𝐁𝐄𝐒𝐓 (𝐁𝐎𝐘)𝐅𝐑𝐈𝐄𝐍𝐃𝐒 | ❛ᵐᵃᵉⁱˢᵒ❜

𝟥.

Alors que la journée venait à peine de démarrer, les deux meilleurs amis entraient dans les vestiaires du gymnase, sport étant leur premier cours de ce jour. Aucun garçon de leur classe ne semblait motivé, il n'y avait qu'à voir leurs têtes de déterrés et la mollesse dans leurs gestes pour le comprendre. L'atmosphère devait probablement être similaire dans le vestiaire des filles, personne n'était opérationnel pour effectuer une quelconque activité physique à une heure si matinale.

Déposant ses affaires près de celles du roux, Isogai n'eut pas le temps de lui adresser un seul mot encourageant, espérant rendre leur fatigue un peu moins lourde, puisque son ami se volatilisa hors de la pièce en une fraction de seconde. Les sourcils froncés et les yeux perdus dans le vide qu'avait occupé Maehara un instant plus tôt, il tenta de faire abstraction du mince nœud d'inquiétude lui serrant la gorge et entama de se mettre en tenue.

Décidément, le comportement de son ami était étrange depuis qu'il l'avait rejoint le matin même, pensa-t-il. D'abord, le plus grand s'était trouvé devant chez lui avant même que Yuma n'arrive. Non seulement il avait été à l'heure mais, plus que cela, il avait été en avance, ce qui ne semblait pourtant pas être dans ses capacités lorsqu'il s'agissait de se rendre au lycée. Ensuite, il s'était montré étonnamment bavard sur le trajet. Hiroto possédait une énergie des plus résistantes, c'était indéniable. Bavasser sans s'arrêter de si bon matin alors que la simple idée d'avoir sport lui donnait l'envie de terminer sa nuit sur le trottoir, n'était cependant pas une attitude que le plus petit avait déjà pu observer chez lui. Et maintenant, voilà qu'il passait la porte des vestiaires, pour la repasser moins d'une minute après dans le sens inverse.

Songeur, Isogai jeta un œil par dessus son épaule et tenta de croiser le regard d'Ishihara, puis de Karma, comme s'il espérait que l'un d'eux soulèverait le comportement inhabituel de leur ami, mais rien. Tout ce qu'il vit fut le châtain mettre tous les efforts du monde à se retenir d'envoyer paître Akabane, préférant préserver le peu d'énergie qu'il trouvait pour le cours qui suivrait, tandis que le rouge, un sourire railleur collé aux lèvres, se réjouissait de l'embêter à propos d'il ne savait quoi.

Dans un soupir, les yeux du brun refirent donc face au mur terne et insignifiant devant lui, avant de dévier légèrement. Si la place d'Hiroto restait inoccupée à sa droite, une silhouette, plus grande encore que celle du roux et qu'il connaissait parfaitement, se dressait désormais à sa gauche.

Sadao, son ami et autre délégué de leur classe, était à ses côtés en train d'enfiler un simple t-shirt de sport, dissimulant son corps clair et finement musclé à la vue de Yuma. Passant une main agile dans sa chevelure blonde, essayant désespérément de discipliner les quelques mèches désordonnées retombant sur son front et devant ses oreilles, il fallut quelques instants à son regard vert pomme pour remarquer celui du brun, le dévisageant avec bien peu de réserve. Aussitôt, son visage inexpressif s'orna d'un sourire, calme et discret, adoucissant son air habituellement plutôt sévère.

- Isogai, désolé, il n'y avait pas d'autre place dans les vestiaires.

Les joues tout juste rougies alors qu'il venait de se faire surprendre à le reluquer, le plus petit balaya la pièce d'un œil maladroit et remarqua que les affaires des autres garçons s'étalaient en effet sur toute la surface des bancs.

- Ce n'est rien, Hagiwara. Tu as bien le droit de te mettre où tu veux, le rassura-t-il.

- Oui, bien sûr. C'est simplement que, depuis que tu as voulu qu'on prenne nos distances, je ne sais plus vraiment quand est-ce que ma présence est de trop ou non pour toi, expliqua-t-il, perdant son sourire au profit d'une mine plus neutre.

- Ta présence ne m'est pas dérangeante. Je t'ai demandé à ce que l'on soit moins proches, mais tu n'en restes pas moins mon ami.

Le blond fixa un instant les doigts pressés sur son épaule, appuyant ainsi la sincérité des mots qui venaient de lui être adressés malgré l'hésitation teintant ce geste. En partie rassuré, mais sachant que ce n'était ni l'endroit ni le moment pour s'attarder sur cette conversation, Sadao se contenta de répondre au brun par un autre sourire, similaire au précédent, puis partit rejoindre l'intérieur du gymnase.