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De retour chez lui depuis quelques heures, Maehara n'avait presque pas cessé de tourner en rond entre les murs de sa chambre. Il ruminait à propos de la façon dont il dénoncerait Katashi auprès de son père, pensait être parvenu à une solution plutôt satisfaisante, mais ne trouvait pas le courage de la mettre en place. Makoto l'écouterait et le soutiendrait à tout prix, il le savait parfaitement. Toutefois, ce n'était pas suffisant pour qu'il réussisse à se détacher de cette peur d'agir. Révéler les horreurs commises par son frère sur lui, signifiait qu'il n'aurait plus d'autres choix que de les confronter. Et cela le terrifiait. Toutes ces meurtrissures incrustées dans sa peau lui faisaient déjà subir assez de mal, pensait-il.

Plongé dans ses réflexions plus anxiogènes les unes que les autres, il sursauta lorsque la voix de son père résonna en bas de l'escalier et lui indiqua de venir l'aider à préparer la table. Après avoir répondu qu'il arrivait, le roux prit un instant pour calmer son cœur effréné, rejoignit ensuite le rez-de-chaussée d'un pas réticent. Alors qu'il entamait de disposer six assiettes sur la grande table à manger, le regard de son père suivait sa silhouette, interpelé par ses mouvements manquant d'énergie ainsi que par les traits tirés de son visage.

- Tu as l'air fatigué mon garçon, s'inquiéta-t-il.

- Un peu...ma dernière nuit a été courte, expliqua-t-il, souriant maladroitement.

- J'imagine que Yuma et toi rattrapez le temps perdu, rétorqua-t-il, tapotant l'épaule de son fils.

Sur le point de répondre tandis qu'il terminait sa tâche, Hiroto n'en eut pas l'occasion puisqu'une autre voix s'éleva à la place depuis la cuisine :

- Oui, bien sûr que c'est ce qu'il fait. Rater ses deux dernières années ne lui a pas suffi, il en faut une troisième pour couronner le tout, lança sa mère, méprisante.

- Hisa, laisse-le, il fait des efforts.

- Des efforts ? Comment veux-tu que je puisse les remarquer alors qu'il a décidé de déserter la maison ?

Aux côtés de Makoto, le roux le vit serrer les doigts sur le dossier d'une chaise contre laquelle il s'appuyait, se retenant de perdre son calme. Le plus petit, lui, ne bougea pas. Planté près de son père, il avait l'impression que les méchancetés de sa mère l'atteindraient plus difficilement.

- Peut-être que notre fils a de bonnes raisons d'avoir fait ce choix, comme je te l'ai répété plusieurs fois, répliqua-t-il, ferme, mais serein.

- Il est parti parce qu'il est incapable d'accepter la présence de Katashi, sa famille ! Ce n'est pas ce que j'appelle de bonnes raisons.

- Tu ne peux pas le blâmer pour ça après ce qu'il s'est passé quand ils étaient enfants, tenta-t-il de la raisonner, sans grand espoir.

- Katashi était simplement un enfant colérique et jaloux ! Tu le sais très bien, les médecins l'ont dit eux-mêmes ! Il a grandi depuis, contrairement à ton fils qui a toujours détesté son grand frère et qui continue pour aucune raison ! s'énerva-t-elle.

Maehara manqua de sursauter en entendant sa mère crier au milieu de la pièce. Son cœur frappa ses côtes, apeuré par ce début de dispute et irrité par le fait qu'Hisa défendait son premier enfant sans aucun scrupule. Éprouvant le besoin de se sentir rien qu'un peu plus en sûreté, il se rapprocha d'un pas de Makoto, qui était prêt à répliquer. Noguchi se montra cependant plus rapide. Assis dans le canapé auprès de ses deux demi-sœurs, il s'était levé dès le premier haussement de ton.

- Maman, laisse tomber, Hiroto peut bien m'en vouloir, ce n'est pas grave, lui adressa-t-il, désormais près d'elle.

L'aîné faisait mine d'essayer de calmer leur mère. Mais le roux savait que ce n'était en rien le cas. Il devinait qu'il jubilait intérieurement d'entendre son petit frère être ainsi accusé, et essayait seulement de se faire passer pour le bon en revêtant une attitude qu'on qualifierait de mature. Cela avait souvent été ainsi.

𝐁𝐄𝐒𝐓 (𝐁𝐎𝐘)𝐅𝐑𝐈𝐄𝐍𝐃𝐒 | ❛ᵐᵃᵉⁱˢᵒ❜Où les histoires vivent. Découvrez maintenant