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– Alors ?

Assis sur ma chaise de cours, les coudes sur la table et ma tête dans la paume de ma main, je tourne légèrement la tête en direction d'Hitoshi pour accrocher mes prunelles aux siennes. Je n'ai pas besoin de lui demander de quoi il parle pour répondre à sa question soudaine.

– Je suis à mon troisième jour sans rien faire.

Un sourire à peine perceptible se dessine sur les lèvres d'Hitoshi alors que celui-ci acquiesce discrètement.

– Est-ce que ça va ?

Sa question me prend de court. Je reste quelques secondes à l'observer sans rien dire, réfléchissant à sa question. Est-ce que je vais bien ? Je ne sais pas vraiment, à vrai dire. Je ressens encore quelques démangeaisons au niveau de mes avant-bras, mais je me force à ne pas me gratter par-dessus mon pull pour ne pas prendre le risque d'effacer mes papillons. Ce serait vraiment bête de les effacer en me grattant alors que je fais des efforts surhumains pour les maintenir en vie sans briser leurs jolies ailes de ma lame. Je ressens une certaine frustration bien enfouit à cause du manque de mes entailles, mais la présence de Katsuki à mes côtés me fait oublier ce désagréable ressentit.

Lorsque je suis en cours ou encore dans l'enceinte du lycée aux côtés d'Hitoshi, Shoto et les autres, mes pensées se dirigent parfois vers ma lame et mes moments passés dans ma salle de bain, mais leurs discussions me fait vite revenir au moment présent. Ce qui fait qu'au final, je n'ai pas vraiment le temps de penser à la satisfaction de voir mon sang couler. Même lorsque je m'ennuie en cours sans prendre la peine d'écouter le professeur, mes pensées sont toutes dirigées vers Katsuki. Je ne pense qu'à lui, désormais. Et je dois avouer ne pas savoir si être addict à Katsuki est mieux qu'être addict à ma lame. Parce que vue l'instabilité de notre relation, la finalité pourrait être bien plus brutale que ce à quoi je m'exposais en m'ouvrant les bras chaque soir.

Perdu dans mes pensées, je reviens à moi lorsque je sens la main d'Hitoshi se poser sur ma cuisse. Mon regard, qui s'était perdu sur le bureau, se relève à nouveau sur lui. Ses sourcils sont froncés et il me semble apercevoir une lueur inquiète à travers ses prunelles. Je me racle discrètement la gorge et lui fais un sourire discret avant de répondre pour le rassurer. 

– Oui. Je crois que ça va.
– Tu crois ?
– Je... Je baisse le regard sur la table, cherchant mes mots. Je ne sais pas vraiment si ça va, mais ce que je sais, c'est que je ne me sens pas mal. Dis-je en ancrant à nouveau mes iris dans les siens.
– Ok. Dit-il en hochant la tête de bas en haut. Je suppose que c'est bon signe, alors.
– Je ne sais pas. Sûrement. Je hausse les épaules, incertain.

Hitoshi me sourit et reporte son attention sur le tableau. Sa main fait une légère pression sur ma cuisse avant qu'il ne la repose sur le bureau, récupérant par la même occasion son stylo qu'il fait tourner entre ses doigts d'un air ennuyé. Je l'observe quelques secondes et souris lorsque je réalise que nous parlons de nouveau comme avant. Savoir qu'il est fier de moi et qu'il s'inquiète pour moi me réchauffe le coeur. Je ne le mérite probablement pas. Parce que je suis persuadé qu'il prend un risque en parlant de nouveau avec moi. En me laissant une chance. Je sais très bien qu'il prend le risque de me perdre si jamais je fais une bêtise. Et savoir qu'il prend le risque d'avoir le coeur brisé à cause de moi me fait me sentir bien et mal à la fois. C'est un sentiment étrange. Mais je préfère voir le positif plutôt que penser à l'idée qu'il puisse m'abandonner à nouveau.

Lorsque la sonnerie retentit pour annoncer l'heure de pause, je range mes affaires dans mon sac et attends qu'Hitoshi soit prêt à son tour avant de sortir de la salle de classe. Une fois que nous sommes tous à l'extérieur, assis sur le trottoir face au grand portail du lycée, je regarde tous les élèves présents autour de nous dans le but de trouver Katsuki. Je ne mets pas longtemps à l'apercevoir. Je ne peux empêcher mon coeur de s'emballer lorsque mes yeux se posent sur lui. Comme d'habitude, il est magnifique. Sa cigarette entre les lèvres, il écoute Eijiro qui comme à chaque fois, fais de grands gestes avec ses bras.

Savoir qu'Eijiro a toute l'attention de Katsuki sur lui me fait ressentir un léger pincement au coeur. Alors que mes amis discutent entre eux, je récupère mon portable de ma poche et ouvre ma conversation avec Katsuki. Je ne peux pas m'empêcher de vouloir lui parler. D'avoir son attention.

✉ Izuku – 10:34
Tu fais quoi cet après-midi ?

Je verrouille mon portable et relève mon regard sur lui, observant ses moindres faits et gestes. Katsuki tire à nouveau une taffe sur sa cigarette et tourne légèrement sa tête pour recracher la fumer dans un petit nuage. Lorsqu'il place à nouveau son morceau de nicotine entre ses lèvres, il récupère son portable dans sa poche et laisse ses prunelles parcourir son cellulaire. Un petit sourire s'imprègne sur mes lèvres lorsque je le vois agiter ses doigts sur l'écran. Je sais qu'il est en train de me répondre. Et savoir qu'il a pris le temps de me répondre alors qu'Eijro était visiblement en train de leur parler me donne l'impression d'être important. 

Dirty ButterflyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant