitté le froid de l'extérieur et retrouvé la chaleur de son chez lui, n'engendra même pas un seul brin de réconfort à son cœur. Son corps ne sembla d'ailleurs pas remarquer le changement de température tandis qu'il prenait machinalement le chemin de la cuisine, projetant de rejoindre les trois autres qui s'y trouvaient déjà.

Il eut tout juste le temps d'arriver à l'extrémité du couloir, qu'un fracas soudain résonna et lui donna l'impression qu'on lui fendait le crâne. L'espace d'une seconde, il songea à fermer les yeux et se laisser sombrer sous l'effet de ce bruit qui manqua de lui donner le tournis. Mais il se ravisa. Il était bien trop tôt pour qu'il puisse s'autoriser ne serait-ce qu'une seconde de répit. À la place, son regard se pressa de chercher la source de ce raffut, puis se voila de sévérité dès lors qu'il la trouva. En voulant se servir un verre d'eau, son petit frère avait tout simplement fait tomber le récipient qui s'était alors brisé sur le carrelage de la cuisine.

- Masaki... t'aurais pu faire plus attention, souffla-t-il, les mâchoires serrées par l'irritation.

- Pardon, grand frère... j-je vais nettoyer ! 

- Non. Je m'en occupe, objecta-t-il, passant entre sa sœur et son copain qui s'écartèrent naturellement de son chemin.

Isogai était énervé, sûrement plus que de raison. Tous les trois le ressentaient sans mal et détestaient l'atmosphère que cela créait. Trop surpris par ce tempérament inhabituel, le roux n'intervint pas. Masaki ne se risqua pas non plus à faire quoique soit après avoir été ainsi rabroué. En revanche, Ayaka, elle, ne chercha pas à réfléchir et voulut offrir son aide à son grand frère qu'elle espérait adoucir :